03: Humeur, poids, énergie, sommeil... quels liens ?
31/12/2008
Témoignages > Cyclothymie > Moi, ma cyclothymie...Moi ?
Avec mon mari, nous déménageons, et nous nous rapprochons de ma ville natale, de mes parents. Je change de travail (je trouve dailleurs mon premier vrai travail) : je suis seule â moccuper dun vidéo-club, en tant que salariée. Cest formidable pour quelquun de très jeune et qui aime les films.
Mon roman na pas été publié car malgré les encouragements dune prestigieuse maison dédition, je nai pas trouvé (eu, en fait) linspiration pour le retravailler. Cependant jambitionne dorénavant den faire un scénario de film.
Je dois sûrement me retrouver â nouveau dans une phase créative et exaltée. Jécris tout en trois mois, puis je replonge dans une fatigue terrible, et vois ressurgir mes peurs paralysantes.
Jai pris â nouveau du poids : je suis dorénavant â 57 kilos, alors que je jure que je nétais encore quâ 54, la semaine davant. Je suis â nouveau négative, désespérée. Je pleure tout le temps, pour un rien. Je ne comprends pas.
Je me dis alors, pour la première fois, quil y a ? quelque chose qui cloche ?.
Cest un jour décisif dans ma vie, le jour où je me suis dit cela.
Cest seulement â lâge de vingt-huit ans que jai envisagé la possibilité quil puisse y avoir en moi quelque chose de biologique, dinvolontaire, qui me nuise.
Cest la première fois où je me suis rendue compte que ce que je ressentais dépassait le simple trait de caractère, la simple façon de penser, de voir les choses.
Je me suis dit : tu es peut-être malade. Tu dois forcément avoir quelque chose, car tu ne contrôles plus rien, tu as perdu la maîtrise de tout, de tes pensées, de tes émotions, de ton corps. Ce nest pas normal.
Alors jai cherché sur Internet. Je nai pas eu de chance : la première fois, je me suis gourée de piste.
Jai imaginé un problème hormonal. Je me suis dit, connement, que lhumeur, le poids, lénergie, le sommeil? cétait une question dhormones. Jai lu des descriptifs assez ressemblants. Je me suis reconnue (mais pas entièrement) dans les problèmes féminins de thyroâ?de.
Alors je vais chez le médecin. Jai de la chance : depuis mon déménagement jai retrouvé quelquun que je connais depuis longtemps, en qui jai confiance, et avec qui je suis â laise. Je lui raconte tout ce que je ressens alors, surtout langoisse, et ce que jai vu sur internet. Il mausculte. Il est très sceptique. Il dit : ? Jen ai vu des dérèglements hormonaux? ?. Dans mon cas, on dirait bien que ce nest pas cela.
Pourtant ma mère a des problèmes de thyroâ?de, nous faisons donc des examens dans ce sens (plusieurs prises de sang éloignées, et même une échographie) : rien. Dans le même temps il ma prescrit du Buspar, un anxiolytique léger. Je ne sais pas sil fonctionne ou si la roue de la cyclothymie tourne une fois de plus, mais les troubles disparaissent? et une nouvelle page souvre â moi.
Je passe quelque temps tranquille. Quelques mois seulement, car la santé de mon père se dégrade brutalement. En décembre 2007 nous apprenons quil a une leucémie, et il en mourra très rapidement en février de lannée suivante, â soixante-neuf ans.
Ce qui reste très clair â mes yeux, cest que de décembre â mai, je me suis comportée ? normalement ? et jai éprouvé ? des choses normales ?. Jai eu peur, jai eu mal, jai eu un chagrin terrible? mais normal. Jai eu une période de deuil normale.
Et puis tout a explosé.
Jai fait, involontairement du point de vue de la maladie, mais volontairement du point de vue de mes actes, de ma vie un désastre. Je ne sais pas si cest la mort de mon père, la cyclothymie â un point culminant ou bien les deux, mais une onde de choc a soudain traversé mon existence, et ma vie toute entière, moi toute entière, sommes devenues un cataclysme.
En mai de lannée dernière jai brusquement eu lenvie de tout changer. Jai voulu commencer par devenir quelquun dautre, une autre femme. Curieusement, enfin une femme : car jai toujours eu du mal avec ma féminité. Je me suis toujours considérée comme un garçon manqué, quelquun de très énergique, un peu exubérant, très libre, sûrement pas femme.
Hé bien tout â coup je suis devenue une femme fatale. Jai pris une assurance que je navais jamais eue : jai su tout â coup comment séduire les hommes et jy suis arrivée, au-delâ de toutes mes espérances. Cétait un jeu et finalement? finalement?