Psychanalyse
31/12/2009
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Les névroses sont lexpression de conflit entre le Moi et celle des tendances sexuelles qui apparaissent au Moi, comme incompatibles avec son intégrité ou ses exigences éthiques. Freud a été le premier â séparer les obsessions des phobies puis â opposer la névrose obsessionnelle et hystérique. Dans celle-ci, les mécanismes de conversion dominent, tandis que dans la névrose obsessionnelle, ces mécanismes ne jouent pas. Le sujet obsessionnel va se trouver dans limpossibilité de liquider les idées pénibles ou traumatisantes. Par un phénomène de déplacement, les obsessions représenteraient un substitut de lidée traumatisante. De même le passé sera déplacé systématiquement dansle présent. En effet, la souffrance du TOC est toujours focalisée sur le moment vécu. Les compulsions et les rituels peuvent sajouter aux obsessions, comme des défenses secondaires. En dautres termes, Le névrosé obsessionnel ne peut donc que dissocier laffect pénible de la représentation psychique. Déjâ â ce stade de la conception du TOC, la psychanalyse ignore la présence de TOC sans obsessions, formes â dominance compulsive et surtout présume que les compulsions ne sont que des défenses accessoires, ce qui est loin de la réalité clinique. Ici il sagit dune faiblesse diagnostique, car les compulsions sont naturellement indépendantes des obsessions. Lassociation des deux est surtout fréquente dans les cas intenses, notamment chez ceux qui consultent en psychiatrie.
En 1909, ? Lhomme aux rats ? est le seul cas de notes prises par Freud sur la névrose obsessionnelle. Il met laccent sur lopposition précoce entre les sentiments damour et de haine dans la prime enfance. Comme dans toutes les névroses, un mécanisme commun de régression va sopérer. Chez les sujets obsessionnels, la régression sarrête â la phase anale, doù limportance du fantasme sadique chez les obsédés. Rappelons que dans le cas de lHomme aux rats, le patient de Freud avait une obsession morbide, celle ? dêtre torturé par des rats introduits dans son anus ?. On acceptait donc lhypothèse dune régression â une organisation sexuelle prégénitale, sadique et anale. Par conséquent Freud parlait dune ? pré-maturation du Moi ?, avec une prohibition du contact avec lobjet de désir. Non seulement le contact physique direct, mais toute pensée en contact ou en rapport avec lobjet désigné est interdite. Cest donc un travail permanent ? disolation affective ? entre le sujet et lobjet de son désir. Freud rapproche la toute puissance des idées, avec la tyrannie du Surmoi cruel et sadique qui va imposer des choses au Moi. En conclusion, lobsession est une régression de la structure de la libido. Elle subit plutôt lérotisme anal â la génitalité. Ce qui va entraîner un renforcement de la passivité, une régression de lacte â la pensée, et un conflit perpétuel entre pulsion de Mort et pulsion de Vie. A ce stadeon peut accepter cette vision qui colle bien avec la structure sadique-anale de la personnalité obsessionnelle compulsive (POC) et non aux symptômes du TOC. En fait on est loin de retrouver toujours ce type de personnalité chez les sujets souffrant de TOC. Cette confusion systématique entre POC et TOC est une autre faiblesse de la théorie psychanalytique du TOC.
Actuellement on sait que le TOC peut survenir sur nimporte quel type de personnalité et que le lien avec un POC nest jamais nécessaire ! Cependant, certaines perspectives analytiques sont intéressantes permettant de mieux comprendre certaines modalités de personnalité qui peuvent entraver un processus thérapeutique dun TOC : lagressivité contenue, lhypercontrôle, la méfiance, la dépendance ambivalente, la tyrannie imposée â lentourage?
Dhabitude la psychanalyse affirme que les obsessions et les rituels signifient toujours autre chose que leur apparence.
Les symptômes du TOC emploient le mécanisme de déplacement et la défense sopère dabord contre les pulsions agressives (genèse des obsessions), puis contre les obsessions (par lémission des compulsions pour annuler les obsessions). Si Freud avait raison sur la transformation des pulsions agressives en phénomènes obsessionnels, comment alors peut-on expliquer la persistance de limpulsivité au sein des TOC les plus structurés ? Il ne sagit pas du ? retour du refoulé ?, car ce qui est désigné comme ? refoulé ? (pulsions agressives, colère, hostilité), est toujours présent. Il suffit dempêcher un sujet souffrant de TOC de faire ses rituels ou par mégarde parasiter ses rituels, pour constater lintensité excessive de la colère hostile. Pas besoin dêtre expert psychanalyste pour constater les rapports entre le TOC et les phénomènes colériques impulsifs ! Donc les phénomènes de colère et dagressivité ne sont pas refoulés comme la psychanalyse le prétend.
La psychanalyse ne dit pas lorigine de ces phénomènes primaires et les raisons pour lesquelles ces phénomènes sont â ce point importants dans le TOC. On sait que dans le TOC il existe un niveau élevé ? dimpulsivité perçue ? qui est encore plus importante dans les cas associés â une cyclothymie. Ainsi le rôle joué par les dérèglements de lhumeur au sein des névroses et des anxiétés pathologiques a été largement négligé dans la psychanalyse. En effet certains aspects de la cyclothymie sont interprétés comme relevant des troubles de la personnalité (hystérie, état limite, narcissisme?). Lâ aussi on retient une autre ignorance majeure de la psychanalyse !
En 1926, Freud écrivait ? la névrose obsessionnelle est, â nen pas douter, lobjet le plus intéressant et le plus fécond de la recherche analytique. Mais le problème quelle pose nest toujours pas dominé ?. Il émettait lhypothèse dun facteur constitutionnel. En fait, le vrai problème ne vient pas de Freud mais de ses successeurs qui nont rien apporté dessentiel aux idées fondamentales de Freud. Dans la continuité de lhypothèse dune constitution sous-jacente, mes études et dautres ont révélé quune constitution cyclothymique est présente au moins dans la moitié des cas. Dautres travaux sont nécessaires pour explorer la nature constitutionnelle dans la globalité des TOC.
En résumé, les points de faiblesse de la théorie psychanalytique dans le TOC sont représentés par
- linterprétation des compulsions comme des phénomènes secondaires et accessoires par rapport aux obsessions
- la confusion systématique entre personnalité et trouble obsessionnel compulsifs
- labsence de travail sur la nature et lorigine des phénomènes impulsifs et agressifs et surtout la négligence totale du rôle de la cyclothymie
- enfin, les modalités de pratique de la psychanalyse avec son manque de structure et dévaluation, sa passivité, sa focalisation sur lécoute et linterprétation?