01: Je suis une cyclo qui procrastine
31/12/2008
Témoignages > Comorbidité > Plus tard...
Pourquoi les bipolaires cyclothymiques procrastinent-ils ?
Dans mon salon, il y a un coffre en bois magnifique : il appartenait â mes grands-parents. Quand ils ont quitté lItalie au début des années 50, cest un des rares objets quils possédaient et quils ont emmené avec eux. Maintenant, il est â moi. Jy tiens beaucoup.
Cest pour ça que jy empile le linge que je dois repasser. Je suis en train de le regarder justement, le linge, pas le coffre. Je sais quil faut que je repasse. Personne ne va le faire â ma place. Je sais quil faut que je le fasse pour plein de bonnes raisons :
- Ca sert â rien de faire tourner des machines, de polluer la planète avec de la lessive, détendre son linge, de le ramasser, de le plier, pour ensuite le poser et le laisser compter les moutons de poussière sur un vieux coffre en bois.
- Je nai presque plus de fringues â me mettre
- Vu que jhabite dans un petit appartement, quand quelquun passe me voir, la personne en question entre directement dans le salon et moblige donc â user de subterfuges soit pour transporter ma pile de linge ailleurs, soit pour vite jeter un plaid sur cet amas de tops, chemises and strings and shorty !!
- Comme je lai déjâ dit, personne ne va le faire â ma place.
- Jadore repasser, oui, oui, une fois que je my mets, je minstalle devant la télé et je suis tranquille : jadore !
- Je suis fière de moi quand je mène une action â son terme : je mets dans la machine, jétends, je ramasse, je repasse, je range, je ferme larmoire. Terminé. Mission accomplie. Je suis une femme merveilleuse !
Oui mais voilâ ?je suis une femme merveilleusement cyclo.
Par conséquent, il y a aussi plein de (très) bonnes raisons pour ne pas me débarrasser de ma corvée de repassage :
- Vu que jhabite dans un petit appartement, pour installer ma planche â repasser, il faut que je pousse les fauteuils et range ce quil y a sur la table basse parce que cest lâ que jy pose ce qui est ensuite propre, repassé, plié.
- Ma planche â repasser est dans un petit cagibi, derrière laspirateur. Donc, pour attraper la planche, il faut que je pousse lescabeau, sorte laspirateur, prenne la planche, remette laspirateur et lescabeau. Il faut dailleurs que je range ce cagibi?plus tard. Donc, cest un peu Fort Boyard pour chercher et installer le matériel nécessaire.
- Quand je pense â tout ce quil faut que je fasse avant même de brancher le fer, je suis fatiguée et découragée davance. On peut donc raccourcir et dire que si mon coffre est envahi de linge â repasser cest parce que je réfléchis trop.
- Je me dis que ma mère va peut-être passer et quelle aura pitié de moi alors?
- Même si je suis cambriolée, personne ne va me piquer mon linge?de même dailleurs pour le ménage, le tri des papiers administratifs, les rendez-vous de contrôle â prendre chez le gynéco (je ne me souviens plus en quelle année jai fait mon dernier frottis), le dentiste, le garagiste?etc?etc?cest comme ça pour tout?.
A chaque action simple et routinière quil faut faire dans la vie parce que personne ne va le faire â ma place, je réfléchis tellement â pourquoi ? quand ? comment ? pourquoi pas plus tard ? que, du coup, je me fatigue â y penser autant, je perds un temps fou â tourner en rond â , apparemment, ne rien faire. Résultat, je dépense de lénergie pour rien, je me retrouve ensuite débordée, paniquée, en me disant que cest la dernière fois et quâ partir de maintenant je vais être une femme merveilleuse et organisée.
A suivre.... Plus tard...