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37 : Lʼangoisse ! Quelle soeur jumelle !36 : Quelques moments de sérénité dans un monde35 : une vie vraiment difficile34 : Maudite hypersensibilité33 : La MDPH me refuse encore un emploi protégé32 : J’écris sous le coup de la peur. 31 : Moi, les autres, le boulot30 : Une souffrance qui n’a pas de nom29 : Prescrivez moi une autre personnalité28 : mes conseils sur la prise des médicaments27 : Je reprends mon journal26 : j’ai besoin de mon day-dreaming25 : L’angle de vue de ma maladie évolue avec le temps24 : Un fond d’angoisse et d’insatisfaction23 bis : guérir au dépend d’une partie de mon imagination23 : patient partenaire22 : Je relis ce que j’ai écrit il y a des années21 : Besoin de construire un présent, penser au futur20 : Je suis stable, mais...19 : Ecrire, çà me déprime18 : Ma réactivité aux psychotropes17 : La question de la dysphorie me tarabuste encore16 : La maladie est une expérience de ma vie15 : rechutes, TOC, délire, insécurité, détresse14 : Chauffarde de la vie13 : La maladie bipolaire serait-elle fatalement le malheur de l’autre ou la déchirure du couple ?12 : Un peu de sagesse pour réduire la chimie de mon traitement11 : Je participe à un forum10 : L’art d’être la seule personne â me comprendre09 : J’en ai marrrrrreeeeeeeuuuuuuu !!08 : couple atypique ?07 : suis-je en dehors des conventions d’une maladie normale ?06 : une journée typique qui se répète05 : Je donnerais n’importe quoi pour sortir de ce puits sans fond04 : Aujourd’hui c’est la tristesse qui me fait écrire03 : Pourquoi autant de plaintes sans fins ?02 : Des petits matins où le café n‘a pas le même goût 01 : Comment être bipolaire aujourdʼhui

Ma bipolarité, ma vie, mon oeuvre

31/12/2008

Témoignages > Bipolarité

Lʼhistorique dʼune bipolarité.

Synthèse rédigée par Marie, à Froidmont le 9 mai 2009


Histoire familiale :


c’est la branche paternelle qui est porteuse, grand-père, père. Frère atteint (diagnostic de schizophrénie (?), suicide), soeur en dépressions récurrentes, moi bipolaire, une nièce sur les trois touchée aussi (pour l’instant ? ), un petit neveu déclaré hyperactif.

Je fais partie de ces gens qui sont nés avec la maladie déclarée.

La première manifestation : une comorbidité, une phobie sociale


très prononcée. Un exemple : en maternelle, j’ai préféré faire pipi dans un coin de la cour, plutôt que demander à aller aux toilettes. Je m’en souviens parce que je me suis fait surprendre. Dire bonjour était une épreuve insoutenable, je me cachais à l’arrivée de visiteurs !

J’étais triste très souvent. Le reste du temps, je tombais amoureuse du premier venu, il n’y a que ça qui me faisait oublier ma peine. J’ai commencé à utiliser ce système avant six ans.

Première dépression avérée et dont j’ai eu conscience à 15 ans, sans causes extérieures. Je consulte chez le généraliste du quartier. Il m’a gardée longtemps en consultation puisqu’il ’a demandé si c’était moi qui payais ou mes parents (il a dû y avoir un gros dépassement). Je ne me souviens de rien d’autre à part avoir espéré très fort qu’il existe des petites pilules pour voir la vie en rose. Je ne sais pas s’il y a eu prescription.

C’était en 1965


Je suis une solitaire, toujours le nez dans un livre. J’ai appris à lire avant l’âge, scolarité facile, un an d’avance. Immature affectivement, trop développée intellectuellement, je cherche ma place.

Ma vie amoureuse a commencé très tôt, en rêve d’abord puis en flirt ensuite. A 13 ans j’expérimentais mon premier baiser. Les idées et l’amour sont mes refuges. J’ai une seule amie, pas de copines. Je suis considérée comme prétentieuse à cause de ma timidité.

Ma première dépression sévère survient à mon entrée dans la vie active, lorsque je quitte la fac, en échec scolaire total, pour devenir enseignante (institutrice). Je viens de me marier. Nous sommes en 1971. Je ne vais plus arrêter, enchaîner les dépressions jusqu’à ma démission en 1982.

Longues années abominables où je n’arrive à me traîner au travail qu’en usant d’artifices tels que me dire que le soir en rentrant je me mettrai la tête dans le four et j’ouvrirai le gaz et j’en aurai fini de souffrir.

