19 : mon quotidien ne ressemble plus â rien
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Chroniques dune cyclothymique
Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.
Le dermato m’a demandé si j’avais un désir de grossesse… Le dermato !
Je lui ai dit que oui, mais que cela relevait du domaine de la science-fiction actuellement. Il en a alors conclu que j’étais célibataire.
Tout le monde me renvoie cette image de pauvre fille encore seule â 32 ans. Non seulement elle a des tocs, mais en plus elle est seule comme une chienne, elle a de l’acné et des kilos en trop…
Mes règles me manquent.
Putains de médicaments. J’ai du mal â les avaler, j’ai l’impression que mon gosier se rétrécit quand je les avale chaque matin. Des fois, je m’interroge et je me demande comment je serais sans tout ça, si ça serait vraiment pire ?
Bougie Dyptique au figuier, ambiance réconfortante qui me permet d’accepter un petit peu mieux ma situation.
Mes cheveux sont violets depuis quelques semaines, je me sens vraiment bien dans cette couleur. Envie de me faire une frange, mais j’hésite car Jacopo me trouve mieux sans.
Peut-être qu’en le faisant quand même… Si j’arrive â me construire une autre personnalité que celle que je crois qu’il pourrait désirer…
J’aurais voulu perdre plein de kilos avant le retour de Jacopo et je constate avec dépit que je n’ai aucune volonté. Je craque vraiment super facilement pour un Brownie, une tarte aux pommes, le Latte du Starbucks…
Je ne comprends pas, avant, l’amour me motivait pour maigrir, pour plaire. Qu’est-ce qui se passe ? Suis-je devenue trop vieille pour ses conneries ?
Je cède, j’appelle Clément pour le voir.
Je me donne deux orgasmes coup sur coup. Paradis sur ma planète. Je me dégoûte systématiquement après.
Je me questionne sur le fait d’assumer ma solitude, ou d’assumer l’amour.
Je pense ne pas être faite pour être seule et pourtant dès que je suis entourée, j’ai envie de me retrouver en paix.
Quand je suis seule, je pleure sur mon épaule.
Je me demande â quoi pourrait ressembler un quotidien avec Jacopo. Tout de suite, je prends peur, mais de quoi ? Dire que je l’aime, ça me dépasse. Je ne peux plus. J’ai envie d’entamer un autre virage avec lui. Celui ou ce sera â lui de me le dire.
Soudaine crise d’angoisse, mon ventre se rétrécit d’un bond. Envie de pleurer, de me jeter dans les bras de Jacopo pour qu’il me calme. J’ai peur qu’il ne réussisse jamais â m’aimer. Que mes rêves restent en lévitation et ne me servent juste qu ‘â espérer toute une vie en vain.
Je marche et je me dis qu’il faut que j’essaie d’être optimiste pour mon avenir avec Jacopo, quel qu’il soit. Me dire que les moments que je vis sans lui n’ont pas besoin d’être triste car bientôt, d’autres instants magnifiques m’attendent certainement. Des moins bons aussi, mais d’autres splendides assurément.
J’aimerais avoir assez d’argent pour m’habiller dans cette petite boutique très jolie qui s’appelle L’Est Rose. Je trouve leurs fringues absolument magnifiques et en phase avec moi.
L’UGC ciné cité des Halles est mon QG. Parfois je m’y rends avec mélancolie, parfois avec une réelle envie. Je croise des gens sans les regarder.
Dans la rue un homme m’a dit qu’il me trouvait très très belle. Me sens insultée car me trouve immonde, n’ai fait aucun effort particulier pour cacher mes boutons.
Je suis allongée, lasse et fatiguée. Je dors. La tristesse m’endort. Je me réveille toujours aussi seule et perdue face au « rien ».
Aucune réponse â mes envois spontanés de scénario. Autant d’histoires sorties de ma tête pour remplir les étagères poussiéreuses des prods.
Finie la motivation, plus envie d’écrire pour rien. Ils n’ont qu’â tous aller se faire foutre avec leur cinéma débile.
Je m’isole dans les salles obscures et je croise beaucoup de solitude.
Mais je me sens unique en mon genre. Parce que lorsque je rallume mon téléphone portable, j’attends toujours que quelqu’un m’ait laissé un message.
Jacopo est un fugitif.