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37 : Lʼangoisse ! Quelle soeur jumelle !36 : Quelques moments de sérénité dans un monde35 : une vie vraiment difficile34 : Maudite hypersensibilité33 : La MDPH me refuse encore un emploi protégé32 : J’écris sous le coup de la peur. 31 : Moi, les autres, le boulot30 : Une souffrance qui n’a pas de nom29 : Prescrivez moi une autre personnalité28 : mes conseils sur la prise des médicaments27 : Je reprends mon journal26 : j’ai besoin de mon day-dreaming25 : L’angle de vue de ma maladie évolue avec le temps24 : Un fond d’angoisse et d’insatisfaction23 bis : guérir au dépend d’une partie de mon imagination23 : patient partenaire22 : Je relis ce que j’ai écrit il y a des années21 : Besoin de construire un présent, penser au futur20 : Je suis stable, mais...19 : Ecrire, çà me déprime18 : Ma réactivité aux psychotropes17 : La question de la dysphorie me tarabuste encore16 : La maladie est une expérience de ma vie15 : rechutes, TOC, délire, insécurité, détresse14 : Chauffarde de la vie13 : La maladie bipolaire serait-elle fatalement le malheur de l’autre ou la déchirure du couple ?12 : Un peu de sagesse pour réduire la chimie de mon traitement11 : Je participe à un forum10 : L’art d’être la seule personne â me comprendre09 : J’en ai marrrrrreeeeeeeuuuuuuu !!08 : couple atypique ?07 : suis-je en dehors des conventions d’une maladie normale ?06 : une journée typique qui se répète05 : Je donnerais n’importe quoi pour sortir de ce puits sans fond04 : Aujourd’hui c’est la tristesse qui me fait écrire03 : Pourquoi autant de plaintes sans fins ?02 : Des petits matins où le café n‘a pas le même goût 01 : Comment être bipolaire aujourdʼhui

Questionnaire du Tempérament Adulte (ATQ)

18/12/2010
Auteur : Dr Hantouche

Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Tempéraments

Mary Rothbart : la valeur capitale du contrôle exigeant de l’effort et l’autorégulation dans la définition du tempérament.
Quand les parents décrivent le tempérament de leurs enfants, trois constantes sont retrouvées
  • l’extraversion, une dimension reliée à des affects positifs et une dynamique de vitalité et d’activité positive

  • l’affectivité négative, reliée à des émotions négatives, comme la tristesse, l’anxiété, la colère, la frustration

  • le contrôle exigeant de l’effort, relié aux systèmes cérébraux inhibitoires et de l’attention chez les humains et les animaux.


  • Les travaux de Mary Rothbart ont permis d’observer des différences individuelles en matière d’orientation attentionnelle, de prédisposition à la détresse, d’affect et d’approche positifs ainsi que de frustration. Vers l’âge de six mois, certains poupons, quand on leur présente un objet, tentent de s’en approcher rapidement en l’attrapant et en le touchant, alors que d’autres s’en approcheront plus lentement. Les tendances à l’approche, le sourire et le rire du nourrisson en laboratoire sont capables de prédire l’extraversion à l’âge de sept ans selon les rapports des parents.
    Plus tard au cours de la première année et par la suite, on observe des différences individuelles en matière d’inhibition craintive envers des stimuli intenses ou nouveaux. L’inhibition craintive met en opposition les tendances à approcher, ce qui fait que certains nourrissons qui réagissaient rapidement face à de nouveaux objets ou à de nouvelles personnes peuvent désormais les approcher plus lentement ou pas du tout. L’inhibition craintive fait preuve d’une stabilité considérable et est reliée au développement ultérieur de l’empathie, de la culpabilité et de la honte pendant l’enfance. Les enfants craintifs ont tendance à développer une plus grande conscience précoce et à bénéficier d’une discipline parentale souple qui favorise la conscience internalisée. Les enfants moins craintifs semblent profiter de la réceptivité maternelle et de leur propre attachement sécurisant pour développer leur conscience.
    Plus tard au cours de la première année, le contrôle exigeant de l’effort commence à se développer, ce qui procure des moyens supplémentaires de réguler les tendances réactives. Le système cérébral qui soutient le contrôle exigeant de l’effort s’appelle le système d’attention exécutive. Celle-ci se développe en même temps que la capacité à soutenir une attention exclusive pendant des périodes plus longues. L’attention soutenue et la capacité de s’empêcher de toucher à un jouet interdit pendant la petite enfance prédit de façon significative le contrôle exigeant de l’effort à 22 mois. On trouve aussi une stabilité à long terme de la capacité à retarder la satisfaction chez les enfants, et cette capacité chez les enfants d’âge préscolaire prédit l’attention chez les adolescents selon les rapports des parents, leur capacité à se concentrer et à contrôler l’affect négatif. Le contrôle exigeant de l’effort est fortement relié au respect chez les enfants et au développement de l’empathie et de la culpabilité ou de la honte.
    Rothbart a pu donc observer des différences individuelles originelles (ou basiques) qui impliqueraient que les enfants naissent avec des caractéristiques comportementales et émotionnelles. Ainsi, le tempérament prend en compte des différences individuelles qui se manifestent précocement dans la vie à travers des dimensions ou des traits. Même si les indicateurs comportementaux du tempérament changent et se modulent en fonction de la maturité et l’expérience, il y a toujours un effet tempérament, notamment quand il est fortement présent et prédominant.

