Sophie vérifie 8 fois sa porte d'entrée d'appartement.
Marc fait des aller retour en voiture de peur d'écraser un piéton.
Samuel se lave les mains sans cesse par peur de contracter le virus du Sida.
Marie tente de bloquer des images pédophiles qui viennent constamment dans son esprit.
Pierre tente de se prouver par des ruminations interminables qu'il n'est pas homosexuel.
Adeline annule des pensées négatives en refaisant 6 fois l'action qu'elle était en train de faire...
Tant de peurs et de gestes si différents, mais une seule et même maladie.
TOC et contamination : thème classique
Les symptômes du TOC ne doivent pas être confondus avec d’autres symptômes psychiatriques, comme :
En fait, le cerveau est une machine complexe, comme un ordinateur qui calcule à une vitesse incroyable tout ce que nos sens perçoivent. Les buts du cerveau sont multiples : comprendre, analyser, retenir, décrypter, ressentir, anticiper, et surtout protéger le corps dans lequel il est. Pour cela, il utilise de l’essence que sont les neuromédiateurs (dopamine, sérotonine, noradrénaline). Avec des doses normales de neuromédiateurs, il fait son travail correctement, il maintient un juste milieu entre « ce n’est pas grave, ce n’est pas la peine de bouger » et « la situation pourrait être dangereuse, il faut se méfier ». Quand on a un dérèglement dans la production de dopamine ou de sérotonine, le cerveau s’excite, il devient anxieux, chimiquement anxieux, sans raison, son niveau d’anticipation devient plus important. Quand on boit trop d’alcool ou de café, on est plus joyeux ou plus énervé, et c’est un ressenti que l’on perçoit en soi en sachant très bien que notre environnement n’a aucune influence. On sait pertinemment que c’est l’effet de l’alcool et du café. Pour le cerveau, c’est un peu plus compliqué : il va être anxieux sans savoir pourquoi. Et comme aucune personne souffrant de TOC n’imagine que cette anxiété est due à un dérèglement de substance, elle laisse son cerveau trouver une raison extérieure, dans l’environnement. Le cerveau utilise les yeux, les oreilles, toutes les connaissances qu’il a engrangées depuis des années et fait des milliers de calculs. Et bien sûr, il ne trouve rien dans l’environnement qui puisse justifier cet état d’anxiété. Comme ce cerveau anxieux sans raison ne peut pas agir, ne peut rien faire sans point de départ, il va alors chercher par déduction et utiliser des probabilités. Cette utilisation volontairement fausse des probabilités, c’est le TOC … « La poubelle là-bas, elle pourrait porter une maladie », « Un conducteur pourrait ne pas me voir », « S’approcher d’un pont pourrait être fatal ». Une fois cette probabilité alambiquée envisagée, le point de départ est trouvé, le cerveau a un moyen de canaliser ses neuromédiateurs en trop. Bien évidemment, comme le cerveau a fonctionné avec une probabilité, cela peut être un thème comme un autre, peut importe, le cerveau en change souvent avec les mois qui passent et de nombreux patients constatent que leur TOC se transforme au cours de leur vie. Le point le plus important à comprendre est que le thème du TOC (sida, lavage, porte, gaz, se tuer, les voitures, …) est un alibi que le cerveau utilise pour justifier qu’il soit chimiquement anxieux, il ne repose donc sur rien de concret mais sur une probabilité. Et alors la mécanique est en marche : plutôt que reconnaître que la probabilité a été trouvée avec une logique fumeuse, il va envoyer ses armes pour protéger son propriétaire. Des armes, il en a deux :
Le but du cerveau est de régler le problème, contrôler tout autour de lui jusqu’à ce que la probabilité soit de 0, et bien sûr de canaliser ces neuromédiateurs qui débordent. Il demande alors à la personne de vérifier, laver, annuler, revenir sur ses pas, tout mettre de façon symétrique …
Comme le cerveau n’a pas compris que la source était les neuromédiateurs, ce qu’il demande à son propriétaire ne règle donc pas le problème. Après avoir tout bougé autour de lui, le cerveau s’étonne que l’anxiété soit toujours présente ou revienne quelques minutes après. Il étend alors la probabilité en sous probabilités. Ce qui était logique devient alors de plus en plus absurde, mais semble tenir la route. Le cerveau prend des décisions encore plus drastiques et va multiplier à l’infini les rituels de protection. Et là, la personne se retrouve avec une mission éprouvante, à s’agiter dans tous les sens, rongée par l’angoisse et les ruminations que son cerveau continue de lui envoyer, rappelons-nous, pour… la protéger. Et comme la personne se dit que son cerveau ne fait sûrement pas cela pour rien, elle va faire, à contre cœur certes, ce qu’il lui demande : se rassurer sur le fait qu’elle ne va pas devenir fou du jour au lendemain, que la symétrie est nécessaire pour bloquer des pensées de mort, que quand on pense à la pédophilie ou l’homosexualité on est forcément en train de devenir pédophile ou homosexuel...
