Cet article explique toute la TCC qui a été mise en place pour une patiente souffrant d’un TOC d’intensité sévère.
Le 20 octobre 2007, Elodie arrive à sa troisième séance avec un bon moral, mais fatiguée. Elle s’est disputée avec une de ses soeurs qui ne supportent plus ses TOC, ce qui rend toute cohabitation impossible quand elles se voient. "Elle croit que cela marche uniquement avec la volonté, que c’est aberrant ! Je la trouve hautaine dans ses jugements." Je lui propose d’expliquer à sa soeur qu’elle comprend qu’elle puisse en avoir marre, qu’il faut reconnaître que les TOC font souffrir la personne qui en est atteinte mais aussi l’entourage, et que bien souvent la souffrance de l’un annule celle de l’autre, ce qui est dommage quand la personne souffrant de TOC a besoin de soutien, et dommage aussi quand l’entourage exaspéré peut être ce soutien. Je lui suggère de dire "Oui, tu as raison, c’est aberrant et exaspérant, je sais que tu souffres de me voir comme cela. Mais ne t’inquiète pas, je commence une thérapie, ça va avancer. J’ai besoin que tu m’accordes encore un peu de patience. Ce n’est plus comme avant où je n’étais pas du tout suivie." Elodie me dit qu’elle y réfléchira.
Nous passons aux exercices qui étaient proposés la semaine dernière.
laver les wc en sortant de ceux-ci, à reculons, plutôt que le faire entre deux douches : Elodie me dit que c’est un gain de temps et que cela lui permet d’effacer les particules immédiatement, elle trouve donc cela très bien. Second avantage pour elle : faire du ménage quand on est sale est moins dramatique et angoissant que quand on vient à peine de se laver et qu’on doit se resalir, elle n’a plus l’impression d’un lavage pour rien, parti en fumée à peine terminé.
Passer en conséquence à une seule douche : "cela me paraissait impensable il y a une semaine de ne pas prendre une seconde douche, mais comme j’ai lavé le couloir, j’ai fait sauter la seconde douche sans difficulté. J’ai gagné 40 minutes par jour !". L’anxiété est montée pendant une demi heure à l’idée qu’elle ne pourrait pas se relaver, puis est redescendue.
Utiliser une seule serviette : aucun souci.
Je propose les exercices suivants à Elodie et lui demande ce qu’elle en pense, si cela est réalisable :
mettre ses chaussures seule pour sortir, même si elle doit se contaminer, en se disant que de toute façon elle va se contaminer dehors
laisser son copain l’aider à mettre les courses sur le tapis de la caisse
laisser son copain l’aider à les remettre dans le chariot
ne pas se laver les mains au retour des courses
ranger les courses sans les nettoyer
garder la douche après les courses
contaminer du linge propre avant de se laver les mains
toucher les portes et lumières de l’immeuble
ne pas laver les mains en dehors de la nourriture des chats, les poubelles et des fins de repas
Elodie est d’accord pour attaquer ces exercices. J’ai conscience qu’ils sont compliqués, mais cela nous permettra aussi de voir quelles sont les capacités d’apprentissage d’Elodie et les difficultés à contourner la semaine prochaine. J’ai aussi envie de profiter de la bonne nouvelle sur la douche pour que cela lui serve d’étalon de comparaison sur tout ce qu’elle va entreprendre "Si j’ai été capable de cela, qu’est ce qui peut me retenir ?".