"Si je pouvais me glisser entre le mur et l'affiche, je le ferais !"
Symptôme | Syndrone | Trouble |
Obsession « j’ai le souci d’avoir les mains sales » | Syndrome Obsessionnel Compulsif (SOC) « le souci de saleté m’oblige à laver mes mains de manière bien précise et cela plus d’une vingtaine de fois dans la journée » | Trouble Obsessionnel Compulsif (TOC) « le souci de saleté et les rituels de lavage me font perdre plus de 2 heures par jour et parasitent la qualité de mon travail au sein de l’entreprise » |
Symptôme de Panique « j’ai des palpitations et la sensation d’avoir la gorge nouée » | Attaque de Panique « je fais des crises de panique de manière répétée et je redoute la survenue de nouvelles crises d’angoisse » | Trouble Panique avec Agoraphobie « à cause de mes attaques de panique, j’évite de sortir de chez moi, même pour faire les courses » |
Symptôme d’Anxiété Sociale « je me sens mal à l’aise quand je dois parler ou manger devant les autres » | Anxiété Sociale « je redoute les situations où je me sens observé ou jugé par les autres ; j’ai peur de rougir et devenir si ridicule » | Trouble Anxiété Sociale « mon anxiété sociale m’a obligé de refuser une promotion à mon travail, à cause des contacts fréquents avec des étrangers et des réunions en groupe » |
Rumination Anxieuse « j’ai tendance à ruminer des pensées négatives et des soucis dans ma tête » | Anxiété Généralisée Chronique « ça fait plus de 6 mois que je me sens fatigué et tendu avec des soucis excessifs que je n’arrive pas à contrôler » | Trouble Anxiété Généralisée (TAG) « mes enfants ne peuvent plus supporter mon anxiété ; je dois contacter chacun plus d’une dizaine de fois dans la journée pour me rassurer qu’ils sont en bonne santé » |
Les troubles anxieux regroupent six entités cliniques : le trouble anxieux généralisé (TAG), le trouble Panique avec ou sans agoraphobie, l’anxiété sociale, la phobie spécifique, le trouble obsessionnel compulsif (TOC) et l’état de stress post traumatique (ESPT).
Ces troubles ne sont pas de nouvelles entités, car ce sont les névroses d’antan qui ont bénéficié d’une meilleure précision des définitions des critères diagnostiques dans les classifications internationales (CIM-10 et DSM-IV).
Dans la population générale âgée de 18 à 65 ans, l’ensemble de ces troubles anxieux a une prévalence sur 12 mois d’environ 15 % et une prévalence sur la vie entière d’environ 21 %. En France, dans la population générale, chaque trouble individuellement a une prévalence sur un an et sur la vie entière respectivement, pour le TAG : 2,1 % et 6 %, pour le trouble Panique : 1,2 % et 3 %, pour l’agoraphobie : 0,6 % et 1,8 %, pour la phobie sociale : 1,7 % et 4,7 %, pour la phobie spécifique : 4,7 % et 11,6 %, pour l’ESPT : 2,2 % et 3,9 %. Globalement, la fréquence est deux fois plus élevée chez la femme que chez l’homme. La prévalence du TOC sur un an en Europe est de l’ordre de 0,7 %, ce qui est loin du chiffre de 2-3% obtenu dans plusieurs enquêtes internationales. En d’autres termes, les troubles anxieux sont fréquents.
L’épidémiologie nous apprend, de plus, que les troubles anxieux possèdent un impact sur la santé et l’équilibre du sujet qui sont assez significatifs. Il convient donc de les connaître, dépister et soigner correctement avec les moyens les plus adaptés.
Globalement, un trouble anxieux est une affection chronique, particulièrement pénible à vivre et responsable d’incapacités multiples dans la vie sociale, intime et professionnelle. En raison de la faible reconnaissance diagnostique et de la rareté des traitements spécifiques, les malades anxieux s’avèrent être de grands consommateurs de soins et des systèmes de santé avec des conséquences négatives au niveau personnel et socioprofessionnel.
Quand on est anxieux, on souffre déjà des manifestations du trouble ; On sent le besoin d’être aidé et soulagé et agit avec les « moyens disponibles ». Il n’est pas étonnant que le sujet anxieux perd confiance en soi, devient dépendant de ses proches, s’isole par faute de réassurance, consulte souvent un ou plusieurs médecins ou psychologues. Ainsi au coût de la souffrance psychique, vont s’ajouter d’autres coûts secondaires à l’utilisation des soins (sans diagnostic correct) et à l’impact de l’anxiété sur le travail. Les impacts relatifs à chaque trouble anxieux seront détaillés dans les chapitres ultérieurs.
