J?ai suivi une TCC de groupe pour le TOC
31/12/2008
Témoignages > Comorbidité
Aujourdhui, un mois après la TCC, il me reste deux TOCs : les ruminations et le grattage (qui nest pas un vrai TOC). Ils ne réapparaissent quen période de stress.
Sinon je suis libre des TOCs !!!!
Quy ai-je gagné ? Plus de TOCs, de lénergie (celle qui était utilisée par les TOCs), moins dangoisse, plus de disponibilité et des rires (conséquence du moins dangoisse).
Mais comment sest passé la TCC ? une première partie de théorie et une deuxième partie dexercices.
Pendant la partie théorie, jai écouté, jai compris, entre les 4 séances, jai intégré, jai ingéré, cette théorie ma pénétrée. Jai assimilé le fonctionnement de mon cerveau et cela ma grandement préparée aux exercices qui ont suivi. Je dirais même que plus cette théorie est assimilée, plus les exercices sont simples â faire et efficaces.
Javais beaucoup de petits TOCs et deux gros TOCs : les ruminations et le grattage (qui nest pas un vrai TOC).
Le lavage de mains, je lavais déjâ combattu avec une analyse avec un ancien psy. Il avait disparu mais était revenu de manière permanente au premier gros stress. Lâ , je lai combattu â force dexercices et de répétition de la théorie. Ainsi, jai jardiné plusieurs fois puis déjeuné sans me laver les mains entre deux. Jai aussi bricolé avec du bois puis déjeuné sans me laver les mains entre deux. Jai touché un sol sale puis frotté mes mains sur mon visage. Je savais que je pouvais me laver ensuite (mais pas tout de suite) mais il fallait quand même le faire. Deux semaines ont suffit pour que joublie de passer â la salle de bain de multiples fois par jour. Aujourdhui, je me lave les mains avant les repas, en sortant des toilettes et quand elles sont objectivement sales. Cest un soulagement ! Je peux arriver chez des amis sans courir mes laver les mains ! Je peux tenir la rampe des escalators sans mexposer â une crise dangoisse terrible ! Je peux bricoler sans courir â la salle de bain entre deux clous ! Et face au stress ? RIEN !!!!!!!!!!!!!!!!!
Les armes â feu. Javais une peur terrible des armes â feu, un gros plan â la TV me glaçait, un coup de feu dans la campagne voisine me faisait rentrer chez moi. Imaginez ma vie : je vis â côté dune chasse gardée ! Ce fut plus difficile â vaincre que le lavage de mains.
Le premier exercice fut daller dans une armurerie toucher la chose. Je suis arrivée au magasin, tremblante comme une feuille, jai poussé la porte. Impossible de mentir sur lobjectif de ma visite. Jai expliqué mon cas au vendeur qui ma gracieusement laissée seule devant une table avec un fusil de chasse et des balles. Je tremblai toujours, josais â peine regarder larme. Jai réussi â la toucher, â prendre les balles dans ma main mais quant â prendre larme dans ma main, ce fut trop difficile, jai fui. La semaine suivante, jai rencontré un chasseur lors de ma ballade quotidienne. Jétais avec mon chien en liberté sur la chasse gardée. Je me suis faite disputée parce que mon chien nétait pas en laisse alors quil nétait pas dressé pour la chasse. Mais après quelques échanges sympathiques avec le chasseur que javais reconnu comme étant un habitant du village dans lequel je venais demménager, nous avons sympathisé. Je racontais mon problème avec les armes et voilâ que le chasseur, sans doute désireux de me faire oublier son accueil agressif, me propose de tenir son arme. Malheur ! Je fus bien obligée de dire oui devant cet effort : quel chasseur prête son arme ? Jai donc tenu, tremblante, cet objet de peur. Cela sest plutôt bien passé. Non que je sois â laise mais ma tremblote sest arrêtée au point que mon voisin me proposa de tirer. Cétait gentil mais cétait trop. Je refusais poliment. Depuis ce jour, entendre un coup de feu ne me fait plus peur, cela mévoque juste le fait quil nest pas temps de partir en ballade avec mon chien.
Jai enfoncé le clou en regardant des films où les armes sont omniprésentes et si les premières fois, les gros plans métaient pénibles, aujourdhui, ils me laissent indifférente.
