Lithium augmentation dans les dépressions résistantes
18/09/2010
Auteur : Dr Hantouche
Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Traitements
Une étude récente (réf) a examiné de manière rétrospective des variables cliniques chez 79 patients présentant une dépression résistante qui ont reçu du lithium en plus de leur traitement AD. L’efficacité a été jugée à 4 et 8 semaines â l’aide du la CGI-amélioration (scores 1 ou 2)
La stratégie "lithium augmentation" a été efficace chez 41% des 79 patients inclus dans l’étude (14 ont quitté prématurément l’étude, 32 sont répondeurs, et 33 non-répondeurs). Cette stratégie a été la plus efficace chez les patients qui ont un diagnostic final de bipolarité (p= 0,03). Les patients avec plus de 3 épisodes dépressifs majeurs ont montré une meilleure réponse au lithium (p = 0,004). La fréquence de troubles BP / dépressifs était plus élevée chez les répondeurs au lithium (34%) par rapport aux non répondeurs (7%, p = 0,01), ce qui est consistant avec la notion de réponse positive au lithium et la nature bipolaire de la dépression résistante (répondeurs = 27% vs. Non répondeurs = 3%, p= 0,03).
Rappelons que cette étude est rétrospective.
Conclusion
Le diagnostic de bipolarité, la fréquence élevée des épisodes dépressifs et l’histoire familiale de troubles dépressifs / bipolaires sont des facteurs prédictifs de réponse à la stratégie "lithium augmentation". Parmi ces facteurs, l’histoire familiale s’avère être le facteur le plus fiable chez les dépressifs unipolaires et bipolaires.
Référence
Hiroko Sugawara et al
JAD September 2010, pages 165-168
Commentaire du CTAH (Dr Hantouche)
Les thymorégulateurs (TR), en particulier le lithium, sont utilisés dans les stratégies de potentialisation des AD dans la dépression résistante. Toutefois, les études ne tiennent pas compte du spectre bipolaire (hypomanie, cyclothymie et hyperthymie) ; ce qui est, à mon avis, un handicap majeur pour évaluer les facteurs prédictifs d’efficacité de cette stratégie.
Dans l’étude française EPIDEP avec un échantillon total de 452 dépressifs majeurs, 256 ont été classés comme étant des unipolaires après élimination des bipolaire II, des BP-III (cas avec hypomanie associée â des antidépresseurs) et des cyclothymiques.
Dans le groupe Unipolaire stricte (UP), 59 (23,3%) avaient reçu au moins un thymorégulateur (lithium, valpromide et la carbamazépine) dans le passé; dans cette population, 18 ont été considérés rétrospectivement comme répondeurs (30%).
Les UP ayant reçu des thymorégulateurs se distinguaient par des niveaux plus élevés sur les questionnaires d’hypomanie et de cyclothymie.
Le retard à lʼinstallation de TR était significativement plus longue chez les non répondeurs au TR.
Cependant, aucune différence significative nʼa été obtenue à partir de lʼévaluation de l’hypomanie et des évaluations des tempéraments affectifs (cyclothymique, hyperthymique, dépressif).
Le profil du répondeur peut être dessiné comme suit : âge plus jeune, intervalles libres entre les épisodes, nombre moins important d’hospitalisations, nature "agitée" des épisodes dépressifs.
Les cliniciens ont utilisé des indices subtils de bipolarité pour justifier le recours à un TR chez des patients apparemment unipolaires. Toutefois, ces facteurs ne sont pas en mesure de prédire la réponse â une telle augmentation.
Nos données suggèrent que les dépressifs résistants ne doivent pas rester longtemps avec des AD seuls ; le recours aux TR doit être institué sans trop tarder.
Référence
J Affect Disord. 2005 fév; 84 :243-9.
Début de traitement avec le lithium : évolution émotionnelle et physique
