03 : moi et les autres
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Chroniques dune cyclothymique
Rock and Roll...Ma vie est rock and roll.
Je sens que je fais peur. Je fais peur aux autres, ils menvisagent comme une tarée. Possessive, impulsive, désespérée, radicale, en demande dattention perpétuelle...
Ya quâ raconter ce qui cest passé avec ma petite Ambre par exemple.
Je lai connue quand elle avait huit ans, jétais sa babysitter. 15 ans de différence et pourtant une complicité innée. Une sorte de petite soeur adoptive. Elle a grandi, partagé mes confidences délirantes. Je me suis déjâ retrouvée â lui demander conseils sur ma vie sentimentale, â une gamine de huit ans ! Je le fais souvent ça. Jécoute les enfants me donner leur avis. Je leur parle comme â des adultes, enfin jadapte mes mots pour quils comprennent.
En général, ils ont cette franchise qui me permet dy voir clair.
Cest très égoâ?ste de ma part finalement. Et Ambre a cette sincérité déconcertante â écouter et conseiller. En deux phrases, elle pige de quoi je veux parler. Mais Ambre est partie elle aussi. Sans explications, après 9 ans de complicité. Jignore la vraie raison. Je suppose quelle ne pouvait plus prendre ma douleur en pleine gueule. Je lui en veux pas, jaurai certainement fait pareil depuis longtemps.
Les seuls amis qui me restent cest ceux que je nai pas dégagés et ceux qui ne mont pas fuie.
Car je dégage pas mal aussi, faut dire.
Je suis assez radicale dans mes décisions. Jai aucun scrupule â être méchante des fois. Au contraire.
Cest pas pour ça que je ne suis pas sentimentale et que joublie définitivement les gens : mais je tire un trait.
Lâ par exemple, je viens de faire le vide dans mon répertoire de téléphone.
Jai viré tous ceux qui répondent jamais présents, qui sont pas disponibles, ceux qui me fuient, ceux que je fréquente mais que je déteste. Bref, jai fait le ménage. Il ne reste plus grand monde. Plus les années passent et moins jai de monde autour de moi.
Pourtant, je pense avoir besoin des autres.
Mais je suis maladroite.
Je sais pas comment faire pour avoir des amis. Je crois que mon problème, cest que quand jaime bien quelquun, jaime bien le voir souvent. Donc les gens pensent que je suis possessive et ça leur fout la trouille.
Je comprends rien. Pourtant quand je regarde des séries comme Friends ou Sex and the City, cest toujours des personnages qui traînent tout le temps ensemble, qui forment un groupe soudé, toujours lâ les uns pour les autres.
Alors quest-ce qui cloche chez moi ?
Jai eu plein damis mais â chaque fois, ça se termine mal.
Enfin, cest vrai quâ chaque fois cest moi qui tire un trait. Mais cest eux qui déconnent au départ. Ils mettent de la distance, on fonctionne pas sur le même mode. Eux cest plutôt chacun pour soi et moi je suis une vraie éponge quon presse rarement.
Jai une grande patience mais, une fois que cest fini, cest fini.
Clément me dit que je veux toujours quon me dise ce que je veux entendre...
Mais cest faux.
Je pense juste que dans lamitié, on doit se soutenir, pas se tirer dans les pattes. Essayer de se mettre â la place des autres, de les comprendre, cest ce que je fais mais les autres ne le font pas avec moi. Ils ne me comprennent pas, ils me fuient avant.
Je suis ce machin un peu bizarre, spontané qui nhésite pas â raconter sa vie avec sincérité en pensant être touchante, mais finalement jobtiens souvent leffet inverse. Les gens prennent peur devant autant de franchise, il me prennent pour une cinglée.
Je ne fais pas dans la demi-mesure, je suis entière. Je narrive pas â être une personne mesurée. Je ne suis pas en nuance, je suis radicale apparemment.
Cest sûrement pour ça que je me sens si seule.
Personne na jamais encore comblé mon besoin affectif. Je cherche mais je tombe toujours sur des gens qui savent pas comment me gérer et qui fuient.
Et plus ils méchappent, plus je maccroche, enfin, jusquau moment où jai atteint le seuil de saturation de tolérance et lâ je raye définitivement.
Cest triste cest vrai, mais jai le sentiment que jai fini par madapter â cette situation, je suis si souvent seule avec moi-même que jaurais tendance â dire que je me suffis â moi-même.
Il y a du bon, dans mon dégoût de la solitude.
En ce moment jai un job alimentaire .Je rentre du travail â 16h45.. Je me déshabille, je me met en pyjama. Je grignote un truc. Je monte dans ma chambre avec mon chat. Je me couche.
Je me force â dormir pour oublier que je suis seule.
Jattends que le temps passe. Il passe.
Je me lève, je redescends, je mange, je remonte, je regarde au mieux un début de film. Jéteins, je me couche. Il est 21h30.
Variante :
Je me couche, jallume MSN, jattends que Jacopo se connecte. Au mieux, il est en ligne. Il mignore. Je lui parle, il ne me répond pas.
Jattends...Il finit par se déconnecter.
Jéteins, je dors dégoûtée.
Cest pas toujours aussi dramatique ; des fois, je sors. Mais je me fatigue vite. Sauf avec Jacopo. Mais cest tellement rare quon se voie...
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Commentaire de Delphine
Posté le 29 / 09 / 2008
Je ressens la même chose, les gens qui menvironnent aussi. Mes seuls amis sont ceux de mon mari, heureusement quils sont supers. Aujourdhui, lorsque je rencontre quelquun, je prends ce que lon me donne, comme un chat affamé â larrière dun resto qui sait quil ne peut pas approcher trop près avant la nuit. Cela déroute autant les gens que de rentrer dans le resto et commander un repas â la carte. Cest dommage, parce que si lon me disait "tu me colles trop lâ , laisses-moi un peu et reviens plus tard", je comprendrais, je me retirerais pour quelques temps ou je serais moins collante. Je suis une super copine : généreuse, disponible même pour les corvées,fidèle ... Par contre les inconnus adorent sépancher sur mon épaule, comme si ma difficulté â vivre me désignait comme la meilleure des écoutes. Suis-je si transparente que cela ? Par contre mon sourire arrête les gens dans la rue et ils me parlent, me sourient, me remercient avec chaleur pour une indication donnée avec une franche bonne humeur.