Les TOC tabous
31/12/2007
Auteur : M Trybou
Anxiété / TOC > Techniques pour lutter contre les TOC
Il est par contre peu fait mention de TOC beaucoup plus culpabilisants et effrayants pour ceux qui en souffrent, à savoir les obsessions portant sur les thèmes sexuels et impulsifs.
Dans ces TOC dits "tabous", on retrouve les thématiques suivantes :
Pour Rasmussen et Eisen (1998), les obsessions les plus fréquentes sont la contamination (50% des patients), le doute (42%), la maladie (33%), la symétrie (32%), et les impulsions agressives sont de 31 % et sexuelles 24 %. Il est courant quand on reçoit un patient, qu’il évoque des TOC de lavages, de symétrie, qu’il ait peur de contracter le virus du Sida ou d’oublier sa porte, et apprendre après la 10 ème séance qu’il a aussi des pensées sur la pédophilie ou la peur de tuer malgré lui. Il est donc assez dur de savoir la proportion exacte des personnes souffrant de TOC et présentant ce type de pensées. On peut imaginer aisément que beaucoup ne consulteront jamais justement à cause de ce type de pensées.
La violence des obsessions, le caractère obscène ou illégal des thématiques, en font des TOC difficiles à avouer, même à un thérapeute spécialisé dans cette pathologie. Ces patients ont deux phénomènes qui existent pas ou peu dans les autres TOC, à savoir les images intrusives et mes sensations physiques dans le corps : de nombreux patients décrivent des images furtives, très désagréables, d’enfants nus, ils se voient étrangler une personne, ils voient des actes sexuels, et en plus ils ressentent des choses dans le ventre et les organes génitaux. Les mêmes patients décrivent aussi des sensations floues et effrayantes, ne sachant plus si cela est de l’angoisse, du désir ou de une montée de folie ou d’impulsivité.
La peur des patients est toujours la même : "Et si c’était vrai ? Et si ce n’était pas qu’une obsession ? Et si cela pouvait arriver ?" préférant alors ne pas en parler de peur que cela se réalise, qu’on est peur d’eux, qu’on les rejette et ne veuille plus les soigner.
Si les thématiques diffèrent des TOC plus classiques, nous avons pourtant affaire à la même pathologie, avec les mécanismes les plus typiques du TOC : les pensées obsédantes qui martèlent l’esprit, l’angoisse que cela n’arrive, l’anticipation du pire alors qu’aucune preuve ne démontre que l’obsession soit vraie, le doute qui remet tout en cause à l’aide du "et si" (qui n’est et ne sera jamais un argument de quoi que ce soit à par être un bon symptôme TOC !), et les rituels de réassurance (se refaire des scénarios passés dans la tête, éviter des enfants, éviter la rue, se retourner dans la rue, aller chercher dans internet des informations sur les gens qui deviennent subitement des tueurs, pédophiles, homosexuels,...).
La prise en charge de ces TOC tabous est donc strictement similaire à celle des TOC plus classiques, à ceci près que ces patients ont un doute renforcé par les interdits et sanctions de la société, et par leurs sensations physiques. La peur d’être emprisonné ou mis au banc de la société est un argument qu’utilise le TOC pour réduire encore plus en esclavage la personne. Ressentir comme "du plaisir" alimente les obsessions et le doute. Pour certains d’entre eux, avoir un TOC c’est presque une protection anti pédophilie "Et si mon TOC me protégeait de la pédophilie ?" Ces patients ne sauront pourtant pas vous expliquer en quoi un TOC protège de quoi que ce soit. Nous ne perdrons pas l’occasion de leur dire que cette question est elle-même TOC ? Et que les sensations qu’ils ressentent dans le ventre et les organes génitaux sont volontairement envoyées par leur cerveau pour provoquer des rituels et renforcer le doute.