Les ruminations. Avant dattaquer les ruminations, nous avons laissé passer plusieurs séances dexercices. Mais que ce passait-il lors de ces séances ? Nous étions 5. Chacun son tour, nous racontions notre semaine dexercices, ce que nous avions fait, comment cela sétait passé, ce qui avait marché, ce qui navait pas marché. Tout le monde pouvait intervenir â tout moment et les thérapeutes rappelaient au besoin la théorie ou citaient des cas quils avaient rencontrés pour expliquer, nous encourager ou nous montrer que cétait possible. Puis nous fixions ensemble des exercices â faire pour la semaine â venir. Si lhoraire était dur (le samedi matin de 10h â 12h, je venais de loin, cela faisait un lever â 7h), cétait toujours un plaisir et un moment de convivialité. Il y avait un lien entre les patients, un lien avec les thérapeutes qui rendaient ces séances agréables et donc productives.
Je nai donc pu attaquer les ruminations quau bout de quelques séances dexercices, le temps de comprendre vraiment mon cerveau, le temps de voir les erreurs que lon pouvait faire en faisant les exercices, le temps de voir de nouveaux exercices ; les exercices des uns se dérivant en exercices pour les autres, leurs réussites en guide et leurs échecs en avertissements.
Il métait impossible de mexposer aux ruminations car les ruminations étaient mon quotidien permanent. Mon cerveau tournait toujours. Alors si je ne faisais rien qui ne demanda une concentration particulière, je ruminais en mactivant. Jai appris â dire â mon cerveau que ce dont il me parlait ne mintéressait pas, que cétait juste le fruit de son dysfonctionnement et que par conséquent, je ny prêterai aucune attention. Quelques semaines de ce régime et mon cerveau fut vaincu : aucun des scénarios quil me proposait nobtenait plus dattention. Il a abandonné. Définitivement ? Non, pas tout â fait. Je viens de passer une période de stress et pendant tout le temps où jai été stressée, les ruminations sont revenues. Mais aujourdhui que je suis â nouveau au calme, pffffffffuit, plus rien et sans exercice. Faut-il continuer les exercices, je ne sais pas, je vais voir ce que cela donne et lors de la prochaine séance, dans un mois maintenant, jen parlerai.
Gros gros handicap : le grattage. Gros handicap, car il était devenu comme un réflexe : je me levais, je me grattais, le moindre bouton, la moindre coupure faisait laffaire. Javais un moment sans activité, je me grattais, un moment dangoisse, je me grattais, un moment de réflexion intense, je me grattais. Nayant plus 20 ans, cela cicatrisait de moins en moins vite, cela sétendait de plus en vite, les gens posait des questions, mon mari était écoeuré. Je ne pouvais plus me retenir, je me grattais même en public ! Alors ce nest pas un vrai TOC mais nous avons essayé de le traîter comme un TOC pour voir.
Première tentative : sautoriser deux grattages par jours. Impossible. Cela donnait un résultat visuellement tellement affreux que je ne pouvais pas le souffrir.
Deuxième tentative : ne rien sautoriser et se répéter que cest un dysfonctionnement du cerveau. Début de réussite mais insuffisant.
Troisième tentative : le grattage viendrait dune certaine agressivité. Donc se défouler sur quelque chose â chaque envie. Jai par conséquent investi dans un marteau en peluche qui fait un bruit de vaisselle cassée lorsquon le frappe. Ainsi dès que javais envie de me gratter, paf ! paf ! paf ! Au bout de deux jours de ce traitement, je navais plus besoin du marteau : la simple pensée quil était lâ disponible me suffisait pour faire passer lenvie. Trois semaines plus tard : plus denvies de grattage. Enfin jusquâ cette période de stress. Mais comme pour les ruminations, cest passé. On verra bien.
Comme vous lavez vu, vaincre les TOCs ne passe pas par la frustration de ne pas faire, de sinterdire. Il sagit plus de raisonner et de transformer la vision que lon a de lobjet sur lequel porte le TOC, de sobliger â faire.
Bien entendu, ce genre de thérapie ne marchera pas si vous nêtes pas décidé â guérir vraiment. Vraiment, cela ne veut pas dire ? parce que votre vie est devenue impossible ? mais plutôt ? parce que vous voulez avoir une vie normale ?. Je crois sincèrement quune motivation positive est nécessaire. Ne pas sabandonner â ses TOCs pendant la thérapie me parait aussi important. On lutte, la thérapie est une période defforts, une période pendant laquelle on va beaucoup donner, peut-être trop donner, donner plus que lon ne pourrait sen croire capable, se faire violence mais â la fin de cet investissement de trois mois, il y a la libération, il y a le zéro dépense dénergie pour les TOCs, il y a une vie douce et tranquille, il y a un nouveau regard sur la vie, des projets, de lénergie. Moins dangoisse de manière générale !!!!!