3) Sʼouvrir et être soi-même
31/05/2015
Auteur : V Commaret
Anxiété / TOC > Burnout
Burnout et dévoilement de soi
Cette dimension est relative à notre préférence en matière de dévoilement de soi. Certains apprécient des échanges en profondeur dans lesquels ils partagent leurs pensées, leurs idées, leurs émotions, tandis que dʼautres préfèrent le faire à un degré moindre.
La finalité de ce dévoilement est de nous sentir appréciés des autres.
Or si nous nous ouvrons, ou si nous accueillons lʼouverture de lʼautre dʼune manière qui nʼest pas en adéquation avec notre préférence réelle, cela suscite une dépense dʼénergie importante.
Jʼai le souvenir dʼun ami coach qui a eu la révélation, au cours de notre formation commune, que son aspiration radicale était de vivre avec certaines personnes de son entourage des relations beaucoup plus ouvertes et intimes. Alors quʼil était dʼun naturel assez réservé, il souffrait de retenir trop de choses en lui-même.
Un autre exemple concerne un dirigeant qui consacrait beaucoup trop de temps à lʼécoute des autres, sʼépuisant à terminer son propre travail le soir et la nuit.
Le burnout et le partage dans lʼéquipe de travail
Pouvoir avoir des partages approfondis au sein dʼune équipe correspond souvent à une certaine maturité, cela nécessite du temps et lʼinstauration dʼun climat de confiance, dans lequel chacun puisse se sentir apprécié inconditionnellement, cʼest-à-dire avec ses qualités et ses défauts.
On aborde là une autre dimension de lʼéconomie des signes de reconnaissance, celle des signes inconditionnels liés à qui nous sommes et non plus à ce que nous faisons. Et là nous ne parlerons que des signes positifs, car les signes négatifs sont extrêmement dommageables et à bannir.
Exemple : tu es formidable, avec ta joie et ta bonne humeur quotidienne !
Ce climat est précieux car il permet dʼêtre soi, et dʼévoquer les blessures de telle sorte que pardon et réparation puissent permettre de repartir dans un élan sans cesse renouvelé.
Pour le responsable, cela interroge aussi sa volonté de développer une certaine proximité, pour que lʼimportant soit abordé et partagé par chacun selon son souhait.
Exemple : si un membre de lʼéquipe perd un proche, quel accueil sera réservé à ce quʼil vit ? Passera-t-on très rapidement au « sujet suivant » par gêne, quitte à le laisser seul confronté à sa souffrance, ou bien ménagera-t-on un espace dʼécoute et de solidarité, dont il sera libre de sʼemparer ? Cela peut être aussi, dans un registre différent, le partage dʼun échec.
Le burnout et le collectif fort
Parvenir à un climat dʼempathie qui favorise lʼouverture et un collectif fort passe souvent par une meilleure connaissance les uns des autres. Le coaching dʼéquipe peut être lʼoccasion de se connaître.
Apprécier lʼautre dans sa différence peut se faire lorsque je le connais mieux, et quʼau lieu de percevoir, inconsciemment, sa différence comme une menace (de mon estime de moi), je la vois comme un enrichissement.
Il existe beaucoup de chemins pour cela. Lʼun dʼeux pourrait être de mieux se connaître en matière de préférence dʼinclusion, dʼimpact et dʼouverture comme évoqué précédemment.
Le burnout et le respect de la personnalité de chacun
Une autre manière serait de connaître et respecter les préférences de personnalité.
Lʼindicateur de personnalité MBTI, mondialement reconnu, et basé sur les travaux du psychiatre Carl Jung, met en lumière les quatre dimensions de la personnalité, avec pour chacune deux polarités. Il a démontré que chacun de nous a une préférence innée pour lʼune des deux polarités, cʼest notre zone de confort, tandis que lʼautre polarité constitue notre zone dʼeffort.
Lorsquʼune personne a pris lʼhabitude de rester dans sa zone de confort, et quʼelle nʼest pas très agile dans sa zone dʼeffort, il est possible quʼelle soit stigmatisée, ou encore quʼelle porte sur elle-même un regard négatif. Cʼest dʼautant plus vrai lorsque cette dimension de sa personnalité nʼest pas « socialement désirable ».
Je prendrai deux exemples.
Une personne de préférence introversion se ressource dans la solitude. Le savoir permet aux autres de ne pas prendre ombrage de son comportement, de ne pas se sentir dénigrés parce quʼelle préfère déjeuner seule.
Les personnes qui sʼattachent à la vision globale des concepts et des idées sont souvent tournées vers le futur et les nouvelles possibilités, et ce trait de personnalité est souvent très valorisé. Pour autant, les personnes qui sʼattachent à une observation minutieuse des détails capitalisent sur les expériences passées et mettent souvent le doigt sur le point dʼachoppement dʼun projet !
