01 : Le combat de Sylvie contre son TOC
31/12/2007
Témoignages > Comorbidité > Mon combat contre les TOC
Les TOCS sont des obsessions (exemple : horreur de la saleté) qui se traduisent par des compulsions (exemple : nettoyages interminables) pour éliminer une peur. La personne est totalement consciente que ce quelle fait est inutile et épuisant mais elle ne peut sempêcher dagir ainsi sous peine dune terrible crise dangoisse.
Au fil des chapitres qui suivent vous allez constater comment cette maladie a grignoté mon univers et le combat incessant que je mène pour continuer â vivre malgré tout. Jai écrit ce livre pour que les 15 ans de ma vie que jai perdus servent â quelque chose. Notamment â faire connaître cette terrible maladie pour aider ses victimes, leur apporter du réconfort â elles et leur famille en leur prouvant que lon peut un jour retrouver une vie pratiquement normale â condition davoir de la volonté, de prendre des médicaments et de faire une thérapie comportementale.
Ce témoignage est donc dédié â tous ceux qui comme moi ont été contraints de quitter leur travail, leurs amis et quelquefois même leur propre famille â cause des troubles obsessionnels et compulsifs (TOC) sans pouvoir expliquer leur mal se sachant condamnés â lavance.
Il est également destiné â lentourage désorienté de ces personnes qui sont prêts dun million en France et toutes aussi nombreuses dans dautres pays comme les Etats-Unis, lAllemagne, la Belgique, lAngleterre, lEspagne etc.
Cela peut arriver â nimporte qui ainsi quaux enfants. Si le diagnostic a lieu rapidement (ce qui na malheureusement pas été mon cas) la lutte nen sera que moins difficile. Un important travail en matière dInformation est réalisé par lAFTOC (Association française des personnes souffrant de troubles obsessionnels et compulsifs) en collaboration avec les médias (télévision, radio, presse)
Jai trente sept ans. Aussi loin que je men souvienne jai toujours été de nature timide (sans pour cela être effacée) et très sensible. Jétais aussi très ordonnée, perfectionniste. Ma chambre dadolescente était parfaitement rangée. Je faisais tout le ménage car ma mère travaillait â cette époque. Je ne souffrais pas. Ca me plaisait dêtre ? la maîtresse de maison ?. A lécole jétais toujours ?la première de la classe?. Mes parents sont issus dun milieu ouvrier. Ils aiment tous les deux que les choses soient bien rangées et entretenues. Ma mère est de nature ouverte. Mon père cest plutôt linverse. Jai un frère de cinq ans mon aîné. Nous sommes tous des anxieux et de grands nerveux. Ma mère tenait absolument â ce que nous ayons une bonne situation professionnelle pour ne pas être obligés daller travailler dans les champs, comme elle, ou â la chaîne comme mon père. Elle souhaitait surtout que je sois indépendante financièrement pour ne pas rater ma vie sentimentale?Son voeu a été exaucé pour mon frère. En ce qui me concerne le sort a voulu que je rencontre plus dépreuves en ayant moins été préparée peut-être pour les affronter : je navais pas dauto défense. Je ne savais pas non plus ce quétait la méchanceté. Lavenir sest chargé de me le démontrer.
Pour comprendre pourquoi je souffre de TOC je dois après vous avoir décrit ma personnalité et celles de ma famille vous relater une grande partie de ma vie qui contient des évènements déclenchants. Ces deux choses sont en effet étroitement liées dans lapparition des TOC et dans leur traitement.
Maman :
? Quand elle était bébé je pense que Sylvie était anorexique : elle ne buvait que les 3 /4 de son biberon et souvent elle le vomissait. Jusque lâge de cinq ans elle refusait de manger. Il faut signaler quâ trois mois puis â six et enfin â deux ans elle a fait une toxicose. Ce virus correspond â la gastrite du nourrisson de nos jours et se soigne bien. Par contre, il y a quarante ans, elle a été souvent mortelle chez les tout petits.
A deux ans donc elle a été hospitalisée avec presque 41° de fièvre doù un début dencéphalite. Quand nous sommes arrivés linterne de garde la tout de suite dévêtue et mis des blocs de glace tout autour delle dans son petit lit.
Il ma dit de partir mais ce qui ma fait le plus mal cest de voir que ses mains et ses pieds étaient attachés aux barreaux du lit. Cela la traumatisée car quand elle est sortie elle ne voulait plus aller se coucher : elle a dormi des mois et des mois â genoux. Jusque lâge de six ans elle faisait des cauchemars et rien ne la calmait. Il a longtemps fallu laisser la lumière allumée dans sa chambre? ?.
A seize ans jétais une adolescente sérieuse programmée pour faire des études par sa mère. Je ne lui reproche pas car je suis fière de mes diplômes et cest une chose que lon na pas pu menlever au moins !
Mes copines étaient toutes dévergondées et je donnais la même impression mais cétait un leurre. Jétais dune grande maladresse et dune grande timidité avec les garçons. Jai ainsi raté de belles histoires damour doù une grande frustration aujourdhui car je nai que très peu de souvenirs de jeunesse.
Voir la suite au prochain post ˮJanvier 1986 : Premier grand choc émotionnel non soignéˮ.