Je suis suivie en psychothérapie. Prescription de Neuleptil à prendre au coup par coup en cas d’attaque de panique et par périodes d’antidépresseurs et d’anxiolytiques dont du Surmontil et du Temesta qui font merveille, je ne m’étais jamais sentie aussi bien de ma vie (très certainement mise en légère hypomanie).

1982-1985


Je quitte Lyon et viens à Paris pour pratiquer la vidéo à mon compte comme conceptrice réalisatrice de films d’entreprise. Période ou je suis plutôt bien dans ma peau, la maladie me laisse relativement tranquille : j’ai peu de contraintes, pas d’horaires, un travail créatif, valorisant, bien payé donc pas besoin de travailler beaucoup pour avoir de quoi vivre, j’ai pas mal de temps pour moi.

Mais un seul client, institutionnel, qui un jour n’a plus de budget audiovisuel.

J’ai quand même toujours des attaques de panique et un problème récurrent : je perds le désir pour mes compagnons au bout de trois mois, réglé comme une horloge. Alors je suis de nouveau en psychothérapie. Avec une freudienne "intégriste" qui m’envoie au divan !

1985-1991


Sale temps ! SDF hébergée à droite à gauche, dépressions +++, TS, la vie n’est pas belle en ce temps-là. Des petits boulots, quelques stages, beaucoup de larmes. Mes seuls répits sont mes passades amoureuses, trois mois de feu de paille, trois mois d’hypomanie à chaque nouvelle rencontre, c’est le quota alloué par ma maladie. Pas un jour de plus.

1991-2000


L’incroyable éclaircie 10 ans d’intervalle libre, 10 ans de répit, qui m’ont fait croire que la psychanalyse m’avait guérie (sic). Me restent la phobie sociale, atténuée quand même mais toujours présente, les attaques de panique parfois encore et le côté explosif du bipolaire. Je monte en pression facilement. J’ai de mauvais rapports avec ma hiérarchie. Je fais bien mon boulot, je suis très appréciée par les autres services de la mairie où j’ai été embauchée au service communication comme journaliste, mais les rapports avec ma chef ne sont pas simples. C’est une personnalité complexe, ok mais je ne suis pas de tout repos.

Je suis néanmoins globalement bien perçue dans mon milieu professionnel et je m’y épanouis. Pour la première fois de ma vie, je me sens normale. Je me réveille heureuse de vivre. Je suis heureuse de partir travailler, heureuse au travail, heureuse de rentrer. Heureuse en couple aussi, c’est également une découverte, j’accepte enfin de vivre un quotidien avec un homme que j’aime. Ma vie quotidienne est harmonieuse, sans heurts.

En 2000, tout bascule. Changement de chef de service. La nouvelle est bien pire que l’ancienne, hystérique et mal dans sa peau (je soupçonne une cyclothymie chez elle, maintenant). Elle veut placer sa copine (incompétente) à mon poste. Elle aura ma peau lors d’une absence prolongée de ma part pour cause de fracture de la hanche. Je suis changée de service avec l’aval du maire, qui n’encaisse pas mon franc-parler de bipolaire et a déjà failli me virer une fois, peu de temps après mon arrivée, sur un malentendu que je n’ai jamais su lui expliquer (il est cyclothymique lui aussi, ma main à couper). Pardon pour ces diagnostics sauvages mais si on considère tout le spectre bipolaire, ça touche 8% de la population et je suis très au fait de cette maladie, je suis administratrice d’un site web, Bipolaire-info). Je craque assez durement, ce travail c’est (presque) toute ma vie. On est en mai 2000.

Au-delà de 2000


En septembre, mon compagnon m’annonce (il est plus jeune que moi) qu’il s’est rendu compte, la quarantaine arrivant, qu’il a envie d’avoir des enfants et que donc on va se séparer. Là, le ciel me tombe de nouveau sur la tête. C’était dans notre contrat de départ, bien sûr mais n’empêche, au bout de 10 ans et â son âge, je pensais le danger écarté.

Là, je me sens en péril imminent et fonce chez un psychiatre (psychothérapeute). Mise sous AD et deux rendez-vous par semaine. De fait, je ne plonge pas, hormis une période de stress très intense de quelques semaines. Je suis pleine d’énergie. Je ne craque pas. Bizarre, bizarre !