    Bien que le contrôle exigeant de l’effort soit d’origine héréditaire, il se développe rapidement dans les quatre premières années de vie, des progrès significatifs ayant lieu au cours de la troisième année. Les différences individuelles dans le contrôle exigeant de l’effort, bien qu’en partie attribuables à l’hérédité, sont également associées àâ la qualité des interactions mère-enfant. Il semble qu’un parentage chaleureux et attentionné, plutôt que froid et directif, prédise des niveaux plus élevés de contrôle exigeant de l’effort. Les différences individuelles en matière de contrôle exigeant de l’effort, apparaissant dans les cinq premières années de la vie, ont été reliées â des niveaux plus élevés d’adaptation, de compétence sociale, de respect attentif des consignes et de conscience, simultanément et postérieurement.
    La petite enfance et les années préscolaires sont des périodes où le contrôle exigeant de l’effort lié au tempérament apparaît rapidement et fournit les bases de l’émergence de l’autorégulation. Cette dernière est primordiale car elle peut influencer la qualité des interactions sociales des enfants et leur capacité d’apprentissage. Parce qu’ils s’attendent de plus en plus â ce que les enfants s’autorégulent en grandissant, les adultes réagissent négativement envers ceux qui ne développent pas au moins des niveaux normatifs d’autorégulation. Bien que les différences individuelles soient en partie attribuables à l’hérédité, les personnes qui socialisent les enfants peuvent aider à lʼémergence du contrôle exigeant de l’effort. Il est donc important d’encourager les parents et les autres donneurs de soins à interagir avec les enfants en employant des méthodes favorisant le développement de ce type de contrôle.

    Rothbart a également inclus une 4ème dimension des tempéraments, celle de la sensibilité générale, associative et sensorielle.
    Cette dimension tient compte de la sensorialité de la personne, les liens des émotions avec les perceptions sensorielles et la propension à l’imagerie mentale et la créativité. Cette dimension est associée à une autre dimension "l’ouverture" (du NEO). Pour les enfants avec une forte dimension, ils ont une forte imagination active ; ils peuvent être absorbés dans leurs rêveries, distraits : ils aiment l’art, la musique, la peinture et peuvent s’impliquer dans des activités artistiques ou esthétiques ; préfèrent la nouveauté et la variété ; apprécient les débats d’idées et les controverses.
    Les études récentes ont montré clairement un lien robuste entre cette dimension et le potentiel de créativité. Cette dimension est également élevée chez les personnes bipolaires et cyclothymiques.
    Cependant, un niveau extrême de sensibilité peut conduire à des problèmes potentiels : préoccupations et attentions excessives à sa propre vie émotionnelle et ses fluctuations (l’exemple typique est le tempérament cyclothymique) : " daydreaming" où le réel et l’imaginaire se confondent (pas de frontières) - tendance à devenir imprévisibles dans les intérêts et les plans de vie ; basculer d’un intérêt à son opposé, d’une activité à une autre ; être attirés par des idées ou théories étranges et inhabituelles ; tendance à remettre en question les systèmes de valeur ; manquer de cohérence et de référence ; donc de stabilité. Chez les jeunes, un excès de sensibilité est souvent mal apprécié dans le système scolaire et une majorité de ces enfants se retrouvent handicapés par cette sensibilité et pénalisés dans leurs études scolaires ; à moins que le système soit capable de les repérer et consolider la partie créative et la transformer en efficacité par des tâches réalisées et un assouplissement de la censure et les interdits.

    En résumé, Chess et Thomas, Kagan et Rothbart sont des noms à retenir quand on parle de tempérament. Leurs travaux de recherche indiquent l’importance de former les intervenants qui travaillent auprès des enfants, les enseignants et les parents pour qu’ils réalisent que les comportements et les émotions des enfants ne résultent pas uniquement de l’apprentissage social. Au contraire, les enfants manifestent des différences dès le plus jeune âge en ce qui a trait à la réactivité émotionnelle et à l’autorégulation, et peuvent suivre différentes trajectoires et subir des répercussions différentes sur leurs développements. L’approche des tempéraments incite à adapter des interventions spécifiques comme la formation sur le "contrôle attentionnel" utilisée avec succès chez les enfants à l’âge préscolaire. Cette formation s’est révélée utile pour les enfants atteints de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité et semble avoir un effet quasi général sur le traitement cognitif des enfants.
    En ce qui nous concerne, nous les adultes, n’oublions jamais qu’on été enfants et que notre tempérament d’enfant nous accompagne dans notre vie : c’est notre instrument émotionnel et affectif ; qu’il convient de connaître avant de maîtriser le jeu avec. L’art est de jouer correctement avec l’instrument dont nous disposons et non rechercher inlassablement l’instrument parfait et le meilleur !

