13 : gavage
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Chroniques dune cyclothymique
Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.
Vu un bébé trop beau. Envie d’un bébé, alors que je sais que je serai mortifiée â l’idée d’avoir des sales pensées le concernant.
A quoi bon ?
Drôle de vie, drôle de fille, drôle d’envie…
Vin blanc, joint, vin rouge, bière, bouffe, rebouffe, gavage, détresse. Ma mère part travailler, j’angoisse quand elle me laisse seule â la maison. Personne.
Le goût du café de cette période m’obsède de douleur. Je suis perdue. Je n’ai pas ce que je veux, je ne suis pas â ma place. Plutôt crever.
Partir loin, ne jamais revenir, toujours s’enfuir. Je veux mourir.
Reste si triste face â la méchanceté des autres.
Ma chambre rétrécit sur moi. Je vois les murs bouger. Plus je vieillis, plus je me cogne aux murs.
Personne ne me court après, je cours toujours après les autres.
Je suis définitivement, incroyablement, désespérément seule.
Jacopo, mon seul azur. Ma seule ligne de vie.
J’ai honte de parler comme ça de lui. J’ai tellement aimé avant lui et dans des termes aussi prononcés.
Pourquoi aujourd’hui ce serait si différent ? Parce que depuis je suis suivie par un psy et que je me connais mieux, que je peux dire que c’est lui mon alter égo.
Merde au passé, je détiens l’avenir entre mes mains moites.
Il m’échappe. Je veux le rattraper, mais il court vite le galopin.
Radiohead dans ma tête.
Le groupe James : c’est Clément qui me les a fait découvrir.
Le cd de Jeanne Balibar, classe et envoûtante. Je suis tellement pataude.
Je ressens mon corps comme un gros chamallow indigeste. Je me suis empiffrée de glace et de chocolat. Je n’arrive pas â maigrir.
Je me prive de sucre, je craque, c’est alors que je ressens comme une addiction soudaine. Le goût du sucré me fait décoller immédiatement.
Ce rapport â la bouffe me dérange. J’ignore pourquoi je me venge sur elle.
Je n’ai pas spécialement faim. J’ingurgite… Dans la cabine d’essayage, je désespère, je ne rentre plus dans aucune fringue… Le 42 me boudine. Je ne vais quand même pas m’habiller dans le rayon grande taille ! Je refuse ! Je rentrerai dans ce putain de 42.
Je faisais du 38-40 avant. Avant, quand j’étais belle et mince…
Je retrouve des photos de cette période et j’essaye de comprendre comment mon corps a pu autant se dilater depuis…
Jacopo m’a fait la remarque « t’as grossi…T’étais plus belle avant. Je sais que ça se dit pas, mais… »
Mais quoi, connard ? Comme un sale gosse, il me balance sa déconcertante franchise â la gueule. Toujours comme ça avec Jacopo. C’est aussi pour ça que je l’aime, parce que ses « t’es belle » sonnent justes quand ils veulent bien sortir de sa bouche.
J’ai l’impression que même avec beaucoup de volonté, je ne vais pas réussir â maigrir comme avant.
Injuste de crier sur un enfant. Pourtant je sens comme du sadisme en moi.
Je t’ai dis que j’allais probablement faire un stage de théâtre ?
J’ai très envie de le faire cette fois.
Il faut que quelque chose de bien m’arrive rapidement, je ne tiendrai pas longtemps comme ça.
Je dois réussir â être heureuse toute seule avant de l’être â deux, sinon ça marchera jamais. Mais je suis triste moi toute seule.
Nouvel album de Phoenix me réchauffe le coeur. J’essaie de me concentrer sur un DVD de Woody Allen…Mon attention n’arrive pas â se figer sur un seul sujet. Je divague, j’éteins, je dors.
En jour de repos, je ne fais rien, je me couche, je vis dans mon lit. Il y a même des miettes qui me piquent les fesses.
J’ai mangé le reste de la glace. Je me suis goinfrée comme une sale truie.
Mon visage est rempli d’imperfections.
Seuls, les ronronnements de mon chat m’apaisent.
Je l’oblige â venir sous les draps, mais il ne dis rien, il me pelote le ventre en ronronnant.