04: Amoureuse de deux hommes
31/12/2008
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Finalement j’aime à présent un autre homme, en plus de mon mari.
J’insiste sur le "en plus". Un deuxième homme. Je ne l’aime pas à la place : je les aime tous les deux.
Il se trouve que j’ai un nouvel emploi depuis le mois de janvier 2008. Bien sûr j’ai remarqué ce garçon, mais je ne suis encore que ce que je suis normalement : une jeune fille réservée, gentille. Il me plaît, mais il n’y a jamais eu que mon mari dans mon coeur, dans ma vie, dans mes pensées, dans mon sang. Je n’ai jamais regardé les autres hommes. Je continue de les trouver bien fades à côté du mien.
Et puis tout à coup ma vie m’ennuie. Je m’ennuie. Tout m’ennuie. J’ai perdu mon père et je sens en moi bouillir une soif d’expérience et de révolte contre le sort et la connerie des évènements. Puisqu’il n’arrive jamais de soi-même que des catastrophes, je veux tout à coup m’employer à créer "de belles opportunités".
"De belles opportunités"
C’est que créent les gens "normaux".
Quelqu’un de normal, l’homme dont je suis tombée amoureuse.
Il vit avec son amie depuis plus de dix ans, il a deux enfants. Il s’ennuie, mais il s’ennuie "normalement", comme tout le monde peut s’ennuyer dans des existences similaires. Il s’ennuie un peu comme tous les hommes, c’est-à-dire qu’il ne s’ennuyait peut-être pas vraiment, mais bon il y a une jeune femme de vingt-neuf ans qui le drague ouvertement, alors?
Alors voilà. Je me suis laissée aller à l’aimer totalement, follement, sans aucune limite. Sans me poser de question. Sans culpabilité aucune.
Dans la première phase (la bonne, celle dont on ne voudrait jamais sortir), j’ai même considéré que c’était normal, que c’était mon dû. Cette putain de vie avait été dégueulasse alors je me servais au rayon des gourmandises. Et je le faisais à volonté, puisque depuis toujours j’avais été sage, obéissante, gentille, prévenante, sérieuse, responsable? et que je n’étais pas récompensée. Au contraire, on m’en mettait plein la gueule. Je ne sais pas qui, mais quelqu’un. Forcément. Et injustement.
Je trompe mon mari pour laver l’affront, l’injustice, le manque de bol. Cela n’a pas de rapport, mais, l’année dernière, tout cela était pourtant très clair dans mon esprit.
Cela fait un an maintenant, et il ne reste que la désillusion. Le réveil.
Très vite je me suis effondrée à nouveau. Mon histoire amoureuse a commencé en mai 2008. Fin juin, j’allais déjà très mal.
J’ai sombré dans une dépression terrible. J’avais déjà été triste, malheureuse. J’avais déjà pleuré pour un rien. Mais là je me suis noyée, jusqu’au soir où j’ai dit à mon mari que mon cas était désespéré, que j’étais irrécupérable, qu’on ne pouvait rien faire de moi et qu’il valait mieux en finir.
Mon mari a toujours su pour cette histoire.
Dès le début, je lui ai dit, car je ne supporte pas le mensonge. Je suis obsédée par la vérité et par ce qui est juste, depuis toujours, je n’ai donc pas failli à ma réputation d’intransigeante. De plus j’aime trop mon mari pour lui cacher quoi que ce soit, et notre amour est trop absolu pour que l’on se cache quoi que ce soit. Les choses ne valent pas le coup d’être vécues si je ne les raconte pas à mon mari : je ne pouvais donc pas aimer un autre homme sans lui en parler, sans le partager avec lui.
Tout a été très dur pour mon pauvre chéri. En peu de temps, on lui a changé sa femme : il avait épousé une fille qui voulait être la femme d’un seul homme, qui prônait la fidélité, qui n’avait d’yeux que pour lui, et du jour au lendemain il s’est retrouvé avec une séductrice délurée, à l’appétit sexuel décuplé, qui ne prônait plus que la liberté et les joies des nouvelles expériences?
Je ne sais pas comment il fait pour s’y retrouver dans tout cela. Comment il fait pour me retrouver moi, au milieu de cette superposition de personnalités, dont je ne sais pas moi-même reconnaître la vraie.
Il est toujours là en tout cas. C’est un miracle et la chance de ma vie. Il reste ma seule voie de guérison, le seul moyen de m’en sortir.
Si je m’étais réveillée de tout cela sans lui, avec lui parti par ma faute, mon comportement? je ne sais pas si je serais encore là pour témoigner.