Cette donnée est importante car elle ajoute à la spécificité de chaque trouble anxieux, la notion d’impact sur la qualité de vie et la santé.
1. Ablutophobie : Peur de se baigner et de se noyer
2. Achmophobie : peur des objets pointus
3. Acrophobie : peur des hauteurs (avec vertiges)
4. Aero dromphobie : peur de l’avion et des voyages en avion
5. Agoraphobie : peur des expaces libres et/ou des lieux publics
6. Ailourophobie : peur des chats
7. Apiphobie : peur des abeilles et des insectes
8. Apopathophobie (coprophobie) : peur d’être pris d’une envie de déféquer ou peur des excréments
9. Arachnophobie : Peur des araignées
10. Astrapephobie : peur des éclairs
11. Autodysosmophobie : peur de répandre de mauvaises odeurs
12. Bénoléphobie : Peur des aiguilles et épingles
13. Cancérophobie : Peur d’être atteint de cancer
14. Clautrophobie : peur des espaces confinés
15. Cynophobie : Peur des chiens
16. Dysmorphophobie : peur des anomalies anatomiques (obsession de l’apparence)
17. Emetophobie : peur de vomir
18. Eurotophobie : Peur de rougir en public
19. Géphyrophobie : peur de franchir les ponts
20. Gymnophobie : peur de la nudité
21. Hématophobie : Peur du sang
22. Homophobie : peur ou rejet des homosexuels
23. Nosophobie : peur de la maladie
24. Ochlophobie : peur de la foule
25. Pantophobie : peur du tout
26. Photophobie : intolérance à la lumière
27. Sidaphobie : peur du sida
28. Syphilophobie : peur de la syphilis
29. Technophobie : peur ou rejet des progrès scientifiques et technologiques
30. Zoophobie : peur des animaux en général
Les phobies les plus connues sont classées en 4 types :
Comme pour tout phénomène psychopathologique, il est légitime de se demander d’où viennent nos peurs et angoisses et comment elles surviennent et par quels mécanismes physiologiques elles perdurent et évoluent. Classiquement, les anxiétés d’aujourd’hui étaient désignées par « NEVROSES » et les causes étaient essentiellement attribuées à des troubles de l’inconscient avec des mécanismes de défense psychologiques. Actuellement, l’usage du mot « trouble anxieux » signifie que la porte est ouverte à toutes les causes possibles, biologiques et/ou psychologiques.
La science du cerveau a fait des progrès énormes avec l’arrivée de l’imagerie médicale, ces techniques qui nous permet de visualiser, par exemple, notre cerveau, dans ses structures et même dans son fonctionnement. Concernant les troubles anxieux, la recherche nous révèle des pistes, des modifications, des anomalies subtiles… Mais le mystère reste presque intact !
Pendant des milliers d’années, on pensait que le centre de l’âme (mais aussi l’activité mentale !) était situé dans le cœur, un organe vital dont l’activité se modifie en fonction de l’état du sujet, notamment émotionnel. Les fonctions que pouvait occuper le cerveau étaient alors inconnues et l’idée qu’il puisse avoir une influence sur d’autres parties du corps était encore absente. Les avancées scientifiques du XIXème siècle, au niveau anatomique et fonctionnel ont permis de mettre en évidence l’importance du cerveau dans le fonctionnement du corps humain et de ses capacités mentales, motrices et émotionnelles.
Le cerveau est un organe qui tient une place centrale dans le système nerveux. Il est composé de milliards de neurones, des cellules aux propriétés spécifiques qui communiquent entre elles. Lorsqu’on regarde la façon dont le cerveau est composé, on remarque deux hémisphères qui sont reliés entre eux. Sur chaque hémisphère, il y a une couche de surface, de quelques centimètres d’épaisseur qui se replie sur elle-même : le cortex. On sait aujourd’hui qu’il est possible de proposer une carte du cortex selon l’influence qu’il peut avoir sur notre fonctionnement. Lorsque nous faisons un mouvement de la main, par exemple, ce ne sont pas les mêmes zones du cortex qui vont être activées que pour un mouvement du pied ou de la tête. On distingue aussi plus généralement des zones dédiées à la motricité, à la sensitivité, la vison, mais aussi à des fonctions plus compliquées comme l’inhibition d’un comportement, la planification d’une action, la production et compréhension du langage ou les émotions.
