09 : TCC et TOC
31/12/2007
Témoignages > Comorbidité > Mon combat contre les TOC
Un jour comme je ne voyais aucune amélioration malgré le traitement je lai arrêté ce quil ne faut jamais faire. Jai commencé â être très énervée et désagréable. Ma mère en collaboration avec le Président de lAFTOC a trouvé une clinique près de Paris avec un spécialiste des troubles du comportement. Pour moi il était hors de question que je quitte mon domicile. Une personne qui souffre de tocs est un peu comme un chat. Elle a son ? territoire ? cest â dire quelle doit maîtriser son environnement, le connaître dans les moindres détails . Si elle quitte celui-ci elle est déstabilisée, effrayée.
Comme je me rendais compte quil fallait faire cette démarche car jétais en train de mourir dune certaine façon je suis donc partie 6 semaines très loin de chez moi au cours de lhiver 1999.
A mon arrivée si on mavait dit que jallais rester aussi longtemps je ne laurai pas cru dautant plus que les derniers jours cest moi qui voulait rester?
Mon psychiatre un des quatre spécialistes compétents de France était un homme simple, drôle et toujours disponible. Il ma expliqué comment allait se dérouler mon séjour. Je devais faire une ? thérapie comportementale ? en plus du traitement médicamenteux. Je prenais du Zoloft comme antidépresseur. Il aide â la fabrication dune substance chimique au cerveau appelée la ? sérotonine ? qui ne se produit pas en quantité suffisante chez les personnes souffrant de tocs doù leurs problèmes. Je prenais également un anxiolytique et un somnifère le soir. La thérapie étant très fatigante jai du prendre également un traitement pour augmenter ma tension artérielle.
Jen viens maintenant â cette fameuse thérapie comportementale. Elle consiste â vous mettre face â ce que vous redoutez et â vous faire tenir le plus longtemps possible. Lidéal, si on peut vraiment employer ce terme compte tenu des circonstances, est daugmenter progressivement la difficulté. Il ne faut pas être trop brutal sinon ça ne marchera pas. Moi qui avait peur davaler des aiguilles, des toutes petites choses, jai commencé par coudre un sujet en tissu et juste avant ma sortie on ma fait prendre un repas avec un tee-shirt sur lequel étaient accrochées des agrafes. Lhorreur !
Heureusement que je nétais pas seule. Il y avait dautres personnes souffrant de tocs, de dépression, danorexie et dalcoolisme. Je nai jamais ressenti un tel réconfort : nous nous serrions les coudes.
Toutes ces personnes étrangères mais très sensibles étaient bien plus intéressantes que dautres, plus proches, qui mavaient condamnée sans connaître ma détresse. Les deux ergothérapeutes étaient fermes mais très gentilles car conscientes de nos efforts et de notre souffrance. Ma mère avait pris une chambre â lhôtel. Laprès-midi elle pouvait venir me rendre visite et surtout mapporter le soutien et la motivation indispensables pour poursuivre la thérapie le lendemain.
Quand je recevais des appels téléphoniques cétait pour me reprocher la présence de ma mère â mes côtés, pas pour mencourager ! Il paraît que ce nétait pas sa place. Mais personne dautre ne sest proposé ! Et personne dautre â part mon père et mon ami nest venu nous rendre visite?
Autres expositions : javais peur de la saleté. On ma fait nettoyé un aquarium bien sale et sans gants? Les exercices se déroulaient dans un atelier où dautres personnes faisait de la peinture, des moulages en plâtre, de la menuiserie. Un après-midi, avec une autre patiente qui avait également peur de la saleté, nous avons fait des gaufres pour tout les malades dans cet endroit et nous avons du en manger aussi? Je vous laisse imaginer mon état émotionnel sachant que javais déjâ du mal â manger dans ma propre cuisine.
La toilette et les repas étaient obligatoires : pas dévitement possible. Le réveil â 7 heures . De vraies vacances.
Ma fatigue le soir était telle qu â 21 heures je mendormais complètement vidée. Cela a duré six semaines jusquâ ce que mon corps ne suive plus : je suis descendue â 7 de tension artérielle malgré le traitement pour la faire remonter.
Quand jai quitté cet endroit jétais confiante mais jappréhendais le moment où jallais me retrouver seule chez moi. Les tocs disparus â 50% allaient-ils revenir ?