25 : L’angle de vue de ma maladie évolue avec le temps
31/12/2008
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
Jeudi 26 février 2009
08h09
J’écris encore de bon matin depuis le bureau. Je n’arrive pas â écrire chez moi. J’arrive en avance pour ne pas empiéter sur le travail quoique je suis efficace et consciencieuse d’après mes responsables donc j’ai un peu de temps de "loisir" d’autant que je ne sors pas pour aller manger, ce qui fait de très longues journées.
C’est intéressant de voir l’angle de vue de la maladie se modifier au fil des ans et des expériences. A présent, je sais que je suis cyclothymique, je sais que j’ai encore des jours pénibles qui me clouent encore parfois, je sais que je prends des médicaments, je sais qu’il faudra être vigilante ad vitam, je sais que j’ai besoin de vous pour aller toujours mieux, et pourtant, ça me passe complètement au-dessus. Je présume que c’est en partie dû â une grande amélioration de ma santé. Comme on dit, une fois la difficulté enjambée, on passe â autre chose. J’estime qu’il y a aussi un rapport avec ma mère car j’ai fait mon possible pour ne pas renouveler les mêmes abus matériels ou relationnels.
L’avenir que je me souhaitais â vingt ans s’est évaporé mais ça vaut aussi le détour de virer de cap pour un environnement qui protège la stabilité. J’ai la bonne fortune d’avoir atterri dans un service distributeur de rires ce qui permet de mieux encaisser la fatigue ou les jours mauvais. Mais c’est aussi un entraînement que de retourner â la civilisation car si je suis confrontée â la mise en pratique de certains principes philosophiques avant que de rentrer furax ou triste et me faire consoler par Y. C’est pratique un mari comme ange gardien, homme de ménage, serviteur, et accessoirement on peut l’aimer. Je veux bien le prêter, ceci dit, prenez garde, on s’accoutume très vite.
Maintenant, je comprends l’attitude de ma mère alors que je croyais n’être bonne qu’â veiller sur elle et encore, je pensais mal m’y prendre comme une maman qui se demande sans cesse si elle est â la hauteur. Y. se retrouve dans cette même situation et je trouve beaucoup de bonheur â lui dire chaque jour que je me porte bien et qu’il n’a plus â s’inquiéter ni être prêt â venir me chercher â tout moment.