Sous ce cortex, en profondeur, un ensemble de noyaux sont disposés, de tailles plus ou moins importantes. Ces noyaux sont appelés noyaux gris centraux, puisqu’ils sont au centre du cerveau. Ils communiquent avec le cortex en recevant, traitant et lui envoyant des informations. On a longtemps cru que ces informations pouvaient être uniquement motrices. Des études récentes tendent pourtant à impliquer certaines de ces structures dans des processus émotionnels, et notamment dans les troubles anxieux. Le cerveau est aussi composé du cervelet, une sorte de « mini cerveau » particulièrement impliqué dans les fonctions motrices basiques ; et du tronc cérébral, qui regroupe un ensemble de noyaux et se pose comme un « lien » entre le cervelet, la moelle épinière et le cerveau. Il est aussi impliqué dans la régulation du rythme cardiaque, la respiration et le contrôle de la douleur
Les recherches sur les fonctions de certaines zones du cerveau et sur les façons dont elles communiquent entre elles sont toujours d’actualité et notamment lorsque la communication se passe mal. C’est le cas dans les troubles anxieux, un certain nombre de troubles psychiatriques (comme la schizophrénie ou la dépression par exemple) et bien sûr, des troubles neurologiques (comme la maladie de parkinson ou les accidents vasculaires cérébraux). Ces mauvaises communications peuvent être dues à des causes que l’on peut identifier précisément (comme la mort de neurones dans un endroit précis du cerveau) ou non, comme dans les troubles anxieux, et plus généralement dans les troubles psychiatriques. Cette connaissance du fonctionnement, et du mauvais fonctionnement, est importante à la fois pour la progression scientifique, mais également pour améliorer la qualité des soins qui sont fournis aux malades. Comprendre pour mieux soigner.
L’anxiété, comme le stress, peut être un phénomène ponctuel et gérable dans la vie de tout individu. Elle apparaît généralement dans des situations de conflit, ou l’équilibre de l’individu est menacé, un conflit entre les évènements externes et les sensations internes de l’individu. C’est ce que l’on retrouve lorsqu’on est en danger, ou dans une situation inconnue ou incertaine. L’anxiété peut être gérable, mais elle peut aussi devenir excessive, déviante ou se fixer sur des risques imaginaires et prendre le nom de « trouble anxieux ». Il serait difficile de parler de l’anxiété, sans l’associer aux notions de stress et de peur. La peur est une émotion forte éprouvée en présence d’une menace (réelle ou imaginaire), un danger. Un système d’alerte se déclanche et va mettre en œuvre une séquence comportementale défensive. Chez l’homme, plus que le danger immédiat, le simple fait de penser à un danger potentiel, peut induire la peur. On se rapproche alors des phénomènes anxieux. D’ailleurs, la connaissance des réseaux cérébraux impliqués dans l’anxiété a notamment été initiée par les travaux sur le conditionnement à la peur, particulièrement chez l’animal. Ces travaux ont permis de mettre en évidence le rôle d’un élément phare du système limbique : l’amygdale. C’est en quelque sorte le centre du « système d’alarme » déclanché par un événement / ou une pensée effrayante.
Devenue un véritable « centre de la peur », l’amygdale est une structure composée de plusieurs petits noyaux. Elle est située à l’intérieur du lobe temporal et entretient des connections importantes avec l’hippocampe et l’hypothalamus (tous deux impliqués dans le circuit du stress), mais aussi le cortex préfrontal (impliqué dans les mécanismes cognitifs de haut niveau, notamment l’inhibition). Lorsque cette amygdale est lésée (c’est-à-dire détruite), l’animal ne réagit plus devant une situation terrifiante et menaçante, il reste calme. Chez l’homme, il est aussi possible d’observer l’importance de l’amygdale, notamment chez patients cérébrolésés (ayant subi une lésion cérébrale). Une lésion de l’amygdale entraîne les mêmes types de manifestations : absence anormale d’anxiété ou de sentiment de peur, déficit dans la reconnaissance de la peur sur un autre visage humain, etc.