Je viens de découvrir Internet et ses infinies possibilités de contacts et je suis partie, guillerette, à la chasse au nouveau compagnon. Le casting va être long, compliqué, semé d’embuches et durer deux ans. Je ne le sais bien sûr pas encore. Mais l’image qui m’est renvoyée par mes rencontres est celle de quelqu’un plein de vie, d’une "boule d’énergie". Je rencontre, j’espère, ça foire, une larmichette et hop, je repars. Je m’étonne, je m’épate, je ne me reconnais pas.

J-L, en attente d’un nouveau travail en province, avec qui j’habite toujours, ne me reconnaît pas non plus, au point qu’il finit par me demander timidement si je l’ai vraiment aimé (sic). En fait, je suis en hypomanie réactionnelle. Cà va durer jusqu’en 2002, jusqu’à ma rencontre avec mon nouveau compagnon, Thierry.

Ce mois d’août 2002, c’est donc la rencontre avec un xième candidat. Thierry n’est pas très grand, comme j’aime, yeux clairs, comme j’aime aussi et, ouf, de mon âge, je ne risquerai rien côté désir soudain de paternité, enfin j’espère. Parce que moi, je suis née sans aucune espèce d’instinct maternel. C’est même absolument l’inverse. L’idée d’être mère m’a toujours terrifiée.

L’attirance est réciproque, une période d’essai se transforme en décision de vie commune.

Du côté de mon humeur, l’hypomanie (devenue "sans objet") cède la place à une alternance de dépressions et d’hypomanies légères, se succédant sans intervalle libre, tous les trois mois. Bien évidemment, j’ignore tout de ce qui se passe, je constate simplement ces changements d’état qui se font en deux ou trois jours seulement chaque fois. Je commence à trouver ça un peu curieux car tellement sans rapport avec les événements.

Et puis l’été suivant, Thierry meurt soudain sans crier gare, un beau dimanche de juillet. Et moi, qui le retrouve allongé sans vie, au sortir de ma sieste, moi qui aurais dû m’effondrer, dès le lendemain je deviens euphorique, animée, heureuse de vivre comme jamais, allant vers les autres toute phobie sociale envolée. Je crois vivre une sorte de conte de fée particulièrement étrange et improbable, je croirais presque que Thierry veille sur moi de quelque part... mais c’est en fait une belle, une magnifique hypomanie, la vraie de vraie cette fois.

Mon psychiatre réalise tout de suite ce qui se passe, ne me lâche pas d’une semelle, contrôle mon sommeil, me prescrit des somnifères puis un thymorégulateur (MAIS sans me faire part de son diagnostic ! ).

Le Tegretol me fait redescendre illico, mon hypomanie avait quand même duré un mois. S’ensuit une énorme dépression bien méchante comme je n’en avais plus connu depuis près de 12 ans. Huit mois plus tard, je remonte. Je remonte même un peu trop. Je deviens une vraie cocotte-minute. Je frappe dans les murs en vain pour tenter d’évacuer la pression qui m’oppresse. Episode mixte, apprendrai-je plus tard. Pour l’heure, je subis, c’est affreux. Re dépression. Re mixte. Re dépression. Mais j’ai découvert quelque chose en regardant la télé : je suis bipolaire. Un épisode de la série Urgences m’a permis de me reconnaître dans un personnage, le mot a été prononcé, Internet a fait le reste, mon psychiatre, questionné, a enfin craché le morceau.

Je suis bipolaire, sous Tegrétol et Anafranil mon humeur se régule suffisamment (que je crois, grande naïve) et je reprends le travail. La vie est belle. Parfois un peu trop mais je surveille. J’ai un nouveau compagnon avec qui tout va très bien. Je vérifie juste un peu trop fréquemment qu’il respire encore. Je retravaille environ 6 mois, tout va bien, le maire, au vu de ce qui est arrivé dans ma vie privée, m’a sortie de mon placard et confié une mission passionnante. Las, je replonge en dépression et dois cesser à nouveau de travailler. J’ignore alors que je ne reprendrai plus jamais.

En 2005


Je prends rendez-vous avec le docteur Elie Hantouche, psychiatre expert en bipolarité. C’est lui qui me suit encore actuellement. Les accidents de ma vie de 2000 puis 2003 ont aggravé ma bipolarité dans d’importantes proportions. Cette maladie était déjà un lourd handicap, avec ses très longue et dures périodes de dépressions sévères compliquées d’une phobie sociale très présente en maladie comorbide. A cause de la bipolarité, j’avais échoué dans mes études supérieures, vécu une vie amoureuse chaotique, dû renoncer â fonder une famille, passé plus de temps en congé maladie qu’au travail, passé bien plus de temps en dépression qu’à tout autre chose.

