07 : 2009, une bonne année
16/10/2010
Témoignages > Bipolarité > Ma dépression
J?ai choisi de le faire maintenant car je pense avoir désormais le recul et l?appréhension nécessaires pour tirer certaines conclusions de tout cela et me permettre de mieux vivre dès aujourd?hui ; je le fais aussi en ce moment car depuis une semaine, je ne me sens pas très bien, â savoir je souffre de certains symptômes parmi les plus récurrents de tous ceux que j?ai connus, de façon bien moins intense fort heureusement. Ce qui m?est arrivé tout au long de l?année, â de nombreuses reprises, mais jamais de façon réellement handicapante et surtout sur des durées très courtes. C?est pour moi des signaux qui me prouvent que je ne suis toujours pas complètement guéri et que je dois rester attentif â mon état mais aussi prudent au traitement que je poursuis toujours actuellement (pour ne pas commettre l?erreur de l?an passé et risquer une autre rechute). J?ai donc décidé de profiter de ce moment où je dispose de ressentis ? â chaud ? pour tenter de décrypter ce qui peut bien me passer par la tête dans des moments où je me sens vraiment mal. Avant cela, je vais tout de même résumer cette année 2009, durant laquelle j?ai connu comme tous les ans des hauts et des bas.
Elle a très bien commencé, cette année 2009.
J?allais mieux de jour en jour et reprenais une vie tout â fait normale depuis Noël. Mon entretien tant attendu avec le Dr. H. â Paris (CTAH) m?a énormément aidé â retrouver confiance en moi. Il n?était absolument pas étonné des épreuves que j?avais traversé jusqu?alors et de la rechute que j?avais connue il y a quelques mois. Il a très bien analysé quel était mon caractère et ma personnalité, et j?ai senti par ses questions qu?il savait mettre le doigt lâ où il fallait pour me faire comprendre certaines choses, qu?il avait déjâ eu affaire â des dizaines d?autres patients tels que moi auparavant, et que je pouvais m?en sortir avec des soins adaptés et en restant très prudent pendant encore plusieurs années. Il m?a également déculpabilisé encore un peu plus vis-â-vis de la maladie en m?expliquant que le facteur génétique y était sûrement pour beaucoup dans ma dépression. Je suis ainsi ressorti de son cabinet extrêmement soulagé, peut-être plus que jamais depuis que j?étais tombé malade.
Je n?étais absolument pas motivé par mes cours de fac, d?une part parce que je ne m?y plaisait pas, mais aussi parce que je souhaitait retourner â CPE Lyon, ou du moins intégrer un I.U.T. Malgré les options que j?avais choisies et qui auraient pu m?aider dans mes études futures, quelles qu?elles soient, j?avais la tête â tout sauf â bosser, ce qui n?était pas arrangé par le fait qu?une grande partie de mes amis se retrouvait petit â petit â abandonner ses études de première année dans le supérieur, soit par manque de motivation, soit par désir de faire autre chose.
Mais mis â part ce moment de flottement dans mes études, je reprenais de plus en plus confiance en moi et en l?avenir. J?ai repris contact avec Sabine, une fille que j?avais rencontré en passant mon code il y a un an, et avec qui je n?avais jamais été aussi proche. Nous avons commencé â sortir ensemble â la fin du mois de janvier et je suis très vite tombé amoureux d?elle, bien plus vite que de n?importe quelle fille auparavant. Tout semblait parfait jusqu?au milieu du mois de mars où, juste après avoir obtenu mon permis de conduire (la seule bonne nouvelle du printemps), tout s?est arrêté d?un seul coup. Elle a rompu, pas de la plus honnête des manières et surtout sans me donner aucune explication. J?en ai énormément souffert, peut-être comme jamais avant. Cela m?a fait l?effet d?un électrochoc, et une fois sorti d?affaire, je décidai de tout faire pour ne plus retomber amoureux avant longtemps de qui que ce soit et de juste profiter de ma jeunesse sans me prendre la tête (en tout cas avec les filles).