Il est indispensable de parler de « conditionnement à la peur », un processus qui serait certainement à la base de certains troubles anxieux comme l’état de stress post-traumatique (ESPT). Les premières expériences de conditionnement sont nées par hasard, lors de l’étude chez l’animal où il a été remarqué qu’un chien se mettait systématiquement à baver en entendant un simple son. Il s’est avéré que ce son avait été auparavant entendu en même temps que l’arrivée de sa pâtée. Le chien avait donc tout simplement associé ce son neutre avec quelque chose de très plaisant (mais qui à priori, n’avait rien à voir) : sa nourriture. Nous avons ici l’exemple d’un conditionnement concernant plutôt une émotion positive, mais le même type de conditionnement peut être réalisé avec des éléments négatifs. C’est ce phénomène que l’on retrouve dans les patients souffrant d’un ESPT : le bruit soudain d’une porte qui claque qui va plonger l’ancien combattant dans l’angoisse et la peur des fusillades. Un événement neutre devient à lui seul déclencheur d’anxiété. Ce processus de conditionnement peut être résorbé, notamment grâce aux techniques de thérapies cognitives et comportementales.
Dans les troubles anxieux, une hypothèse probable est que certains d’entre eux pourraient être dû à une mauvaise extinction de ce conditionnement. On sait d’ailleurs que l’amygdale est impliquée dans le conditionnement à la peur et également dans l’ESPT. Des études en imagerie ont montré que lorsqu’on est face à des images tristes ou effrayantes, l’amygdale est plus active chez les patients souffrant d’ESPT par rapport aux personnes saines. L’importance de l’amygdale est d’autant plus évidente qu’elle communique particulièrement avec l’hippocampe qui est très impliqué dans la mémoire.
L’hippocampe aurait un rôle très particulier dans l’anxiété et le maintien de celle-ci. Il agirait comme un centre détecteur de tout ce qui peut être menaçant, en se basant notamment sur les expériences passées et le ressenti que nous leur avons attribué. Si un danger est détecté, il est aussi capable d’envoyer des informations permettant d’agir. C’est aussi une zone très impliquée dans le stress et qui subit ses attaques si l’exposition est prolongée.
L’amygdale a aussi des liens étroits avec une zone particulièrement développée chez l’homme : le cortex préfrontal. Cette zone de notre cerveau est impliquée dans un ensemble de processus complexes tels que l’inhibition d’un comportement, la planification d’une action, la prise d’une décision. Il reçoit des informations de l’amygdale et lui en envoie aussi. Son rôle dans le processus anxiogène n’est pas clairement défini : il serait d’anticiper les conséquences probables de l’événement négatif, et il participerait aussi à réguler le conditionnement négatif.
On sait depuis longtemps que le cortex préfrontal est responsable de l’inhibition de comportements inappropriés. On dit d’ailleurs des patients ayant une lésion au niveau du préfrontal qu’ils sont « désinhibés ». Ils vont par exemple se permettre des familiarités avec les gens qu’ils ne connaissent pas, ou se retrouver dans des situations que l’on pourrait connaître si l’on était ivre. Chez l’animal, une lésion très précise dans une partie de ce préfrontal va perturber le conditionnement à la peur. L’apprentissage du conditionnement est bon, mais l’extinction de la réaction à la peur va prendre beaucoup plus de temps. Pourtant son implication exacte dans l’extinction de la peur semble encore incertaine…
Marie, une mère de famille de 40 ans rentrait le soir chez elle après avoir passé une très agréable soirée en compagnie d’amis de longue date. Sur le chemin du retour, en voiture, elle fait part à son mari Robert, d’un malaise au niveau de la poitrine. Son mari la rassure automatiquement associant son état à de la fatigue. Cependant, Marie, de plus en plus en proie à son malaise, poursuivait « Je vais mourir chéri, je t’assure que je vais mourir… Je t’aime, occupe-toi bien des enfants ». Robert, très alarmé par l’état de sa femme, imaginant un infarctus, réussit à garder son calme et à se diriger au plus vite, vers l’hôpital le plus proche. Lors de son examen, Marie décrivait au médecin ce qui la dérange : « je suis assaillie par une oppression autour de la poitrine, mon cœur qui bat très fort ou irrégulièrement, des frissons ou des bouffées de chaleur, une sensation d’étouffer ou de suffoquer ; c’est horrible, Docteur ; qu’est-ce qui m’arrive ? Est-ce grave ? ».
Après un bilan complet d’analyses de sang et un électrocardiogramme, on annonce à ce couple arrivé en catastrophe aux urgences, que ce n’était qu’une crise de nerfs. Un mélange de colère et en quelque sorte de déception envahit Marie, comme si on mettait en doute l’authenticité de sa souffrance physique. « Mais je ne suis pas folle, je pensais vraiment que j’allais mourir », une phrase qu’elle a répétée tout au long du trajet des urgences au domicile.
