Ma cyclothymie : excès, jubilation, susceptibilité, sensibilité, échecs
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie
Je suis un ancien patient du Dr H. auquel jai rendu visite en Juin 2003.
J’ai 39 ans habitant casablanca (Maroc).Il revient au Dr H. d’avoir mis le doigt le premier sur le trouble cyclothymique dont je souffre toujours.Je voulais juste lui dire que je viens de lire son dernier ouvrage sur le dit trouble avec Régis Blain (Cyclothymie,pour le pire et pour le meilleur) Actuellement, je maitrise assez bien le trouble sauf les escès de colère dont je n’arrive pas â m’en défaire. Jai été aussi diagnostiqué comme souffrant de trichotillomanie (arrachage de cheveux depuis 20 ans). Côté médicaments, je prends un comprimé de Depakine 500 Chrono et un comprimé d’ anafranil 25 mg. Je continue â avoir des états dhyperémotivité (des éclats de joie parfois non fondés ou exagérés et des coups de olère souvent hypertrophiés)
Voici mon histoire (en résumé)
Aussi loin que ma mémoire remonte, j’ai toujours eu une manifestation de l’anxiété, â l’âge même de 7-8 ans, je ne pouvais supporter voir par exemple une chaussure retournée ou un bord de tapis défait sans me lever et le remettre â sa place.
D’autres manifestations : J’ai toujours eu des « carbohydrate cravings », c’est-â -dire des envies incontrôlables d’avaler des sucreries, car depuis toujours je demandais â ma mère de m’acheter des beignets â la confiture.
J’ai toujours eu des difficultés â nouer des relations avec le sexe opposé du fait de ma personnalité évitante mais aussi parce l’entourage hors famille avait du mal â me comprendre en tant que personne toujours sur le qui-vive et prêt â dégainer propos désagréables voire insultants et pas forcément justifiés.
Le côté changeant de mon humeur ne s’est manifesté qu’après avoir quitté le cocon familial pour suivre des études dans une école d’ingénieurs et où j’ai dû abandonner la formation â cause de la surcharge de stress que je n’ai pas pu supporter et â propose de laquelle je n’ai su qu’a postériori qu’il s’agissait d’un état d’anxiété généralisé ajouté et des états hypomaniaques.
Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait, et â ma grande détresse et au grand désarroi de mes parents, j’ai consulté un psychiatre peu au fait des méandres de l’âme qui m’a prescrit des antidépresseurs qui n’ont eu aucun effet sur moi si ce n’est l’excès de sommeil qui s’ensuit.
Si on récapitule : pendant les vingt premières années de ma vie, les traits qui ressortent de ma personnalité sont :
- Goût immodéré pour les sucreries
- Difficulté â la sociabilisation
- Susceptibilité tous azimuts, d’où la difficulté de m’approcher
Il a fallu que je subisse un bizuthage des plus sauvages en première d’école d’ingénieurs pour que l’état anxieux qui était le mien auparavant ne s’accentue et prenne des formes nouvelles comme la trichotillomanie ou arrachage de cheveux ce qui m’a encore rendu encore plus évitant envers les gens â cause des pans entiers de mon cuir chevelu découvert.
En fait, je n’aurai jamais imaginé que les quelques moments d’extrême jubilation que je passe avec mon frère aîné associés â des états de tristesse chroniques avec souvent des états colériques qui rendaient mes camarades de classe tout â fait sans voix â mon égard correspondaient â un trouble de l’humeur dûment spécifié dans les manuels de psychiatrie et qui s’appelle la cyclothymie.
Mieux, il était pour moi une ineptie que le manque de concentration dont je souffrait en amphithéâtre eût été un symptôme d’une quelconque forme d’excitabilité nerveuse qui avait pour nom l’hypomanie.
A partir de 24-25 ans, les troubles de l’humeur plutôt négatifs (colères injustifiés, tristesse chronique,) étaient suffisamment courants pour que les appels de mes parents pour â aller consulter se fassent insistants
Combien de fois n’ai-je pas entendu mon, père me dire « Tu n’as pas la joie de vivre, mon garçon» alors que je peux dire que je baigne dans le confort affectif et matériel.
De cette période, jusqu’au moment ou j’ai commencé â prendre des stabilisateurs de l’humeur, c’est-â -dire il y a 5 ans de cela, ma vie était faite d’excès :
- Excès dans mes achats de tous les jours (y compris habits,voyages et cadeaux)
- Excès dans les conquêtes féminines sans lendemain.
- Excès dans une forme de lecture qui s’appelle l’hyperlexie (lire tout ce qui me passe par la tête sans nécessairement en comprendre le contenu).
Ma vie professionnelle n’a pas été mieux lotie que la période académique puisque j’ai souvent fait l’objet de plaintes de mes subordonnées auprès de mes directeurs â cause des changement d’humeurs inopinés et déstabilisants ce qui créait un climat de manque de confiance dans l’entreprise avec pour résultat pour moi des licenciements â répétition.
Je continue jusqu’â l’heure d’aujourd’hui â subir ce rythme infernal d’embauche-licenciement pas pour incompétence mais pour comportement inadéquat au sein de l’entreprise.
Des fois, Je m’en sors passablement bien que j’augmente la dose du stabilisateur de l’humeur.
Il se trouve, la fête n’est pas finie, loin s’en faut, que, face â un écran d’ordinateur, la phase hypomaniaque se déclenche automatiquement si bien que je finis par l’éteindre au bout de 20 minutes de travail face â l’écran.
Il faudrait que je sois en état de jeûne pour que je puisse travailler dans un état quasi-normal.
Ne parlons pas de 20 kilos que j’ai ajoutés â mon poids depuis que je prends les médicaments. D’autres symptômes qui agissent comme des boulets attachés â ma jambe m’empêchant d’aller de l’avant est cette tendance qui est devenue la règle selon laquelle je commence un projet, une activité un programme et je ne parviens pas â le finir.
Par exemple depuis 1999, j’ai crée trois entreprises successivement, et dans tous les trois l’aventure se solde par un échec dû principalement â des difficultés de communication avec les partenaires ( associés, clients, banquiers).
On me reproche mon sens commercial quasi inexistant, mon impatience devant les échéances et mon impulsivité tous azimut.
Au niveau social, malgré mon âge (39 ans), je n’ai pas encore voulu franchir le pas, car chez moi, le mot divorce s’imprime dans ma tête avant même mariage, c’est l’état d’esprit qui prévaut actuellement.
Autre exemple parlant, j’ai â plusieurs reprises plaint auprès de mon voisin de palier des cris de son bébé tellement les cris m’indisposaient.
En fait, chez c’est une hypersensibilité aussi bien visuelle (j’ai déjâ parlé de la lumière de l’écran de l’ordinateur) que auditive.
Avec tout ça, on trouve rarement des moments de bonheur sauf celui de sa famille et ses amis.