12: Lien avec mon caractère perfectionniste ?
20/11/2010
Témoignages > Bipolarité > Ma dépression
Enfin, il y a cet événement traumatisant de ma petite enfance, lorsque je me suis fait violer. Tout ce dont je me souviens et ce que mes parents mʼen ont rapporté, cʼest que ? le grand Vincent ?, fils de ma nourrice, nous avait forcés ma s?ur et moi â lui faire des caresses buccales sur le sexe, que jʼavais dit â ma mère un soir en rentrant quʼil était arrivé quelque chose de mal mais que je nʼavais pas le droit dʼen parler, et que cʼest ma soeur qui avait fait un soir éclater la vérité lorsque elle avait dit en mangeant une banane: ? Oh! On dirait le zizi du grand Vincent! ?. Cela me fait bizarre dʼy repenser et encore plus de lʼécrire noir sur blanc, car les souvenirs sont si confus que cela me semble presque irréel. Je garde seulement une image très floue du grand Vincent installé dans le canapé du salon, baissant son pantalon et nous obligeant â faire ce quʼil demande, tout en me menaçant de me frapper si jamais je le répétais â quiconque.
Je ne pourrais pas lʼassurer, mais il est possible quʼil mʼait frappé plusieurs fois pour être certain que je ne répète â personne ce quʼil nous infligeait, ne sʼen prenant pas â ma s?ur car il savait quʼelle était trop petite pour comprendre la gravité de ces actes. Je nʼai jamais pensé jusquʼici que cet événement pouvait avoir un lien avec ma dépression. En effet je nʼy pense jamais, principalement parce que je ne mʼen souviens pas. Ce nʼest ni pour moi ni pour ma s?ur un événement particulièrement marquant, sûrement parce que nous étions trop petits et que ça nʼa pas duré longtemps. Quoi que, â la différence de ma s?ur, je savais pertinemment que ce quʼon nous infligeait nʼétait pas normal. Ce qui est sûr en tout cas, cʼest que cet événement est beaucoup plus marquant pour mes parents, et quʼâ lʼépoque ils mʼont fait promettre de ne plus jamais leur cacher de telles choses, quʼil fallait que je parle si quelque chose nʼallait pas, quʼils feraient le nécessaire pour me protéger même si je me sentais menacé mais que pour cela, je devais leur parler. De cela aurait pu naître en moi lʼidée que je ne dois rien leur cacher, au sens propre du terme, ni â eux ni aux autres, et que cela ait évolué en un besoin permanent de dire la vérité pour mon propre bien-être. Cʼest une théorie purement spéculative, mais ça tient tout â fait la route, même si jʼai du mal â faire le lien avec mes obsessions de lʼordre et de lʼhygiène. Je rattache plutôt ces dernières â mon caractère perfectionniste, qui est un des traits de ma personnalité mais qui ne mʼont jamais empêché de vivre normalement par ailleurs. En effet, jʼai toujours été quelque peu maniaque pour de nombreuses choses, mais rien de bien embêtant et cela ne mʼa surtout jamais empêché de vivre en accord avec moi-même. De plus, ce besoin de dire la vérité constamment nʼexiste plus aujourdʼhui, et jʼai compris depuis bien longtemps que le mensonge aide â se sortir de bien des situations dans la vie.
Alors, quelles conclusions tirer de tout cela? Peut-être ma dépression a t-elle un lien avec ce caractère perfectionniste et maniaque sur les bords, ou peut-être avec lʼimportance que jʼaccordais â dire la vérité dans mon enfance? Peut-être les deux â la fois, ou lʼun qui influe sur lʼautre? Mais peut-être également cela nʼest que purement biologique, ce qui dans ce cas signifierait que seuls des médicaments peuvent mʼaider â vivre normalement? Ce ne serait pas étonnant vu que ma grand-mère maternelle est maniaco-dépressive depuis des années, que mon père est de nature plutôt anxieuse et que ma mère est un peu maniaque sur les bords elle aussi. De lâ â dire quʼils ont déteint sur moi, il nʼy a quʼun pas.
Quoi quʼil en soit, je considère aujourdʼhui que je nʼai pas souffert tout ce mal pour rien, que je mérite de mʼen sortir définitivement, de vivre épanoui ma vie dʼadulte et de mettre toutes les chances de mon côté pour mener â bien mes projets futurs. Et Dieu sait quʼils sont nombreux. Et quʼils font que je me sens vivant, plein dʼentrain lorsque je vis normalement. Jʼai dʼailleurs lʼimpression que paradoxalement, depuis que je suis tombé malade, les phases longues de rémission qui mʼont permis de limiter considérablement les dégâts, ont été parmi les plus épanouissantes de ma courte vie. Jʼen viens parfois â me complaire dans lʼidée que je suis tombé malade pour évacuer ce qui mʼempêche de vivre en toute confiance et sérénité en lʼavenir. Que ce que jʼai décrit tout au long de ces pages était nécessaire, que sans la maladie un certain poids aurait continué â peser sur ma vie dʼadulte. Je suis prêt aussi â accepter que cʼest une maladie dʼorigine génétique, avec laquelle je devrais vivre jusquʼâ la fin de mes jours, â suivre un traitement pharmaceutique toute ma vie pour limiter les dégâts, mais je veux quʼon me diagnostique ce quʼil faut, quʼon me traite comme il faut de façon â stabiliser mon humeur, â vie sʼil le faut. Je veux me sortir de cette dépression qui nʼen finit pas, et par lâ même mettre toutes les chances de mon côté pour réussir dans la vie! Jʼestime que par cet écrit, jʼai fourni le travail le plus abouti qui soit et que jʼai prouvé â mon entourage, â mes médecins et â moi-même que je suis plus que déterminé â mʼen sortir. Je ne veux pas dʼun ? déclic provisoire ?, comme ceux qui mʼont permis de reprendre une vie normale par le passé. Car jusquʼâ présent, jʼai lʼimpression que je nʼai fait que ? refermer le couvercle ? provisoirement. Je ne veux pas vivre en sursis. Je veux une solution définitive, et si elle nʼest toujours pas â ma portée alors que je finis dʼécrire ces lignes, alors je ne peux définitivement plus compter que sur lʼaide des médecins pour mʼen sortir...