Depuis cet incident, Robert et Marie sont partis aux urgences une dizaine de fois sur une période de 6 mois. À chaque fois, Robert avait le doute : « Et si cette fois, c’était un véritable infarctus ? », jusqu’au jour où une violente dispute s’est emparée du couple. Robert était usé de ce qu’il appelait « le cinéma » de sa femme et ces allers-retours nocturnes aux urgences, qu’il qualifiait de ridicules et inutiles. Or Marie avait abandonné le volant depuis quelques années. Elle affirmait ne plus se sentir en sécurité quand elle conduisait seule et sentait des crises d’étouffement au moindre embouteillage. En plus des angoisses intenses, Marie avait progressivement pris l’habitude de trouver n’importe quels prétextes pour ne pas sortir de chez elle, accompagner sa copine chez le coiffeur, prendre les escalators, éviter les endroits qu’elle ne connaissait pas.
Dans l’année qui a suivi la première crise d’angoisse, Marie est devenue triste, morose avec une forte fatigue matinale. Cet épisode dépressif est lié, selon Marie, à l’hospitalisation de son père pour une sévère pneumonie.
Il s’agit d’une peur intense qui apparaît brutalement et qui atteint son paroxysme en quelques minutes. Son arrivée imprévisible est impressionnante. Malgré l’absence de danger réel, elle produit une panique « à bord », vous entraînant dans un tourbillon de manifestations physiques désagréables comme des palpitations, des étouffements ou sensations d’étranglement, des douleurs ou gênes thoraciques, des vertiges, des transpirations, des sensations de chaleur, des nausées, une gêne abdominale. Dans ces crises, le sujet a peur de mourir, perdre le contrôle ou devenir fou. Parfois, le sujet est envahi par une impression d’irréalité ou de sortir de votre corps.
Présenter occasionnellement une attaque de panique ne signifie pas nécessairement que vous développerez un Trouble Panique. En revanche, redouter en permanence l’arrivée d’une autre crise ou vivre sous la menace constante de ne pas savoir à quel moment ni à quel endroit peut se déclencher la prochaine attaque, signifie qu’il y a un vrai problème à identifier.
C’est la répétition, l’anticipation et la crainte constante d’une attaque (la peur d’avoir peur ou phobophobie) qui constituent le critère essentiel du Trouble Panique, sachant qu’au moins une de vos crises doit être spontanée (sans situations déclenchantes) ou survenir lors d’une situation inattendue ; en d’autres termes, elle doit venir de nulle part ou vous tomber du ciel.
Un exemple d’une attaque de panique inattendue serait qu’elle survienne quand vous vous relaxez ou au cours de votre sommeil. Pour certaines personnes, les attaques de panique continuent de survenir d’une manière inattendue, pour d’autres, elles se lient progressivement à des situations extérieures pour développer une agoraphobie. C’est pour cela on spécifie « Trouble Panique avec ou sans agoraphobie ».
Autrefois, on désignait par agoraphobie la peur de se trouver dans des lieux publics ou découverts. Le mot « agora » vient du Grec qui signifie place publique. Actuellement on définit l’agoraphobie par la crainte de se retrouver coincé dans des situations où avoir un malaise serait un vrai problème. Cette crainte est souvent associée à des conduites d’évitement. Le tableau qui suit dresse la liste des situations typiques impliquées dans l’agoraphobie.
Ce sont généralement des situations d’où il vous est difficile voire impossible de vous échapper ou de trouver de l’aide. Un exemple très commun serait que vous vous retrouviez dans un centre commercial bondé. Vous ressentez le besoin soudain de sortir à cause de la menace d’une attaque de panique. Vous cherchez de vos yeux la sortie, mais vous ne la trouvez pas. Par conséquent, la pression augmente. Enfin, vous arrivez à la localiser, mais votre angoisse continue de gagner en intensité. Vous savez que la sortie est à quelques mètres de vous, mais elle semble tellement lointaine ! Vous pensez tout simplement incapable de vous frayer un chemin parmi les clients sur place, dont le nombre vous impressionne.
Certains experts définissent le Trouble Panique comme une mauvaise interprétation des sensations physiques !
Le rôle de la panique est de nous protéger, de nous maintenir en vie et non de nous tuer ! C’est elle qui nous fait fonction de mécanisme de survie : elle implique un ensemble de changements au niveau de notre corps (qui sous-tendent aux symptômes de la panique et de l’anxiété) qui ont pour objectif de nous aider à fuir ou à affronter le danger. Les symptômes sont donc vrais, mais ils ne sont pas nocifs. Au contraire, ils nous préviennent du danger.
