Les cyclothymiques sont-ils à ce point difficiles à soigner ?
30/12/2007
Auteur : Dr Hantouche
Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Traitements
Le clinicien doit s’adapter aux manoeuvres interpersonnelles : manipulation, séduction, souci de plaire, sensibilité au rejet, tester les limites du thérapeute Donc, on s’attend à une probabilité élevée de contre-transferts positifs ou négatifs. Il est impossible de garder une attitude neutre face aux cyclothymiques, surtout que les patients ont besoin d’une attitude chaleureuse, empathique et active du thérapeute. Toutefois tout devient moins complexe quand on accepte la cyclothymie et on s’intéresse à son profil psychologique. Et à partir de cette étape, il devient important de savoir ce qui vient de la personne du patient et ce qui est lié à la cyclothymie.
Il n’est pas étonnant de constater qu’un nombre non négligeable de patients cyclothymiques a du mal à accepter le diagnostic de bipolarité ou saisir la partie pathologique de la cyclothymie :
Patiente, 25 ans, a déjà consulté plus de 15 psychiatres et psychologues. Suite au bilan clinique réalisé à mon centre, elle manifeste son mécontentement et son inquiétude quand le diagnostic de cyclothymie a été posé. Elle était étonnée qu’un expert puisse porter ce diagnostic. Elle trouvait que c’était trop rapide et surtout faisait référence au dernier psychiatre qui avait l’habitude d’affirmer que cette patiente n’était pas bipolaire.
Dans notre centre, on rencontre quelques cas similaires, mais heureusement rares. La majorité considère l’annonce du diagnostic comme un soulagement, une solution â des années de souffrance et d’errance médicale â la recherche de l’origine du mal.
On ne force jamais l’annonce d’un diagnostic psychiatrique. On propose des pistes mais avec conviction. En effet, si le psychiatre commence à douter comme ses patients, on n’en sort pas et le patient est souvent poussé dans une spirale de doute et d’inquiétude. Pour aider les patients â comprendre leur cyclothymie, j’ai mis en place en 2005 une psychoéducation de groupe. La synthèse de 7 groupes de psychoéducation fera l’objet d’un livre en 2009.
La majorité des cyclothymiques sont pour l’instant dépistés après des années de souffrance et de traitements inadaptés. Révéler à un patient que sa cyclothymie est là et que ça évolue depuis son adolescence et les médecins n’ont rien vu n’est pas indemne de réactions légitimes mais négatives : opposition au diagnostic, déni du trouble (surtout chez les hommes), colère envers les psychiatres consultés, grosses frustration et déceptions Ces réactions existent, mais heureusement ce n’est pas la règle. Environ 10% des cyclothymiques présentent des réactions négatives face au diagnostic de cyclothymie et aux remèdes qui vont avec. La majorité apprécie que le trouble soit identifié et que les remèdes pour apaiser existent. Ils sont rassurés, reconnaissants et gratifiants. Et j’ai l’habitude de dire : ces patients sont agréables à soigner ; ils nous soutiennent (car on a besoin de ce soutien) et les "autres" nous poussent à nous améliorer et à être meilleur.
Commentaire du 16/12/2008
"Rejet du diagnostic par le patient" :
ce n’est pas tant le nom de bipolaire ou le verdict qui repousse, mais les médicaments qui vont être associés; les effets secondaires tant physiques que psychologiques des thymo ou des neuroleptiques et les résultats qui se font attendre, souvent amènent les patients à douter du diagnostic. Convaincue des le départ que j’étais bipolaire, mais soignée 2 ans avec du lithium, j’ai vu ma dépression devenir suicidaire et mon isolement s’aggraver; ma famille à 50 % responsable de cet état par ses remarques méprisantes: bipolaire, j’étais folle , immature et j’ai eu droit à une méchanceté quasi journalière, renforçant mon envie de mourir et mon angoisse. bien cordialement.
Le diagnostic de la cyclothymie : un parcours difficile
Qui a le trouble cyclothymique ? Qui consulte ?
Cyclothymie versus psychose-maniaco-dépressive
