08 : Lueur despoir
31/12/2007
Témoignages > Comorbidité > Mon combat contre les TOC
Dès lors je me suis sentie très seule et inutile. Jai laissé les tocs semparer de moi.
Je ne faisais plus rien car tout me prenait des heures. La déchéance a été jusquâ lévitement de ma toilette. Lâ javais vraiment touché le fond. Mais quand on sait que lon va passer une heure pour faire une douche on rentre â reculons dans la salle de bain. Cest tout le paradoxe de cette maladie car lhygiène était fondamentale pour moi. Jutilisais des lingettes pour me nettoyer.
Mon conjoint continuait sa vie. Je lui imposais quelques règles peu contraignantes comme ne pas mettre fort la télévision, revenir plus tard de son travail. Je devais absolument être seule pour faire quelque chose le jour où jen étais capable et surtout ne pas être interrompue dans mon action par quoi que ce soit. Par exemple, pour ne pas entendre le déclenchement de ma chaudière dans la cuisine, je coupais le chauffage. Je restais lhiver avec 10° dans ma maison. Je mendormais tard devant la télé et donc me levais tard. Jétais complètement décalée par rapport â une vie normale : je prenais le petit déjeuner vers midi et un seul repas celui du soir. Le reste de la journée se passait en vérifications mentales puisque je navais plus du tout confiance en mes gestes. Ma mère nous faisait nos repas, soccuper du linge, du ménage et des courses. Quelquefois mon ami laidait .
Une lueur despoir enfin est apparue au cours de lété 1998.
Jai regardé une émission sur France2 de Jean-Luc DELARUE. Les invités témoignaient â propos dune maladie appelée les troubles obsessionnels et compulsifs (TOC). Quelle ne fut pas ma surprise quand je me suis rendue compte que ce quils décrivaient était la même chose que ce que je vivais depuis 7 longues années sans pouvoir mettre un nom dessus et ne pouvant en parler de peur de passer pour folle ! Javais donc cette maladie comme des millions dautres personnes en France et dans le monde. Je nétais plus seule et on nallait pouvoir me soigner. Malheureusement je ne pourrais pas changer le regard des gens qui dès linstant où vous parlez de maladie psychique vous regardent comme si vous sortiez dun asile de fous furieux !
Il est triste et navrant de considérer les maladies du mal-être (comme également la dépression, lanorexie, lalcoolisme, etc.) aussi mal. Comment sétonner alors que la deuxième cause de mortalité chez les jeunes soit le suicide ?
Nous sommes peut-être â lapogée de la communication mais je trouve que les gens nont jamais été aussi éloignés les uns des autres ! Après avoir vu cette émission je me suis mis â collectionner tous les articles de presse et â enregistrer les reportages qui avaient un rapport avec les tocs. Cest dire â quel point jai souffert de ne pas pouvoir expliquer mon mal.
Un grand pas venait dêtre franchi en matière dinformation du public. Cependant le nombre de spécialistes compétents étant dérisoire et les structures daccueil pratiquement inexistantes je nétais pas tout comme les autres malades au bout de mes peines. Une Association appelée lAFTOC sétait créée pour apporter un soutien téléphonique â ses adhérents et un petit journal trimestriel avec les dernières informations sur la maladie leur était envoyé. Je me suis empressée dadhérer. Cela me fut dun grand réconfort bien que je ne téléphonais jamais.