J’ai bizarrement besoin de me faire mal psychiquement
31/12/2008
Témoignages > Borderline
Enfant, j’étais heureuse mais extrêmement sensible et émotive. Par ex, je n’aimais pas écouter de la musique car je me sentais mal. Cela accroissait ma sensibilité. Au cinéma, je pleurais souvent devant un film triste. Ou en lisant aussi.
Puis tout à commencé quand j’avais 15.5 ans.
Pendant les vacances de Noël, alors que j’étais avec mes parents et ma grand-mère dans les Pyrénées, dans la maison de vacances, je me suis tout d’un coup mise à paniquer en m’endormant. J’avais peur de mourir d’une crise cardiaque et de ne pas me réveiller le lendemain. J’en ai parlé tout de suite à mes parents qui m’ont dit que je n’étais pas cardiaque.
Malgré leur discours, je n’arrivais pas à me rassurer et j’ai paniqué ainsi jusqu’en février. Puis, assise à mon bureau chez moi, un jour de février, je me suis mise à me questionner : pourquoi je vis, qu’est ce que je fais ici ? Et j’ai été paniquée. Je n’arrivais plus à bouger. J’avais l’impression que rien ne pourrai donner une réponse à mes questions, qu’il me fallait une certitude pour vivre. J’ai commencé à avoir des obsessions, ritournelles du matin au soir, c’était insupportable. Puis d’autres questions sont venues : la mort donne t elle un sens à la vie ? Et le suicide ? J’en parlais à mon père le soir avant de me coucher, il discutait avec moi mais aucune réponse ne me convenait. Chaque jour était pire que le suivant car je gardais mes obsessions et d’autres venaient s’ajouter.
Non seulement ces questions me paniquaient, mais en plus j’y attachais beaucoup trop d’importance. Je me disais que sans certitude, je ne pouvais pas vivre car je ne savais pas exactement pourquoi je vivais, donc il fallait que je me suicide car c’était un péché de vivre sans savoir pourquoi je vivais, cela voulait dire que je n’aimais pas la vie et cela était un péché. En fait, j’avais des pensées complètement fausses en pensant qu’elles étaient justes. Cela m’a emmenée dans une vraie dépression jusqu’à 17 ans, en septembre.
Là je redoublais ma classe et allais dans une autre, je ne connaissait personne. Alors j’ai fais une dépression par-dessus l’autre car les gens de la classe étaient exécrables avec moi. Et la première dépression est partie (celle sur les questions existentielles), cédant la place à la deuxième. A la fin de ma 2ème classe de première, lorsque j’ai quittée la classe, la 2ème dépression est immédiatement partie et j’avais peur que la première revienne. Donc je me suis protégée en m’assurant que j’avais cette certitude que je recherchais tant. J’ai commencé à en parler à Caroline, ma meilleure amie, qui me disait que j’avais des pensées eronnées et qu’il fallait que je consulte un psy. Caro fut mon premier soutien. Et j’ai commencé a vraiment consulter des psys.
M’assurer que j’avais la certitude (alors que je savais qu’elle n’existait pas) a marché mais il a fallut du tant pour la mettre en place, des jours innombrables de ritournelles pour me dire que je l’avais et peu âà peu avec une volonté énorme j’ai pu me libérer un peu de toutes ces questions et puis de plus en plus, une après-midi puis un jour puis quatre jours j’étais tranquille? Il y avait des hauts et des bas, des périodes de dépression qui duraient plusieurs semaines. C’était très dur, surtout de se convaincre de quelque chose qui n’existe pas. C’était un bourrage de crâne quotidien, comme dans les sectes.
Les psys ne m’ont servi à rien, j’en ai consulté une dizaine avant de vous voir,
le dernier m’a donné votre adresse en me disant qu’il était incapable de me guérir. Je suis passée par des TCC mais je ne pouvais affronter ces questions, j’ai pris des tas d’antidépresseurs mais jamais de thymorégulateurs. Ces médicaments tout seuls ne me servaient à rien.
J’ai bizarrement besoin de ces périodes de dépression car j’ai l’impression que le fait de me sortir de ces dépressions REACTIVE ET RENFORCE MA CERTITUDE. De plus, les dépressions constituent des REPERES. J’AI ENORMEMENT BESOIN DE REPERES,
JE PENSE PLUS QUE D’AUTRES. Par ex, je me sens mal quand je voyage dans un pays trop éloigné de la France. C’est pourquoi je connais bien l’Europe mais pas le reste du monde. Mon repère, c’est la France. J’ai le vertige, je suis paniquée en avion et je me sens mal quand je suis dans un espace élevé (un bâtiment mais pas en montagne) car mon repère, c’est la Terre.
Alors, tous les 4 mois environ, je retombe dans des dépressions.
Pour les questions existentielles, je ne tolère pas le doute car elles me font trop peur et que j’y attache trop d’importance.
Je suis comme le dit votre livre sûrement naît cyclothymique, mais le fait que mon père soit hyper anxieux et ma mère très maniaque (sur la propreté surtout) a sûrement aggravé les choses.
De plus, je suis fille unique, mes parents m’ont toujours très protégée.
Je vous écris de manière si détaillé pour que vous compreniez ce qui se passe dans ma tête et que je puisse enfin vivre sans tous ces bas et peut-être un jour sans cette certitude qui ne veut rien dire. Je suis plus décidée que jamais pour guérir et mener une vie normale (avoir des enfants, pouvoir travailler et ne pas mettre sans arrêt en danger ma vie de couple) et je ferai tout pour m’en sortir complètement.
Cette maladie est-elle liée aussi au fait que je n’ai absolument pas confiance en moi. Je pense. Et d’ailleurs, je fais assez souvent des cauchemars. Dans beaucoup de ces cauchemars, je revois certaines guides (j’ai fait du scoutisme de 8 à 16 ans) et j’ai détesté, tout le monde se moquaient de moi. Ce sont toujours les mêmes guides que je revois dans ces cauchemars, à croire qu’elles m’ont traumatisée.
Là, je vous ai vraiment tout raconté. J’espère que cela vous éclaircira à propos de ma pensée et ma situation.
Merci de bien vouloir lire ce que je viens d’écrire.
L‘image illustre les scarifications visibles (qui suivent le même phénomène psychologique que les scarifications mentales)

extraite du site Hommecible