10 : L’art d’être la seule personne â me comprendre
31/12/2007
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
Jeudi 24 février 2005
10h00 :
Finies les pensées qui défilent. Un peu de manie côté mutilations et tout plaquer mais c’est du domaine du raisonnable. C’est la dépression qui l’emporte. Moral â zéro, aucune énergie, etc? J’ai même pas la force d’écrire en fait.
J’aimerais tant rester sous la couette et dormir â temps plein. Déjâ quatre mois passés dans cette entreprise et aucune possibilité de prendre des vacances. Fait chier. Ca me gave royalement. J’ai bien envie d’aller voir un médecin peu scrupuleux et me faire arrêter, ce serait â moitié légitime tout de même. Le must serait d’aller â la clinique pour me requinquer un peu, c’est tout juste si j’arrive â me lever pour bosser, de plus l’un des signes significatifs chez moi c’est la difficulté â me laver, d’ailleurs je ne prends une douche qu’un jour sur deux ou sur trois. C’est pas bien du tout, je sais bien, mais dans certains états, on n’arrive vraiment pas â faire plus. Je devrais certainement réajuster les dosages du lithium et de l’effexor pour remonter la pente mais j’ai pas envie. Je connais la souffrance de la dépression depuis tellement d’années que j’ai fini par l’apprivoiser quand elle est encore supportable ou l’engloutir sous des calmants. De toute façon je suis prostrée, figée, les meilleures blagues ne me font plus sourire, je suis insensible â la musique, â tout. Décidément, ce mois ci, j’ai fait une superbe courbe de haut en bas, impressionnante. Quand je pense â tous ceux qui sont malades du neurone ou du reste du corps, je me demande comment font-ils pour vivre avec. J’ai l’impression d’être parmi cette minorité qui ne se bat pas contre un processus. Je crois que ce week-end, je ne vais pas rentrer â la maison, je vais me saouler pour oublier que je suis un déchet, dormir où je peux, et je ne connais pas la suite ou alors tout bonnement demeurer dans ce sentiment de vide, je me sens totalement vide de vide, le néant. Je pourrais recevoir n’importe quelle nouvelle, bonne ou mauvaise, cela ne me ferait ni chaud ni froid, absolument rien de rien. J’essaye de faire un effort pour écrire, pour coucher des mots intelligents mais plouf, ça ne vient pas. Peut-être que si je me brûlais ou me coupais, ça m’aiderait â me réveiller ? Je ne pense pas, au contraire je ne sentirais pratiquement pas la douleur. Alors, comment se réveiller ? Se booster avec de l’Effexor ?
Mouais, bof. Putain de bordel de merde ! J’arrive pas â écrire quelque chose d’intéressant, c’est pitoyable !
Pourtant il y a tant de choses, des milliards et des milliards, â dire sur tout et n’importe quoi ! C’est tout de même dingue de ne penser strictement â rien, mis â part se fustiger sur place ! Je sais que c’est un symptôme Borderline, c’est frustrant car on voit le gen (=les gens, mais j’adore cette formule) s’activer autour de soi et on se voit figée sur place, nonobstant on est tellement pris dans les sables mouvants qu’on se laisse aspirer sans se débattre, hors comme il y a quasi absence de sentiments, on ne culpabilise pas outre mesure de se laisser aller. Ce sont les joies de l’état limite ! Olé ! Prosper youpla boom ! c’est le roi du pain d’épice ! Prout prout prout que je t’aime, viens ici mon petit ami, j’ai un secret â te dire dans l’oreille, que je t’aime, que je t’aime â la folie, youpi ! Goldorak gooooooooooo !
La vache ! J’en suis réduite â remplir la page avec des inanités, comme d’habitude en fait. Bon alors je vais vous parler des dix états selon bouddha. Avant tout il faut bien visualiser qu’ils sont tous contenus les uns dans les autres et qu’en aucun cas, être dans l’un signifie que les autres sont absents? Pfff, j’en ai tellement appris sur le bouddhisme que je ne sais plus trop par quoi commencer et â vrai dire, il m’est beaucoup plus facile de l’expliquer â l’oral, ne serait-ce que par le fait de l’interaction avec les autres avec qui on trace les lignes conductrices, des pistes. Sans interaction avec les autres il est impossible d’être son propre guide, même en dévorant des livres, il est foncièrement vital pour la pensée d’être mise â l’épreuve par les autres, sans quoi cela revient â vivre sans boire ni manger ni dormir. Le gen a tendance â faire son possible pour éviter tout conflit, confrontation d’opinions car il se sent visé personnellement dans son ? ego ? ce qui a pour conséquence directe de limiter le nombre possible de ponts â jeter vers d’autres. Plus les gens restreignent le cercle de leurs liens, plus ils s’exposent â s’endormir sur leurs conceptions, convictions, idées? Au contraire, le gen qui ne craint pas la Ré-Action pour ce qu’il sait différencier la personnalité de la discussion, même houleuse, met bien des chances de son côtés afin de s’enrichir. La preuve en est que l’on peut constater, en divers domaines et époques, que les personnes qui marquent, â petite ou grande échelle, sont celles qui ont créé nombre de ponts avec leur environnement quelque soit le moyen.
Enfin, comprenne qui pourra parce que lâ encore j’ai fait très fort comme â chaque fois que j’essaye de mettre sur papier mes convictions. C’est d’un confus ? On m’a souvent dit que j’avais l’immense art d’être la seule â me comprendre â l’écrit, ce qui n’est faux. Malgré des efforts sincères, je n’arrive toujours pas â être claire et c’est pire sur Internet car je dois dire les choses â plusieurs reprises avant que les autres ne percutent. C’est dommage de ne pas savoir s’exprimer alors que c’est plutôt bien rangé dans ma caboche ; et encore, ici je me limite, sinon, avec ma tendance â faire des trucs tordus pour de rire, ce serait la misère.
En conséquence de quoi, il apparaît clairement, que, je dois persévérer, peu importe mon état. Vaste programme et trop ambitieux pour moi, ça me donne envie de roupiller de suite.