Une thérapie pour TOC : Elodie 0
31/12/2008
Anxiété / TOC > Thérapie individuelle pour le TOC
Nous allons vous présenter au fil des semaines la totalité des séances de la thérapie menée avec Elodie, afin de vous éclairer sur comment cela fonctionne une fois que la porte du bureau du psychologue se ferme. Nous espérons ainsi que la Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) vous sera plus familière, plus compréhensible, et que vous pourrez vous inspirer des exemples donnés dans ces séances pour avancer dans la guérison de vos troubles.
Nous avons choisi le cas d’Elodie pour plusieurs raisons :
Elodie nous a surpris avec sa capacité rare à faire chaque semaine bien plus d’exercices qu’il n’est pensable pour un thérapeute TCC, la mesure et l’aspect progressif étant la base de toute thérapie comportementale. Vous verrez dans les prochains articles ce qu’Elodie a pu mettre en place avec brio.
Pour ce premier article, voici le courrier qu’elle nous avait adressés pour expliquer ses symptômes.
"Dans mes souvenirs conscients, il apparaît que dès l’âge de 5 ou 6 ans j’ai été sujette à de l’anxiété, des angoisses et aux TOC. J’ai commencé alors â organiser mon quotidien autour de rituels de type vérification (ordre, symétrie, sécurité, organisation et rangement), comptage, collection (collecter les copeaux de bois et les mines des crayons taillés, les bouts de papiers, ), répétition d’une action ou d’une phrase un certain nombre de fois.
J’accomplissais également des rituels magiques qui me permettaient de m’assurer que mes proches ne mourraient pas dans la nuit, tel que toujours dire "à demain" comme dernière parole à tous les membres de ma famille avant le coucher. Ce TOC ne m’a jamais quitté jusqu’alors.
Enfant, cela me semblait normal d’accomplir mes rituels même si j’étais consciente de me les imposer sans pouvoir y déroger (caractère obligatoire des TOC). Je ne me sentais pas malade et pourtant je me cachais ou je me relevais la nuit pour accomplir mes rituels.
A l’adolescence (entre 13 et 16 ans), ils sont devenus plus contraignants, j’ai souhaité m’en défaire sans pourtant y parvenir. Certains rituels ont disparus au profit d’autres, certains sont restés en l’état.
A partir de 17 ans, ils se sont organisés surtout autour de l’hygiène corporelle, du lavage et de la désinfection de mon corps et de mon environnement.
Auparavant les compulsions étaient plus prononcées que les obsessions. A présent, les pensées obsessionnelles sont permanentes et leurs thèmes récurrents (peur d’être contaminée par des bactéries, des mycoses, etc. , peur d’être en contact avec mes selles ou celles d’autrui, peur de vomir, peur de voir quelqu’un vomir ou uriner, peur que quelqu’un tousse, postillonne, éternue ou parle en ma direction, peur des lieux publics, des transports en commun, peur que quelqu’un me touche, me bouscule, peur d?être blessée). Ces obsessions existent même dans mes rêves. Elles ont des conséquences sur mon comportement vis-à-vis d’autrui : je fuis le contact, la relation, je ne reçois personne â mon appartement, je ne parviens plus â aller chez quiconque, je me coupe de ma famille et du monde extérieur. Je souffre de cette situation au quotidien et j’en arrive â penser que ma fin sonnera la fin des souffrances que je m’inflige ainsi qu’à mes proches.
Pour ce qui est des compulsions, l’accomplissement des rituels me prend environs 7 heures quotidiennement, ainsi notamment : j’utilise des solutions antiseptiques moussantes pour mes douches quotidiennes (de 3 à 5 heures) et le lavages des mains. Il m’arrive de me laver l’intérieur de la bouche avec du Cytéal. J’utilise un produit hospitalier pour laver les sols, les meubles, les objets, les clenches et les interrupteurs (je ne peux plus toucher les clenches et les interrupteurs).
Je ne consomme que des produits que j’ai moi-même choisi, toujours les mêmes. Je ne manipule ni ne prépare la nourriture moi-même. Pendant plusieurs mois je n’ai consommé que des aliments qui ne tachent pas, ne collent pas, et n’ont pas d’odeur (biscottes, biscuits secs et thé). A présent j’y ai ajouté en moyenne un repas tous les deux jours (légumes et viande). Je ne "sorts" à l’extérieur que pour faire les courses ou me rendre à mon rendez-vous hebdomadaire avec mon psychiatre.
Il y a des pièces et des meubles interdits dans mon appartement (pièces " sales"). Le linge est systématiquement lavé deux fois avec une lessive antibactérienne et un additif bactéricide et fongicide.
Je compte également (par exemple: cogner mes dents les unes contre les autres de droite à gauche et inversement par séries de 4 fois 4, raidir mes muscles jambe droite puis jambe gauche sur le même modèle).
Je sollicite mon compagnon pour l’accomplissement des rituels. Il m’aide même si nous savons tous deux que c’est néfaste. Il dit ne pas être en mesure de me laisser dans ma détresse pour mes TOC les plus forts en tout cas.
Pour ma part, si quelqu’un s’oppose à l’accomplissement d’un rituel, me refuse son aide ou interrompt le rituel, j’ai des comportements tels que :
Mon parcours de vie à été marqué par des difficultés importantes (de nombreux deuils dans ma famille proche, la toxicomanie dʼun des mes oncles, la séropositivité dʼun autre, une agression, etc. ) qui, selon moi, ont favorisé la survenue des TOC, ou les ont renforcés. Ces éléments de mon histoire, j’en suis consciente, ont certainement été à l’origine de mon anxiété et des angoisses qui m’assaillent aujourd’hui encore et que je n’ai pas été en mesure de surmonter. Cependant, être consciente de cela ne me permet en rien de modifier mon comportement compulsif ou de lutter contre mes obsessions."