    On dispose d’un questionnaire permettant d’explorer les 4 dimensions du tempérament, le ATQ (La version française de l’ATQ est disponible. Actuellement, le CTAH mène une étude de comparaison entre l’ATQ et le TEMPS-A (jamais réalisée pour l’instant).
    Il explore 4 domaines (et 13 sous domaines) :
    - Affects négatifs (peur, tristesse, malaise / inconfort, frustration)
    - Contrôle actif exigeant de l’effort (inhibiteur, d’activation, attention)
    - Extraversion (sociabilité, plaisir, affects positifs)
    - Sensibilité d’orientation (perceptive générale, perceptive émotionnelle et associative)
    Nous avons observé que les cyclothymiques ont les scores les plus élevés sur les dimensions "affects négatifs" et "sensibilité", avec des niveaux significatifs sur "extraversion" et contrôle exigeant de l’effort.

    Les 4 dimensions du tempérament évaluées par le ATQ sont bien corrélées avec le modèle "Big Five" de personnalité (étude de Lavardière, 2008 avec la version française de l’ATQ).
    Récemment, Evans et Rothbart (2009), les concepteurs de ce questionnaire, proposent un modèle à 2 facteurs :
  • Premier facteur principal comportant la dimension "Extraversion" et celle de la "sensibilité d’orientation".

  • Deuxième facteur comportant deux dimensions de manière opposée : "affects négatifs" versus le "contrôle exigeant de l’effort" ; par exemple, un niveau élevé d’affects négatifs va avec un niveau bas de contrôle et vice versa.


  • Malgré la complexité des traits et des facettes des émotions et des tempéraments, on arrive dans les méta-analyses de dégager deux profils dominants à polarité opposée :
  • "Extraversion" où prévale une affectivité positive comme la chaleur, la grégarité, l’affirmation de soi, l’hyperactivité, la recherche de sensations et les émotions positives

  • versus "Névrosisme" où domine une affectivité négative incluant l’anxiété, la colère / l’hostilité, la dépression, la timidité, l’impulsivité.


  • Evans et Rothbart viennent récemment de démontrer cette double polarité des dimensions basiques du tempérament chez l’adulte. En plus, cette polarité affective a réussi de convaincre les experts les plus sceptiques à l’approche biologique de la personnalité via les tempéraments. En effet, les dimensions extraversion et névrosisme s’avèrent être les robustes et prédictifs des affects momentanés ; c’est-à-dire plus d’affects positifs dans l’extraversion et négatifs dans le névrosisme.
    De plus, la dimension névrosisme s’avère être corrélée de manière négative avec la dimension "contrôle émotionnel exigeant de l’effort" et représente un facteur robuste de vulnérabilité. Dans le NEO, la dimension opposée au névrosisme c’est l’équilibre émotionnel. Pas étonnant que le contrôle, témoin de l’autorégulation, soit défaillant chez les personnes fragiles ; souvent étiquetées comme "immatures" par défaut de contrôle, de retenue?
    Cette double polarité du tempérament détermine d’une part la prédisposition à ressentir les états émotionnels et la réactivité aux stimuli agréables (plus importante dans l’extraversion) et désagréables (dans le névrosisme) et d’autre part le style de vie et d’action (plus d’engagement dans des actions stimulantes chez les extravertis). Cette opposition s’opère également entre :
  • les tempéraments hyperthymique (affects positifs) et dépressif (affects négatifs) d’une part

  • les tempéraments hyperthymique (intense, extraverti et stable) et cyclothymique (intense mais instable avec faible niveau de contrôle).

  • Source


  • Rothbart MK. Tempérament précoce et développement psychosocial. In: Tremblay RE, Barr RG, Peters RD eds. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [sur Internet]. Montréal, Québec: Centre d’excellence pour le développement des jeunes enfants; 2005:1-6.

  • Evans DE, Rothbart MK. A Two-Factor Model of Temperament. Pers Individ Dif. 2009 Oct 1;47(6):565-570.

  • Laverdière O, Louis Diguer L, Gamache D. The French adaptation of the short form of the Adult Temperament Questionnaire - Univesité Laval, Québec, Canada