Ces symptômes sont ressentis en l’absence de réels dangers : notre cœur s’accélère, la température de notre corps a incroyablement augmenté, nous sommes en feu alors qu’en réalité, il n’en est rien. Cela peut arriver quand on se focalise intensément et surtout anxieusement sur nos sensations corporelles ; ce qui peut provoquer une perception erronée ou irréelle de changements physiques.
Quand vous anticipez l’anxiété que vous allez ressentir dans certaines situations, cela contribue à augmenter votre niveau de tension physique et ouvre la porte aux manifestations physiques de stress. L’anxiété vous force à concentrer votre attention sur l’objet de votre peur : votre perception se focalise ainsi sur ce que vous ressentez, à la recherche d’un indice inhabituel, détectant ainsi des symptômes dont vous n’aurez même remarqué l’existence en d’autres circonstances. C’est ainsi que l’on peut affirmer que la crainte de revivre une attaque de panique produit plus de symptômes de panique que l’attaque appréhendée !
Quand vous commencez à paniquer et que vous ne trouvez pas de raison exogène à ce que vous ressentez dans votre corps, vous interprétez ces sensations comme l’indice de quelque chose qui ne tournerait pas rond chez vous. Alors, votre cerveau invente une explication : « je suis en train de mourir, je deviens fou… ». Ses symptômes sont donc interprétés comme des signes de mort imminente, de perte de contrôle, d’embarras… Votre cerveau ne trouvant pas d’explication dans l’environnement, se penche sur des interprétations en lien avec votre état physique ou mental. Parmi les erreurs d’interprétation les plus fréquentes, nous retrouvons la peur de devenir fou, la perte de contrôle, la crainte de mourir d’une attaque cardiaque et celle de perdre connaissance. En retour, ces croyances engendrent de la peur et par conséquent, d’autres manifestations physiques. Et voilà la boule-de-neige de l’anxiété lancée et l’avalanche de la panique enclenchée :
Les symptômes physiques, les pensées et les comportements sont en interaction permanente et participe à ce que l’on appelle le cycle négatif de la panique. Si vous vous dites que vous aller avoir un infarctus, alors votre tension physique va augmenter parce que vous vous sentirez en danger (manière naturelle du corps de répondre à ce type de situation). En retour, des symptômes comme l’accélération cardiaque peut alimenter la diffusion de pensées négatives (« le fait que mon cœur continue à battre aussi rapidement signifie que je vais nécessairement avoir un véritable arrêt cardiaque »). Et ces pensées à leur tour vont maintenir l’accélération cardiaque voire l’augmenter.
Bruno est l’aîné d’une famille de 3 enfants. Dans son enfance, il se sentait responsable de ses frères et sœurs. Quand il était encore au collège, il craignait que son frère si turbulent ne tombe de vélo, lorsqu’il jouait dans la cour extérieure de la maison. Il craignait aussi que sa sœur n’ouvre la portière et ne sorte dans la rue, avec le risque de passage de voiture très fréquent. Ces petites inquiétudes du jeune adolescent ne lui posaient pas de problèmes particuliers, mais il était certainement plus « responsabilisé » que tous ses autres camarades ou amis de son âge qui ne se souciaient pas de grand choses, selon ses propres dires.
A l’université, il réussit brillamment. Il décrochait toujours de très bonnes notes et participait très activement à la vie académique. Il ne souciait plus vraiment de sa fratrie qui avait grandi mais plus de la santé de sa mère qui ne se portait pas très bien. Il y pensait plusieurs fois par jour. Il lui arrivait même de lui téléphoner, entre ses différents cours, pour s ‘assurer qu’elle avait bien pris ses médicaments, bien mangé ou pris le repos nécessaire. Pour Bruno, cela ne posait pas vraiment de problèmes. Il s’est toujours senti responsable de sa famille. Il est conscient de cette anxiété (dont il qualifie le niveau de modéré). Elle représente quelque chose de très familier, comme une fidèle compagne, dont il a toujours su « dompter » les réactions.
