03: Lart de ne pas conclure
31/12/2008
Témoignages > Comorbidité > Plus tard...
Si je me base sur mon expérience de ces 39 (presque 40) dernières années, je réponds : Non. Désolée. Cest non. Il faut juste laccepter. Moi, je lai accepté. Je sais que je ne sais pas aimer, que je ne peux pas être aimé et que, si je veux être bien, tranquille, sereine, il faut absolument que je sois seule. Sinon cest lenfer, pour moi, pour lAutre.
Pourquoi un tel ? non ? ?
Evidemment, personne, cyclo ou pas, bipo ou pas, nira dire : ? Moi, je vis toujours très bien les ruptures ?. Logiquement, la souffrance liée â cette rupture va dépendre de tout un tas de paramètres :
- lintensité des sentiments
- les raisons de la rupture
- lancienneté de la relation
- lhonnêteté de la rupture
- lâge des partenaires
- etc?
Donc, cest dur, évidemment. Mais, ce que je nai jamais accepté, ce sont les mots. Dailleurs beaucoup dhommes mont quittée mais très peu me lont dit en face parce que je me débrouillais pour menfuir avant, pour disparaître de la circulation. La phrase ? Je ne taime plus, cest fini entre nous ? : je ne peux pas lentendre. Je ne peux pas entendre la voix de lAutre me rejeter â ce point. Je nai jamais compris comment on pouvait soudain, du jour au lendemain, devenir transparent pour lautre, ne plus exister. Je nai jamais compris que lAutre puisse soudain continuer sa vie autrement, en me laissant, lâ , moi, dans le caniveau. Cest une douleur terrible. Alors je dis beaucoup que je ne comprends pas mais cest de ma faute. En effet, je nai jamais laissé â quiconque lopportunité de mexposer ses motifs. Jai même souvent déclaré : ? le jour où tu voudras me quitter, ne me dis rien. Pars et cest tout. Ne mappelle plus, ne viens plus et je comprendrai. ?.
Je sais que cest faux : on ne peut pas comprendre sans explication. Je sais aussi que dun point de vue psychologique cest assez désastreux : il vaut mieux affronter la réalité plutôt que de faire semblant que ça va passer. De toute façon, quoi quil arrive, ça fait mal, mais peut-être quon sen sort mieux si on sait pourquoi on en est arrivé lâ .
Je manque de courage pour affronter ces situations mais quand je les imagine, ça me parait insupportable. Un lieu anonyme et froid. Deux personnes qui se sont aimées. Une qui explique pourquoi cest fini. Lautre qui na rien â rétorquer parce que pour elle rien na changé. Puis il sen va. Elle reste toute seule et elle se dit quelle naura peut-être même plus la force de se relever pour partir aussi.
Je sais que ça fait un peu mélo mais cest toujours comme ça que jai imaginé la scène.
Un de ces hommes ma annoncé un jour par téléphone quil ne viendrait pas vivre avec moi et quil voulait mexpliquer pourquoi. Jai raccroché sans rien dire. Quelques jours plus tard, jai fait changer mon numéro de téléphone et je me suis mise sur liste rouge. Ensuite, jai déménagé. Voilâ , cest terminé?â ma façon. Mais, agir comme ça, cest tout sauf ? conclure ?, cest ? fuir ?, ? se planquer sous la couette ?, ? refuser ?,
Et cest surtout et malheureusement une façon dy croire encore : je nai pas entendu de mots de rupture, il va peut-être réfléchir, regretter, revenir.
Ce nest donc pas ? conclure ?, ? terminer ?, ? tourner la page ?, ? tirer un trait ?, cest plutôt ? garder lespoir encore, malgré tout ?. Cest lart du ? peut-être que? ?.