08: Quelle est la part de la génétique dans tout cela ?
31/12/2008
Témoignages > Cyclothymie > Moi, ma cyclothymie...Moi ?
Lorsque mes relations ? foiraient ?, je trouvais cela injuste. Jen voulais â mes amis de ne pas arriver â me suivre, de ne pas me ressembler, de ne pas faire la part des choses entre mes apparences, et ce que je suis. Pour moi, ils devaient maimer tellement quils devaient presque arriver â lire dans mes pensées, â tout deviner, â anticiper mes désirs. Jai toujours fini par les haïr de ne pas y arriver, comme si cétait de la haute trahison, dès lors que je sentais quils séloignaient.
Je trouve que le cyclothymique ressemble beaucoup â un enfant gâté. Je continue de ne pas être sure, dailleurs, que tout ce que je suis ne relève pas uniquement de cela. Longtemps mes parents ont tout fait pour moi. Quand jétais petite ma mère ne travaillait pas, et jétais tout le temps avec elle. Parfois jai limpression que toute la maladie a découlé de lâ : je passe mon temps, vainement et par vanité, â lui chercher un(e) remplaçant(e), pour ma vie dadulte. Où serait la génétique dans tout cela ?)
Depuis que jai grandi, mûri, appris, jai donc mis de leau dans mon vin. Je sais maintenant que quand je rencontre quelquun, quand jarrive dans un groupe, il faut que je fasse attention â comment je réagis, comment je me comporte.
Mais â lheure actuelle, cela ne change pas grand chose. Maintenant je nessaye plus de jouer avec mes cartes, car je sais que ma main nest pas bonne. Du coup, je suis seule aussi. Où est le progrès ?
Quand je regarde le numéro de téléphone de quelquun, mon cerveau a déjâ écrit la suite de lhistoire : tu vas appeler, tu ne vas pas savoir quoi dire et du coup ce sera nul, ou bien tu vas dire nimporte quoi et du coup il(elle) ne taimera pas, ou bien tout va bien se passer et du coup tu voudras être sa meilleure amie.
Dans tous les cas, cest décevant, cest dur, cest douloureux, alors je nessaye plus rien. Mon plus grand rêve est dêtre comme mon mari : ne pas avoir besoin de la compagnie des autres, ne pas avoir peur dêtre seule (aimer être seule !). Dans ce cas-lâ , arriver â rien ne me ferait pas de peine.
Heureusement, il y a lécriture.
Plus le temps passe, et plus jaime écrire. Mieux : alors quau départ cest pour moi que je le fais, alors que je ne me pose aucune question sur ce qui va advenir, tout ce que jécris touche les autres, et ils me comprennent? enfin.
Alors que je déguise constamment mes paroles, mes émotions, mes réactions, tout ce que jécris est toujours cent pour cent honnête et juste. Il ny a quen me lisant quon peut savoir qui je suis.
Dans ma vie, il y a donc du nouveau : parce que jai cette façon de me livrer jai réussi â trouver des personnes qui savent ? comment je fonctionne ?.
Il y a, bien sûr, mon second amour, â qui jécris chaque soir et qui me répond (quand il peut) de longues lettres enflammées. Et puis M., mon amie, ma collègue â quelques bureaux de moi, mais avec qui jéchange de longs messages désespérés sur la hiérarchie, la vie, les garçons. On sécrit chaque soir également, sans quelle ne se soit jamais lassée de ces échanges avec une gamine de vingt ans de moins quelle, alors que cela demande beaucoup de temps, de patience, dénergie, dinvestissement? damour, tout ce que jexigeais auparavant sans lobtenir.
Et puis Régis a bien fait les choses : il a fait circuler mon témoignage, et aujourdhui tout ce que je raconte (ce que je continue dappeler ? mes élucubrations littéraires égocentriques ?) sert peut-être â quelque chose, ou quelquun.
Je peux même correspondre avec dautres personnes qui sont cyclothymiques, comme moi. Je peux lire dautres témoignages, sur le site du CTAH.
Je raconterai plus tard la suite des évènements, ces nouvelles rencontres. Tout allait mieux, sauf quil a fallu que jaie envie dorganiser ma soirée danniversaire?