03 : Dépression typique ?
31/12/2009
Témoignages > Bipolarité > Ma dépression
Je lui ai demandé quelques explications concernant la dépression. Il m’a appris que c’était une vraie maladie qui pouvait avoir des conséquences dramatiques si elle n’était pas soignée â temps, et que j’en avais apparemment tous les symptômes. Je lui ai demandé si les blocages mentaux qui m’assaillaient continuellement faisaient partie de la maladie et s’ils avaient une explication rationnelle. Il m’a répondu que cela faisait en effet partie de la dépression mais qu’il ne fallait pas chercher â rationaliser ce qui me traversait l’esprit ces derniers temps. En tout cas pas tant que je n’aurais pas les idées plus claires. Pour m’aider â prendre le dessus sur cette maladie, il m’a prescrit des médicaments antidépresseurs en me précisant qu’il ne commenceraient â faire de l’effet que d’ici un mois. Bilan de ce rendez-vous: j’étais bel et bien malade, je n’avais pas â chercher d’explication rationnelle â mon état si ce n’est un dérèglement apparemment biologique, et enfin j’avais des médicaments qui allaient m’aider â m’en sortir. Plutôt positif tout ça. D’autant plus que les médicaments ont commencé â faire leur petit effet trois jours après. J’étais plutôt satisfait même si je sentais bien que sans cela, je n’arriverais pas â tenir le coup. J’ai revu le psy la semaine suivante qui fut plutôt étonné de voir que je me portais bien mieux après si peu de temps. Enfin après tout, tant mieux pour moi.
Les vacances sont ensuite arrivées et j’ai revu le psy. Je lui ai expliqué que globalement je me portais mieux mais que j’avais des sautes d’humeur, que parfois je pouvais me sentir très bien et la minute d’après très mal et que j’étais encore souvent angoissé. Il m’a dit que mon état se stabiliserait d’ici la fin de l’année, ce qui ne m’enchante pas mais au moins, je sais â quoi m’en tenir.
Je me suis décidé â écrire maintenant car ces derniers jours, je me sens particulièrement mal et ce quasi constamment. Je fais plus de blocages mentaux, plus intensément que d’habitude et ça me fait peur. J’ai le sentiment que tout est imparfait, que tout devrait être autrement. Je bloque mes pensées sur des gestes, des idées, des mots, des images, tout et n’importe quoi. Au début je croyais que tout cela avait un lien, que c’était parce que je suis trop maniaque et que chaque fois qu’il m’arrive quelque chose qu’une partie de moi qualifierait de dégradant, je me mets une trop forte pression. Dans mon état actuel, tout prend des proportions démesurées â cause de la dévalorisation que je me fait subir constamment. J’ai l’impression que mon cerveau cherche par tous les moyens â me torturer, â me faire culpabiliser, â me rendre ridicule aux yeux de moi-même. Tout ça, c’est un vrai problème de personnalité. J’ai du mal â me reconnaître dans un miroir, je me répète sans cesse que si les autres savaient, ils me prendraient pour un fou. Je me dit parfois que je ne vais jamais m’en sortir et j’ai peur de ne jamais retrouver un état normal, d’être condamné pour toujours. Et depuis le début, j’ai cette étrange sensation de déjâ vécu, de déjâ ressenti.
Enfin bon un certain nombre de questions resteront certainement sans réponse et il ne faut pas trop chercher â comprendre, je suis malade un point c’est tout. Maintenant que j’ai accepté ma maladie, il faut que je franchisse un nouveau cap, que je guérisse et que je ne retombe plus jamais lâ-dedans. Il faut que je sache que tout ça n’est pas ma faute, que mes proches, mes amis, ma copine sont compréhensifs et qu’il ne m’en veulent pas; que je fasse confiance en la psychothérapie et les médicaments car eux seuls pourront soigner ma maladie. Je n’ai pas â avoir honte: on ne choisit pas d’être malade et pour le moment, j’ai fait tout ce qui était en mon possible pour guérir et retrouver goût â la vie. De plus, je ne m’en sors pas trop mal, et ce â tous les niveaux: je suis toujours avec Mary (même si c’est vrai que ça n’a pas été facile ces derniers temps), je continue â faire mes activités, â sortir avec mes amis, â rigoler. Concernant le lycée, je limite les dégâts pour le moment comparé au peu de travail que je suis capable de fournir. Bref les seules choses qui me restent désormais â faire sont de continuer â me reposer et d’être patient, même si c’est long.
Voilâ, je pense que tout est dit. J’écrirais de nouveau d’ici quelque temps pour faire le point sur mon état. En tout cas, cela m’a fait du bien de vider mon c?ur, de mettre des mots sur ma souffrance. Je ne sais pas si j’irais mieux grâce â cela mais sur le coup, ça procure un certain soulagement...