C’est au moment où son père commence à connaître des difficultés financières que l’inquiétude et l’anxiété deviennent de moins en moins gérables. Cette période coïncide avec une prise de responsabilité au bureau, en plus d’un MBA qu’il suivait en alternance. Bruno accède au poste de directeur commercial adjoint dans une société de grande renommée. Il est vrai que Bruno dit avoir toujours su « maîtriser » la situation. Mais il était en permanence anxieux et se faisait de plus en plus « de mauvais sang » pour les examens qu’il avait souvent peur de ne pas réussir, sa copine dont il avait constamment peur qu’elle ne soit pas assez satisfaite de leur relation, les finances de la famille, la santé de sa mère, que son meilleur ami ne soit vexé parce qu’il se décommandait d’une soirée. Plus le temps passait, plus ses responsabilités augmentaient ; en parallèle, son sentiment de responsabilité s’exacerbait. Ses performances professionnelles étaient excellentes, mais le temps qu’il passait sur un dossier devenait de plus en plus long. Il relisait plusieurs fois ses propositions commerciales, changer de formulations, vérifier qu’il n’y avait pas de fautes d’orthographe, que l’élocution était cohérente à l’envergure de la proposition. A cette époque, il était survolté au bureau, avait parfois du mal à se concentrer sur ces appels d’offre, devenait de plus en plus angoissé sur les échéances, mettait la pression à ces subordonnés en qui il perdait confiance et à qui il déléguait de moins en moins de tâches. Il voulait tout contrôler, être à tous les fronts, pour que « travail soit bien fait ». Il était débordé et rentrait chez lui épuisé. « Mon état, dit-il, était non proportionnel à la qualité et la quantité de mon travail ». De plus, le sommeil devenait agité et ses muscles étaient constamment tendus.
« Auparavant, j’étais angoissé mais efficace. Aujourd’hui, je suis inefficacement angoissé », exprime-t-il, tristement. Le soir, le sommeil se faisait de plus en plus languir. L’anxiété, sa fidèle compagne était devenue hors de contrôle et capricieuse. Il ne pouvait plus profiter de ces petits moments de bonheur qu’il partageait avec sa femme le soir. Il se préoccupait de sa réaction et de son comportement éventuel. Tout l’agaçait et l’inquiétait, comme si les choses ne pouvaient que mal se passer. « Je me fais du souci pour tout et n’importe quoi, aussi bien pour les choses importantes qu’anodines. C’est tout simplement insupportable ». « Je sais que je suis le fondateur du club des angoissés de naissance, mais trop c’est trop ! ».
Typiquement, vous présentez un TAG si vous vous faites excessivement du souci pour un rien au point d’en souffrir et d’avoir des répercussions dans votre vie quotidienne professionnelle, familiale ou sociale. Vous avez des inquiétudes comme celles que Bruno peut avoir à propos de son frère quand il fait du vélo ou qu’il traverse la rue en allant à l’école. Mais aussi quand vos préoccupations se laissent entraîner par le tourbillon de l’anxiété « Et si jamais ma mère malade avait le cancer, qui s’occuperait de mes sœurs ? Est-ce que mon père serait capable d’assurer leur éducation? Est-ce que l’amour paternel serait suffisant à leur épanouissement personnel ? Et s’il n’avait pas les moyens, vu ses difficultés financières, d’offrir à ma mère des obsèques dignes de ce nom ? ».
Les personnes qui présentent un TAG ne jouent plus au difficile et ne font plus la fine bouche quand il s’agit d’évoquer les thèmes d’inquiétude. Que la situation soit grave ou anodine, lourde de conséquences ou légère, qu’il y ait problème ou non, cela n’a aucune importance ! Vous vous inquiétez pour tout et pour rien. Or, s’inquiéter c’est appréhender une conséquence future négative ; Non ? Vous seriez ainsi l’expert qui identifierait rapidement les ennuis potentiels…
Pour des experts de ce trouble, la marque spécifique serait « se faire du souci pour tout et pour rien ». Vous pourrez l’identifier en répondant aux questions ci-dessous :
« Est-ce que vous êtes préoccupé constamment par des broutilles ?»
« Vous faites-vous du souci excessif pour les choses anodines de la vie de tous les jours ? par exemple, choisir le plat à cuisiner, ou le livre à acheter, aller au cinéma ou au restaurant, accepter l’invitation de ses parents ou de son meilleur pote, comment arriver à ne pas être en retard à un rendez-vous etc.
