15 : rechutes, TOC, délire, insécurité, détresse
31/12/2007
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
Dimanche 13 mars 2005
13h30 :
Ce matin je me suis crue lundi, je suis allée au travail, il y avait pas grand monde dans les rues alors je me suis dit qu’on avait changé d’heure.
J’ai quand même demandé aux gardiens pourquoi tout était fermé et ils m’ont répondu qu’on était dimanche. j’ai eu du mal â m’y faire. je n’aime pas mon travail mais ce matin je me faisais une grande joie d’y aller. j’étais très déçue en plus les magasins étaient fermés et c’était très frustrant de ne pas pouvoir dépenser de l’argent â gogo. je suis allée â la gare et j’ai regarder les trains, j’avais tant envie de voyager !!!!
Puis je suis allée au cinéma, voir Ray. crise d’angoisse, pulsions (pulsions que j’ai depuis 2 semaines mais aucune image ni pensée â mettre dessus, je sais pas ce qu’elles veulent me pousser â faire mais je sens que c’est négatif, en plus l’obsession des mutilations de me quitte pas non plus) je n’ai pas pu rester dans la salle, je suis sortie, je ne savais pas où aller mais j’avais besoin de rester dehors. j’ai réalisé que Y. devait s’inquiéter alors je l’ai appeler pour qu’il vienne me chercher car j’avais l’impression de perdre la boule de plus en plus et j’avais peur car je sentais des trucs comme quand j’avais eu des hallucinations il y a cinq ans. Il m’a dit de l’attendre et qu’il venait me chercher mais j’arrivais pas â rester en place, je suis allée prendre le bus et Y. est arrivé â temps.
Je ne sais pas pourquoi mais rentrer â la maison me semblait impossible. On y est allé doucement, c’était très douloureux, je ne sais pas pourquoi ça me contrariait autant de revenir â la maison. ça m’a fait beaucoup souffrir. Je viens de demander â Y. de prendre sa douche car je ne veux pas rester et j’ai la sensation qu’on doit absolument aller dehors. Mais je suis exténuée, lessivée.
Ca fait la 3ème fois que je pète les plombs cette semaine (des toc ? des délires ? ... ???) avec 800 ou 600 mg de lithium.
Je me demande s’il ne vaudrait pas mieux que j’aille â l’hôpital ??? Dois-je ne pas m’inquiéter et ne pas aller chez un médecin ou â l’hôpital ? Je me sens en insécurité, je ne sais plus quoi penser de tout ceci.
Samedi 19 mars 2005
09h30 :
Quand je dis que le bonheur en tant qu’état ne dépend que de soi, je n’écarte cependant pas le fait que divers facteurs influencent dans un sens ou dans un autre mais je pense que cette influence (il s’agit donc d’un point de vue personnel et en aucun cas d’une définition qui se voudrait objective et définitive ) n’intervient que dans la mesure où la personne est •prédisposée• â la recevoir ; autrement dit, si je suis déjâ mal, je serai plus sensible aux influences néfastes et si je suis bien, j’aurai plus tendance â être influencé par des facteurs positifs.
Tout être (humain, animal, végétal) est en interdépendance avec son environnement aussi, chacun est tributaire de ce qui l’entoure : il se passe certaines choses ; nous tentons de les comprendre au mieux ; puis nous essayons de donner une réponse qu’on souhaite toujours la plus adaptée sans savoir, par avance, s’il s’agit de la bonne réponse ou pas et c’est encore une autre de ces difficultés de l’existence. Mais si on prend l’exemple de la science, n’est-ce pas ce qui lui permet d’avancer : émettre une supposition, voire comment répond l’extérieur par l’expérience puis tenter de voir les rapports apparaissent et enfin réessayer encore ?
En fait comme tu l’as souligné, il s’agit d’une question d’ordre général car quel que soit le couple dont il est question, en amour, en amitié, en fratrie, la •bonne• distance n’est pas simple â percevoir et, pourquoi pas comme en science, il faut aller dans un sens sans savoir ce qui va se passer, puis tenter de comprendre ce qui c’est passé pour enfin revenir, réessayer car je suis, lâ , convaincu que d’une façon ou d’une autre nous cherchons tous â atteindre, si ce n’est ce bonheur dont on parle tant, du moins un état où la souffrance aura le moins de place possible dans notre vie.
Dimanche 20 mars 2005
09h30 :
•La source de la détresse humaine est le sentiment qu’â l’homme de son aliénation par rapport â l’ordre naturel de l’univers.• 1916 M. West Australie.
J’ai relu plus d’une fois cette phrase avant que de réaliser â quel point elle résonne en moi comme une vérité puissante. A chaque fois que je repense â cette phrase, je vois déjâ vers où est mon bonheur, celui qui ne dépend que de moi.
Et depuis que Yannick me fait découvrir les présocratiques, cette phrase m’apparaît de plus en plus juste. L’âme c’est tout ce qui se réalise, ce qui s’étend et suit le processus l’univers, ils sont le miroir l’un de l’autre. L’on peut sentir que •notre âme• a aussi la capacité de ne pas se développer selon nos choix. la détresse de l’âme qui va â l’encontre du processus de l’univers toujours â s’étendre. (simplification de la pensée d’Aristote)
Il y a la détresse â butter contre une difficulté, celle horrible de plus savoir comment interagir avec l’univers, comme si l’âme en été coupée, et la détresse insoutenable de se sentir prisonnier de l’ordre naturel des choses tel un refus tel un rejet de la faute sur l’extérieur. De ces trois détresses, la dernière fait que les deux premières s’en trouvent amplifiées car ne pas sentir le flot bienveillant de l’univers revient â se condamner dans toutes les autres directions qui ne se déploient pas.