Ma maladie, un vrai handicap


Mais dorénavant, les limitations grandissaient et s’accumulaient.
  • Trop fragile pour retravailler.
  • Trop anxieuse pour tout un tas d’activités
  • Clouée chez moi, sans mettre le pied dehors, de plus en plus longtemps au fil des ans (3 mois, puis 4, puis 6, puis 10 par an)
  • Incapacité à communiquer autrement que par écrit, plus possible d’utiliser le téléphone.
  • Impossible de me déplacer dans un rayon excédant 50 km (maison/cocon/refuge)
  • Impossible de recevoir des amis plus de quelques jours (je me sens envahie). Et c’est un seul à la fois et uniquement des gens TRES calmes.
  • En octobre, quand ma mère a été opérée du coeur en urgence, je n’ai pas pu aller la voir.
  • Il m’arrive de laisser mon chariot de courses en plein magasin et de me sauver pour rentrer plus vite chez moi, je ne ne supporte ni le bruit, ni les gens.
  • Je ne supporte pas l’attente non plus. Une musique d’ambiance un peu forte et je pète un plomb.
  • Je ne verrai jamais plus la maison de ma soeur, je ne verrai jamais celle ou s’est installée ma mère, dans le midi, après la mort de papa. Jamais plus je ne partirai en vacances. Jamais plus ma maison ne sera pleine d’invités. Jamais plus...
  • Je suis sure que j’en oublie des tas, des jamais plus, on s’habitue, il faut bien survivre !
  • Ma maladie est un handicap au même titre qu’un handicap physique


    Quand je suis en dépression, je me retrouve derrière la vitre de ma porte d’entrée, je regarde la boîte aux lettres qui se trouve à une dizaine de mètres et je dois me contenter de la regarder car il m’est aussi impossible de m’y rendre que si j’étais clouée au lit, paralysée à vie... Idem quand je n’arrive pas à me laver pendant 10, 15, 20 jours ; quand la vaisselle s’entasse, la lessive, la crasse dans la maison. Cette maladie c’est l’enfer quand le téléphone sonne et que je me lève pour aller l’enfouir sous les coussins pour ne plus l’entendre...

    Cette maladie EST un enfer !

    Les autres ne nous croient pas quand on essaie de leur raconter. Surtout quand comme moi on n’est pas du genre pleurnichard et qu’on a un peu d’humour. Même mon psychiatre me dit chaque fois : mais tu vois, tu ne vas pas si mal, tu rigoles ! Au moment ou j’écris ce lignes, je considère que je vais très bien. C’est ce que je dis spontanément quand on me pose la question. Que voulez-vous ? Ne plus dépendre d’autrui pour lire mon courrier, être propre et vivre dans une maison rangée suffit à mon bonheur. Ca doit paraître bien peu à qui prépare ses futures vacances en Ardèche.

    Je lis, je jardine, je gère mon site web et quand mon traitement est efficace, je sors faire les courses et mémé flâner sur une brocante le dimanche quand il fait beau. Je suis la reine du monde ! J’ai de la chance, mes dépressions ne sont plus accompagnées de douleur morale. Je n’ai plus envie de mourir. Par contre, l’inhibition psychique et motrice, la phobie sociale et l’agoraphobie sont toujours là. Il semblerait que le traitement initié en février améliore un peu les choses en ce qui concerne l’inhibition et l’agoraphobie. Pourvu que ça dure !

    J’ai écrit cet historique pour l’expert psychiatre qui doit déterminer mon taux d’invalidité, celui qui donnera la base de ma pension de retraite. J’ai pensé qu’il pourrait intéresser d’autres bipolaires car il marque combien la maladie peut changer de forme au cours d’une vie, comme elle peut se déclarer tôt et comme les événements de la vie peuvent l’aggraver.

    Je suis tout à fait consciente que je vis sur un fil. Que si un nouvel "accident de la vie" me blessait je pourrais ne pas m’en remettre. Que chaque choc m’aggrave. Je savoure chaque journée passée sans le monstre qui me possède. Mais je sais qu’il rode tout le temps et que je ne suis qu’en sursis.

    Je tiens à dire très fort que RIEN dans cette maladie ne me semble positif


    Que la sensibilité, l’acuité intellectuelle qu’elle génère se paient trop cher, bien trop cher. Que le pire ne compensera jamais le meilleur. Pas pour moi en tout cas. Et pas pour grand monde, si j’en crois ce que je vois, que ce soit sur le forum que je gère ou à travers ce que je vois vivre par l’homme que j’aime, qui est lui aussi porteur de cette saloperie.




    février 2012

    janvier 2012