32 : J’écris sous le coup de la peur.
31/12/2009
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
20h20
J’ai peur de moi-même, je me sens capable de faire une connerie, peut-être me couper, j’en sais rien, les brûlures c’est pas mal aussi, un cocktail de cachetons pour aller aux urgences ? C’est le chaos total, je me retrouve dans le même état que lorsque j’ai été admise à la clinique du G.P.
Pourtant je n’ai pas encore changé les doses. Je suis toujours avec le traitement qui procure le plus de stabilité. J’envisageai de suivre la nouvelle ordonnance lors de mes prochaines vacances.
Ca me fait du bien d’écrire, je tape sur des touches, ça fait un petit bruit cliquetis. C’est la toute première fois que j’écris de chez moi. Je ne suis pas rassurée car Y est sorti.
J’ai remonté la pente après un an et demi de harcèlement moral (ce sont les mots de mon supérieur, je n’imaginais même pas que c’était ça) ; je pensais ne pas pouvoir trouver pire. Et bien si ! Je suis à présent entourée de gens parfaitement ordinaires : le cauchemar ! Et ça cause fringues, de la rubrique chiens écrasés de TF1, de couleurs de rideaux, et untel il est con, et une telle est bien, et quand tu passes le concours au-dessus, etc... C’est pas pour moi ! Je me plonge à fond dans le boulot pour oublier cette misère humaine, donc j’ai l’air de faire du boudin je présume...
Je ne parle même pas de mon binôme, ça devient un détail insignifiant parmi tout ça même si c’est rageant de constater qu’elle ne fait rien en dehors de son attitude déconcertante et pas dans le bon sens du terme !
Bref, en dehors de ma superbe année de douce hypomanie (uniquement sous marsilid), mes meilleurs souvenirs vont droit vers mon parcours scolaire, mes études et mes internements. Pour moi les choses sont très claires : j’ai soif ! de l’école au lycée, j’ai toujours été à part, je n’ai jamais eu d’ami(e) mais je m’en foutais puisque j’apprenais. Durant mes études, les relations étaient plus faciles mais le but commun était aussi d’apprendre. Pour ce qui est des séjours dans différents hôpitaux psychiatriques, y’a pas photo, je suis très à l’aise avec les dérangés (les autres patients devrais-je dire...) Tout ça pour dire que je ne suis pas faite pour la Fonction Publique et toute la stabilité que j’avais acquise s’effrite pitoyablement.
Je me sens mieux à présent, donc il faudra que je me sente moins honteuse d’écrire et surtout moins flemmarde !
J’en viens au plus délicat. Je réfléchis depuis un moment à la façon de sortir de cette impasse. J’ai d’abord fait des efforts sur moi-même pour inverser ma façon de vivre les choses et je ne l’ai pas fait à moitié mais en vain. Rien à faire, je ne sors pas de ce mauvais cercle qui ne correspond pas à ma personnalité ou à ce que vous voulez. J’en suis venue à cette idée : demander un congé longue maladie autrement dit je vous demande de plaider ma cause auprès de ma hiérarchie et d’un comité de chez pas quoi. Je vous filerez le lien si vous voulez. Je peux le renouveler jusqu’à 3 ans. D’ici là, je n’ai pas envie de tourner en rond, loin de là, il y a deux projets en attente : reprendre les études et un bébé ; quoi de plus normal finalement ? Il est clair que je ne suis pas capable d’être dans un environnement normal, je me ruine, je me meurs, je fais ressortir la maladie entre mi-dépression ou états mixtes avec pulsions et mon TOC. Il n’est pas légitime que je fasse des choses qui m’éclatent (je sais, je sais, un bébé c’est du boulot mais Y. est une valeur très sûre sur ce point)...
Tiens ! J’ai même mis la musique ! Mais c’est vraiment utile d’écrire sachant qu’au moins je suis sure d’être lue par vous.
Je veux une vie qui chante pour moi. J’estime que je suis dans mon droit d’être retirée du circuit puisque j’ai prouvé que j’ai fait de mon mieux pour m’adapter. Je préfère prendre le risque de me planter dans mes choix mais au moins je n’aurai aucun regret et je récupèrerai mon poste de fonctionnaire.
Il y a des tas de choses que vous ne savez pas. Je ne peux pas les raconter. Il me faudrait une éternité et surtout trouver quelqu’un de plus compétent que moi pour bien vous l’expliquer. Ca n’a rien à voir avec des remèdes à la con ou un groupe de militants. Et puis si jamais je suis lue sur le forum, je préfère rester discrète sur le sujet. Tout ça pour dire que j’ai parfaitement bien compris votre "feeling" d’attendre pour le bébé et je vous demande de me faire confiance sur "mon projet" de congé longue maladie. Grâce au statut de fonctionnaire, je ne perds pas tout, donc s’il y a des dégâts, je peux revenir et j’ai cru comprendre que j’aurai droit à un revenu tout de même. Les risques sont raisonnables il me semble.
Aussi, je vous adresse ma prière : voulez-vous m’aider ?
Je suis épuisée, je vais aller au lit, j’ai sûrement oublié des mots et des fautes mais la gastro m’a crevée.