Sans compter quʼà la longue, avoir un travail qui demande dʼêtre en dehors de sa préférence naturelle et innée peut être pesant, très consommateur dʼénergie. Cela demande un effort dʼadaptation constant.
Un accompagnement peut consister à prendre conscience des ressorts de sa personnalité, à renouer avec certaines dimensions parfois « oubliées » au profit de dimensions attendues par son environnement, et à trouver les moyens dʼêtre davantage en accord avec sa personnalité dans sa vie en général.
Au sein dʼune équipe, les différences de personnalité et de fonctionnement sont de nature à créer des tensions dans les relations et la communication avec les collègues. Découvrir et comprendre les préférences des uns des autres ouvre une compréhension différente. Cela évite de culpabiliser parce quʼon est différent. Chacun peut se sentir mieux compris et de ce fait percevoir les différences des autres comme autant de richesses.
Par exemple : les personnes qui prennent des décisions rapides font avancer efficacement lʼorganisation, tandis que celles qui préfèrent garder plus longtemps les options ouvertes permettront de mieux prendre en compte le contexte changeant de lʼenvironnement, et dʼaboutir à des décisions davantage mûries. Une coopération intelligente entre ces personnes donne un équilibre précieux à une équipe de travail.
Progresser dans la gestion du burnout
Un rappel à ne pas sous estimer sur le burnout
La problématique de la souffrance au travail est une préoccupation dʼautant plus forte pour les entreprises que la jurisprudence française de 2002 fait de lʼobligation de lʼemployeur dʼassurer la sécurité et de protéger la santé physique et mentale de ses salariés, une obligation de résultat et non plus seulement de moyens.
Lʼimportance des signaux faibles pour identifier un burnout
Il est important de se soucier de lʼapparition de premiers symptômes (manque dʼentrain, démotivation, perte de sens, fatigue répétée, etc.), car alors le coaching permet se redonner un élan et dʼinitier son chemin de développement personnel, cʼest-à-dire la réalisation de son projet de vie unique : « pendant toute notre existence, nous nous rapprochons et nous nous éloignons du cœur de notre être, dans un va-et-vient permanent » (Jaques Poujol)
Au sein dʼune organisation, comme en témoigne lʼexpérience de GDF SUEZ, il est possible de mettre en place un dispositif dʼattention collective aux signaux faibles. Car lorsquʼune personne commence à perdre son humour, à avoir des tremblements, à avoir des absences au travail, à être moins concentrée, … cʼest souvent lʼentourage qui sʼen rend compte en premier, et le travail en réseau entre le manager, le coach, la DRH, la médecine du travail et le ou les médecins traitants, trouve toute sa place.
Les limites et lʼapproche pluridisciplinaire pour le burnout
Dʼaprès moi, il est indispensable de sʼappuyer sur la complémentarité des approches médicales et para médicales pour mieux cerner les besoins du client, identifier un diagnostic et apporter soulagement et solutions aux problématiques professionnelles.
Cela implique de mieux nous connaître, de comprendre les bénéfices de nos approches respectives, et dʼéchanger régulièrement.
Enfin, chacun doit reconnaître ses limites, comme le coaching qui sʼattache prioritairement aux comportements et attitudes, dans lʼici et maintenant.
Le coaching accélérateur de changement
Lorsque nous désirons faire un changement dont nous avons pris conscience de la nécessité, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Etre accompagné permet de faire les progrès petit pas par petit pas, de les vivre concrètement et de sʼajuster lorsque cela ne fonctionne pas, dʼêtre encouragé et challengé sur ce chemin sur lequel les résistances ne vont pas manquer de se présenter, quʼelles proviennent de nous-même ou de notre entourage.
Mais comment cet encouragement peut-il être véritablement puissant ?
En premier lieu parce que le coaching, selon la formulation de Vincent Lenhardt, sʼappuie sur lʼ« alliance des princes », cʼest-à-dire la capacité du coach de se mettre en contact avec son « Prince » ainsi quʼavec le « Prince » de son client. Car cʼest en étant connecté avec sa partie positive, dans lʼespace protégé par le contrat de coaching, que le coaché peut trouver des ressources infinies de croissance, et ainsi permettre aux solutions dʼémerger vers un véritable changement au-delà de ses défenses et de ses blocages
Egalement, grâce à lʼeffet Pygmalion bien connu en matière de pédagogie, cette prophétie auto réalisatrice qui consiste à influencer lʼévolution dʼun élève en émettant une hypothèse sur son devenir scolaire
Cʼest la combinaison de ces deux phénomènes qui permettent de libérer lʼénergie et de déclencher lʼenthousiasme.
Mais attention, la relation dʼaide ne vise pas à combler tous nos manques, mais à faire émerger nos désirs et notre puissance, et à accepter nos fragilités !