Aux soucis, s’ajoute une anticipation d’un futur improbable ou lointain
S’angoisser pour le vol de sa mère dont l’avion pourrait être kidnappé par des terroristes ; Se préoccuper de l’épanouissement futur des sœurs dans une éducation monoparentale alors que la mère est toujours en vie et ne présente que quelques soucis bénins de santé (Souvenez-vous de Bruno)
Vivre dans le futur
Vous avez des difficultés à vivre dans l’instant et à en profiter tellement vous êtes soucieux de ce que vous réserve l’avenir. Par exemple, vous êtes de passer la soirée avec des potes à penser à la quantité astronomique de travail qui vous attend le lendemain ou encore avoir du mal à s’en dormir la veille d’un rendez-vous chez un client par peur de ne pas arriver à l’heure.
Être persuadé que vivre dans la crainte de ce que demain vous réserve a un énorme avantage !
Vous argumentez ainsi que prévenir un éventuel problème permet de l’anticiper pour mieux le résoudre ou de s’y préparer pour mieux l’affronter. Or, si c’est votre cas, anticiper des éventualités peu probables implique que vous empoisonnez votre présent et que vous angoissez, soit à perte (car les choses peuvent bien se passer) soit doublement (avant de vivre le soi-disant événement désagréable et pendant).
Vous avez des soucis, qui sont très proches des préoccupations quotidiennes, mais votre inquiétude semble :
- Permanente (elle survient presque tous les jours)
- Durable (depuis au moins 6 mois)
- Incontrôlable (vous ne pouvez vous raisonner ; elle envahit votre esprit)
- Ne portant pas sur des sujets absurdes (comme dans le TOC)
De ces inquiétudes, découlent un ensemble de manifestations anxieuses qui aboutit à un état de fatigue et d’épuisement et une baisse importante de moral.
C’est au moment où l’anxiété envahit votre vie et l’altère au quotidien, vous laissant impuissant, que vous franchissez le seuil de la pathologie. Autrefois, on disait des individus comme vous qu’ils sont nerveux, angoissés ou névrosés ou encore qu’ils présentaient une anxiété existentielle diffuse. Aujourd’hui, on dit de ces mêmes personnes qu’elles souffrent d’une anxiété généralisée (TAG), un trouble reconnu depuis 1980. Cette année paraissait le DSM-III, troisième version du Manuel Américain de Classification des maladies dans lequel la fameuse Névrose d’angoisse sera divisée en 2 troubles : Trouble Panique et le Trouble Anxiété Généralisée.
C’est en quelque sorte une prédisposition que vous avez à réagir d’une manière négative face à un événement qui vous semble incertain, indépendamment de la probabilité et des conséquences qui lui sont associées. Exemple : Un chasseur de tête vous contacte et vous propose un entretien dans une compagnie concurrente à la vôtre. A l’idée que vous ne soyez pas pris et à l’éventualité que votre employeur l’apprenne, vous angoissez et préférez décliner l’offre.
La vie offre très peu de garanties, et l’on peut dire qu’elle regorge de situations ambiguës dont le dénouement est incertain. Or, si vous êtes aux prises avec le TAG, cela est source d’angoisse énorme. Si vous avez le choix entre une situation claire mais négative et une situation incertaine mais qui pourrez tourner bien, vous préférez peut-être affronter une situation claire, même si elle est négative. Dans une situation de couple, par exemple, vous préférez vous séparer de votre conjoint que de prendre le risque de vous retrouver dans une relation dont l’avenir vous semble flou.
Nous savons que ce ne sont pas les soucis en soi mais l’intolérance à l’incertitude qui serait un facteur majeur qui contribuerait au TAG. De plus, c’est l’incertitude qui mène à l’inquiétude !!! Si vous arrivez à baisser votre niveau d’intolérance à l’incertitude, vous aurez moins de préoccupations et baisserez par conséquent votre niveau d’anxiété.
Votre réaction à l’incertitude
Vous avez une tendance exagérée à effectuer des interprétations menaçantes, à partir de situations ambiguës. Quand deux possibilités s’offrent à vous, l’une plutôt positive et l’autre négative, c’est la négative que vous choisissez :
Si vous êtes, soudainement, coincé dans un embouteillage :
- Vous pourrez vous dire que c’est temporaire et que vous allez quand même réussir à être à l’heure à votre rendez-vous
- Mais si vous présentez un TAG, vous conclurez que vous serez incontestablement en retard car la circulation ne risque pas de se débloquer de sitôt.
Ce sont Les croyances négatives à propos de l’intolérance à l’incertitude qui est responsable de votre analyse biaisée de la situation. Mais, c’est aussi cette incapacité à tolérer l’incertitude qui alimente et accrédite votre perfectionnisme et votre besoin de contrôle.