05: Suspicion de bipolarité = antidépresseur seul !
31/12/2008
Témoignages > Cyclothymie > Moi, ma cyclothymie...Moi ?
En novembre 2008,
après cinq mois de dépression très grave, je me décide â consulter â nouveau mon médecin.
Par vanité, il faut encore que jaille sur Internet essayer de comprendre ce quil marrive. Par un concours de circonstances (un article dans la presse + un personnage vu dans un film qui me ressemble + un début de recherche qui mène tout de suite â la bonne piste) le grand mystère de moi se révèle enfin : je découvre les troubles bipolaires.
Cest la révélation de ma vie.
Je nai pas de mots pour décrire ce que je ressens â la lecture des descriptions, des témoignages. Cest un mélange de plein de choses, tout comme tous les sentiments se sont toujours mélangés furieusement en moi : la tragédie dapprendre que lon est malade, et sérieusement malade, le soulagement de pouvoir enfin y mettre un nom, un diagnostic, lexaltation de voir enfin que lon nest pas tout seul, que lon est des milliers, la peur de ce quil va se passer ensuite?
Ensuite?
Il faut dabord parler avec le médecin. Il ne va pas me croire, et puis je ne vais pas arriver â expliquer. Il va dire que je ne peux pas mauto-diagnostiquer, que cest nimporte quoi. Peut-être quil va être en colère.
Mais je commence â parler, â dire que voilâ , cela fait deux fois déjâ en ce qui nous concerne (je ne compte pas les autres médecins) et puis ça sen va tout seul, comme ça, mais ça revient, cest revenu, cest horrible, et puis jai fait nimporte quoi juste avant (je ne veux pas raconter quoi). Il dit : ? Alors? cest très clair ?.
Et depuis, il y a une lumière au bout du tunnel.
Je suis encore loin den sortir, malheureusement. Mais je la vois. Jétais dans le noir avant. â?a change tout.
Je croyais que mon cas était désespéré. Jen étais persuadée. Cela ne me dérangeait même pas den mourir. Je trouvais que cétait dans lordre des choses. La suite logique.
Il me prescrit durgence un antidépresseur, â prendre uniquement après confirmation auprès dun psychiatre. Il aimerait que je voie un confrère, un ami, mais ce nest pas possible pour linstant. Alors, je suis orientée vers quelquun dautre.
Cest un gentil psychiatre, très gentil. Je suis très heureuse du déroulement de la séance, car jai déjâ essayé daller voir une psychologue une fois où jallais mal, et je suis tombée sur quelquun qui ne ma pas parlé pendant une heure, et ce silence mavait terrifiée, je ny étais pas retournée.
Lâ , on me pose plein de questions. Je voudrais même pouvoir parler un peu plus ! Le diagnostic est bien évident : je souffre de troubles bipolaires. Jaccepte de prendre lantidépresseur (Seroplex) je suis même très contente de commencer. Pour un régulateur de lhumeur on verra plus tard.
Le psychiatre me propose de commencer également une psychothérapie. Jaccepte sans hésiter, car je traîne trop de choses derrière moi. Nous avons des débuts de pistes : spécialiste de lenfance et de ladolescence, il sest évertué â me questionner sur mon passé, et je lui ai parlé de la lourde opération cardiaque que jai subie â lâge de quatre ans et demi. Il lui semble que jai dû être en partie traumatisée par ces évènements (dont je ne me souviens pas du tout). Cest possible, je suis daccord pour aller plus loin.
Nous nirons nulle part tous les deux.
Au bout dune semaine je me sens mieux, Seroplex ou autre raison. Pour la première fois depuis des mois je me réveille en ayant passé une nuit réparatrice. Jai limpression flagrante que mon cerveau a été ? reconfiguré ? pendant la nuit*.
Je me souviendrai â jamais de cette sensation.
* commentaire EH: typiquement les virages de la dépression vers lhypomanie se font au cours du sommeil - que ce soit un virage naturel, spontané ou induit par un antidépresseur - Déjâ en 1854, Baillarger signalait que les changements de polarité se font dans le sommeil (â lépoque, il désignait la bipolarité de "Folie â Double Forme")