Bien comprendre la différence entre TDAH et bipolarité juvénile pour apporter le bon traitement.
On connaît le rôle du cortex préfrontal dans la régulation des émotions. On sait quʼil est perturbé chez les BPJ dans des aires spécifiques.
Les régions les plus impliquées dans la BPJ, selon Dickenstein (Dickenstein et al, 2005) seraient le cortex préfrontal dorsolatéral, le cortex orbitofrontal ainsi que lʼamygdale gauche (réduction du volume). De plus, face à un stimulus émotionnel, Pavuluri note un dysfonctionnement dans le circuit limbique ventral. Pour plus de détails, consulter lʼétude de Michèle Wessa (2009).
Certaines études ont mis en exergue des déficits neurocognitifs spécifiques chez les BPJ et dʼautres nʼont pas trouvé de différence majeure avec la comorbidité TDAH.
Mani Pavuluri et son équipe (Pavuluri et al, 2009) de lʼuniversité dʼIllinois, ont montré, à partir dʼune étude sur 3 ans, que le développement du processus des fonctions cognitives comme lʼattention, la mémoire de travail ainsi que la capacité à la résolution des problèmes est touché. En revanche, il est à noter que lʼétude nʼa pas montré de différence significative entre les BPJ sans comorbidité et les BPJ comorbides au trouble du TDAH. Lʼéquipe de Dickenstein (Dickenstein et al, 2005) dans le Maryland, a suggéré une altération du cortex préfrontal ventrolatéral (notamment dans la fonction du changement dʼattention-attentional set-shifting- et de la mémoire visuo-spatiale).Biederman et son équipe (Biederman et al., 2010) du General Hospital à Cambridge dans le Massachusetts, ont montré que la seule différence entre la BPJ avec comorbidité TDAH et le TDAH sans comorbidité est que les BPJ avec TDAH avaient de moins bonnes performances dans les épreuves de vitesse.Mc Lure (Mc Lure et al, 2005) , qui dirige le Mood and Anxiety Programme, a montré que les BPJ, même en état euthymique, ont de moins bonnes performances que les contrôles dans, à la fois les épreuves de mesure des cognitions sociales se rapportant au jugement pragmatique du langage et de la reconnaissance des émotions faciales que dans les tâches qui requiert de la flexibilité. Selon lui, lʼaltération des cognitions sociales et de la flexibilité chez les jeunes BPJ, suggère une continuité entre le trouble chez lʼenfant et le trouble chez lʼadulte. Lʼerreur dans lʼidentification des émotions faciales est confirmée aussi par Rosen (Rosen et al, 2011) à Washington, qui selon lui, implique un dysfonctionnement dans le circuit fronto-striatal limbique qui inclue le cortex préfrontal dorsolatéral et ventrolatéral, le cortex cingulaire antérieur, le striatum et lʼamygdale. La perception par les BPJ de plus dʼhostilité dans des visages neutres (en raison notamment de lʼhyperactiviation de lʼamygdale gauche, du putamen et du cortex préfrontal) qui leur feraient peur, dénote une hyperactivation de lʼamygdale gauche, du bilatéral accumbens. En outre, on connaît chez les BPJ, lʼinfluence du traitement des émotions faciales sur les circuits de la mémoire. Comparés aux TDAH, un plus grand déploiement du circuit de traitement de lʼémotion et un déploiement plus réduit du circuit de la mémoire est noté. Comparés au Contrôle sain, les BPJ et les TDAH ont une activité cortico-subcorticale qui est réduite sous lʼinfluence dʼune émotion négative et qui est augmentée sous une émotion positive.
Références
Dickenstein DP, et al. (2005), Frontotemporal alterations in pediatric bipolar disorder : results of a voxel-based morphometry study, Arch Gen Psychiatry McClure EB, Treland JE, Snow J. et al (2005), Deficits in social cognition and response flexibility in pediatric bipolar disorder, AM J PsychiatryPavuluri MN, West A, HIll K., Jindal K., Sweeney JA (2009), Neurocognitive function in pediatric bipolar disorder : 3-year Follow-up shows cognitive development lagging behind healthy youths, J Am Acad Child Adolesc PsychRosen H., Passarotti A., Sweeney J., Pavuluri MN (2011), Emotion processing influences working memory circuits in pediatric bipolar disorder and attention deficit hyperactivity disorder, J Am Acad Child Adolesc PsychiatryWessa M, Linke J. (2009), Emotional processing in bipolar disorder : behavioural and neuroimaging findings, Int Rev of Psychiatryjuillet 2013
Bipolarité et TDAH : troubles si proches mais distincts