Comme un malheur n?arrive jamais seul, c?est dans la même semaine que celle de ma rupture que j?ai dû me résoudre â abandonner tout espoir de retourner â CPE après un coup de fil passé au directeur qui m?a fait comprendre qu?il ne souhaitait pas me revoir. Ce qui a fortement contribué â me saper le moral. Dans ces moments les plus difficiles de l?année, qui cependant n?avaient rien de comparable â ceux traversés durant ma dépression, mes parents ont souhaité consulter avec moi le Dr B., ayant l?impression que le traitement ne faisait pas assez d?effet. Ce qui était peut-être vrai, je ne saurais le dire. Nous avons â ce moment décidé de changer le traitement en remplaçant le médicament générique par le vrai appelé Prozac?.
Ce qu?il ressort en tout cas de cette période, c?est que j?ai alors complètement arrêté d?aller â la fac, et que j?ai dès lors entrepris de me trouver un job pour ne pas rester oisif et aussi me permettre de partir en vacances l?été sans mes parents. Tout ne s?est pas non plus passé comme prévu et je suis finalement parti avec eux dans le Sud-Ouest, dans la région où ma grand-mère venait d?emménager.
Lâ-bas, je suis sorti avec une fille, Ingrid, qui habitait dans le Val d?Oise et avec qui je suis resté jusqu?au mois de Novembre. Nous n?étions pas amoureux l?un de l?autre et notre relation est restée assez superficielle, dans le sens où nous ne nous voyions que le week-end pour coucher ensemble et partager certaines sorties. Mais nous nous entendions très bien et cette relation sans prise de tête me convenait parfaitement. Je ne voulais pas m?engager et elle l?était déjâ de son côté, et nous tirions tous les deux de cette relation ce qu?il nous manquait, â savoir de bons moments sans aucun engagement. Et je crois que je ne garde pas meilleurs souvenirs que ceux passés en sa compagnie, ce qui me conforte dans l?idée que sortir avec des filles juste pour m?amuser est peut être quelque chose de bénéfique pour moi pour l?instant et que je n?ai pas besoin de chercher plus que cela pour être heureux.
A la fin des vacances d?été, j?ai revu le Dr H. qui m?a conseillé de continuer le traitement jusqu?â ce que les symptômes de la dépression disparaissent complètement, et que par la suite je déciderais â quel moment je désire diminuer puis enfin arrêter le traitement. Le seul impératif que j?ai est de ne pas garder le Prozac comme traitement préventif après être totalement guéri; une fois que je me sentirais prêt, je devrais m?en détacher petit â petit. Pour en revenir aux études, j?ai réussi â intégrer l?I.U.T. de chimie d?Orsay, mon deuxième choix lors de ma sortie de terminale.
Finalement, j?avais obtenu mon droit â une seconde chance pour réaliser mes ambitions et peut-être devenir ingénieur chimiste. Je l?ai appris au mois de juin et cela m?a aidé â passer de biens meilleures vacances, â relativiser ma déception vis-â-vis de CPE et ainsi reprendre sérieusement mes études de façon sereine. Je pense d?ailleurs aujourd?hui que ce cursus me convient bien plus qu?une prépa pendant laquelle j?aurais été très stressé deux années durant et contraint de mettre ma vie sociale et mes loisirs entre parenthèses. Ces études me plaisent et je suis heureux d?avoir trouvé ma voie, contrairement â beaucoup de jeunes de mon âge.
Pour la première fois depuis 2 ans, j?ai traversé l?automne sans aucun problème de santé, ce qui signifie par lâ-même que depuis que je suis tombé malade durant l?été 2007, c?est la première fois que je me porte aussi bien sur une durée aussi longue. Enfin, je rajouterais pour clôturer ce récit que j?ai enfin terminé mon carnet de voyage sur la côte Ouest des USA, et que je me trouve bien soulagé de constater aujourd?hui en le parcourant que, bien que ma dépression se soit déclenchée durant cette période, il m?en reste malgré tout de très bons souvenirs!