Quand votre voiture tombe en panne, vous ouvrez le capot, et vous regardez la pièce qui est défectueuse selon le bruit, la fumée, ou ce que votre voiture ne peut subitement plus faire. Le problème demande une réponse adaptée et ciblée uniquement sur celui-ci. Vous allez faire changer uniquement la pièce défectueuse. En science, on observe un fait plusieurs fois et au bout d’un moment on se dit qu’il doit y avoir un truc. On essaye de savoir s’il y a une vérité là-dessous. On fait une étude et à force de répétitions on se rend compte que visiblement ce fait est réel. On dit donc qu’ « un fait est vrai quand il est démontré vrai ».
Le TOC, lui, il part d’une logique inverse : la voiture marche très bien mais elle pourrait ne plus marcher. Et le TOC ne part pas du fait qu’il y a de la fumée ou un bruit ou que les freins ne marchent plus, mais de la simple idée que tant qu’on a pas prouvé qu’elle ne marchait pas correctement, on ne peut pas prouver qu’il n’y a pas un problème. En fait, si vous suivez bien, dans la vie de tous les jours, quelque chose est vrai quand on a trouvé des arguments qui montrent que c’est indubitablement vrai. Quand on a un TOC, « quelque chose est vrai tant qu’on a pas réussi à prouver qu’il était faux. » Cela veut dire que quand on a un TOC, ce n’est pas au TOC de nous montrer par des faits, des arguments palpables, qu’il y a un problème, c’est à nous de lui prouver qu’il n’y en a pas. Et comme démontrer demande qu’on se confronte, on ne teste rien du tout, on reste dans l’évitement et les rituels. « La chose devient alors vraie car imaginée possible, point. »
A partir de là, tout est permis dans les ruminations et les obsessions. Et comme cette logique est inversée et impossible à solutionner, elle devient de plus en plus diffuse, englobe de plus en plus de facteurs, de probabilités, et après quelques mois, même serrer une main est propice à des rituels par peur de la catastrophe, et ce, jusqu’à preuve du contraire.
Le doute, c’est la fondation de tous les TOC. Douter, c’est bien en science, c’est bien dans la vie, mais quand on doute il faut des arguments en béton, qui soient vérifiables dans la réalité, qui soient connus, qui soient partagés par d’autres personnes, …
Quand on a un TOC, on ne se base pas sur les arguments de la réalité, sur le quotidien, sur ce qui est de l’ordre du sens commun ou du bon sens, on se base sur une seule et même phrase, le précieux « Et si ». Le « et si » a des variantes qui sont le « qui me dit que ? », le « On est jamais sûr que », et le « Il se pourrait que ». Et là, on en arrive à des démonstrations redoutables où la fin du scénario parait logiquement plausible alors qu’elle repose sur une succession de postulats tous plus abracadabrants les uns que les autres. Mais comme le « et si » fait charnière un peu partout, la personne qui a un TOC croit que « et si » ça veut dire « = ». La personne ayant un TOC oublie tout le temps qu’un « et si » n’a aucune valeur scientifique. Prenons deux exemples de la même situation :
Si le sujet présente un des éléments, le TOC doit être recherché à l’aide de questionnaires spécifiques
Les TOCs se soignent le plus souvent par des thérapies comportementales et cognitives(TCC).
Une nouvelle approche des TOC : la psychoéducation
Que fait la TCC du TOC dans le cerveau ?
J'apprends à réduire mes TOCs