15 : Les chemins de la guérison
1/01/2009
Témoignages > Cyclothymie > Dear Siobhan
Tout au long des mois qui ont précédé, il marrivait de re-ouvrir le fichier â ton nom sur ma clé USB, une sorte de lettre ou un récit, je ne savais plus très bien, mais que je técrivais sans réellement savoir si jallais te lenvoyer un jour.
Je lécrivais en Français... je laurai fait traduire
Je me sentais un peu sous cette pression que je me créais â la réussir sans avoir la moindre idée de ce que jen ferai. Parler avec toi me manque? Je ne savais pas comment te lécrire sans te faire encore une fois souffrir. Javais besoin de toi souvent en silence et ne voulais pas non plus te ramener en arrière, te faire revivre ce déchirement atroce. Raviver les douleurs que tu avais vécues alors que je savais que tu étais de nouveau heureuse. De mon côté, je me réveillais avec toi, me couchais, marchais et respirais, avec en tête les conséquences de mes actes et les peines quelles avaient engendrées. Avec tous ces dialogues solitaires, je soulageais un peu le manque de toi.
Ce nétait pas le fait décrire qui me prenait le plus de tps, mais ce furent les questions... Les images et les regrets qui faisaient mal, je bataillais tous les jours et le ferai certainement tant que je ne pourrai pas te serrer dans mes bras une dernière fois pour te dire au revoir ... correctement... Sur ce point, je ne serai pas tranquille ; et même si je me sentirai certainement mieux avec les traitements, les séances de psychothérapie, cela restera une blessure profonde.
Ce nétait pas seulement ce que jécrivais mais le tiraillement de toutes ces émotions et les distorsions quil fallait gérer. Même au moment même où je rédige ces mots, les batailles que je me livre intérieurement viennent du fait que je peux en sondant mes propres sentiments, imaginer les réactions que tu pourrais avoir en me lisant. â? la lumière de notre expérience de vie â deux, il y a certaines choses, certains de mes comportements, de mes actions, même avec la plus grande objectivité, qui restent néanmoins hors de tout entendement. Cest pour ça que des fois, je me dis que je ne sais pas si jaurai toujours la force de me battre â essayer de trouver du sens dans toutes les actions insensées que jai pu faire.
Comme me disait Hantouche, je tutilise bien malgré toi qui nas rien demandé si ce nest de moublier, dans ces notes et monologues pour continuer encore â te parler, retrouver une intimité perdue et qua persister je tutoyais le syndrome de linachevé donc il aurait été plus sage de juste tourner la page et de me concentrer sur le futur. Mais au fond de moi, je ne pouvais vivre quainsi, avec mes intimes réminiscences, je voulais garder tout ça au chaud car cette morsure me forçait â la vigilance et que ma douleur était le passage forcé pour renaître â la vie.
Les médocs traitent ma maladie, mais mon coeur lui sera toujours â sang pour toi et tant quil aura un souffle de vie il ne cessera de semballer â la lecture ou â lécoute de ton nom Siobhan. Si je tenvoyais cette lettre aujourdhui et que tu devais me dire daller me faire voir, je laurai plus que mérité. Mais néanmoins je persiste â técrire car jai besoin déconomiser des forces, pour que psychologiquement je puisse gérer au mieux les décharges de ses affects qui maffectent... pour lutter... donc le ? Au revoir ? dont je parlais plus haut est très important? Ce sera une tension en moins intérieurement.
Je me rends bien compte que tout ce que jai pu écrire nest pas forcément très guai, jen suis désolé, mais je me bats maintenant. Je veux essayer de remettre de lordre dans ma vie et ainsi ramener de la stabilité dans celle de mon fils. Jaurai, dieu sait, voulu plus et quil en soit autrement, mais on ne refait pas le passé. Jours après jours il me faut faire front malgré tout, mes 9 mois dabstinence, de sobriété totale sont mes grandes victoires face â cette fatalité que je pensais immuable lorsque je bégayais des tentatives dexplications perdu devant toi dans la cuisine. Un tantinet sujet â la sur généralisme et la dévalorisation du positif mes automatismes étant persistant, il y aura certainement mille autres petites victoires quotidiennes que je négligerai ou ignorerai comme lobservance stricte que je pratique dans le suivie de mon traitement.
Je sais que le fardeau â la longue pourra muser et me fait plier par moments. Me pousser en équilibre précaire dans des cordes bien trop fines mobligeant â me retrancher dans des recoins parfois morbides. Mais je ne baisserai pas les bras. La guérison cest un peu apprendre lart de lesquive, apprendre â maintenir la garde haute et la tête â labri des coups de déprimes.