Le traitement mʼa aidé à réussir ce que jʼentreprends
31/10/2010
Témoignages > Vécu sous traitement
A 53 ans, j’avais l’impression d’être comme sur un quai de gare avec de très lourdes valises que je ne pouvais plus porter, à bout de souffle.
A bout de souffle, après toutes ces années où je sentais bien que les jours se suivaient mais n’étaient jamais les mêmes.
Il y avait les jours où j’étais la plus drôle, la plus intelligente, où j’avais de grands projets et puis hop, le lendemain plus rien, que du vide, de l’anéantissement. Ces journées je disais même que c’était comme une petite mort. Une journée sans vie, perdue. Je croyais que tout cela était normal, car parfois certaines de mes amies évoquaient le même mal être.
Donc je vivais comme cela en pensant que cela était peut être réactionnel aux épreuves que j’avais traversées (perte de mon père à l’âge de 6 ans, décès d’un petit garçon, un enfant autiste). Pendant longtemps j’ai trouvé du soutien et du réconfort dans la lecture des philosophes (notamment les stoïciens) puis dans la pratique de la peinture, ...
Et puis passée 50 ans j’ai compris que tous ces arrangements, que j’avais trouvés pour essayer de vivre normalement ne suffiraient plus à l’avenir et que je nʼavais envie que d’une seule chose pour les 20 ou 30 années qui me restaient peut être à vivre : la sérénité, la paix.
A partir du jour où j’ai eu mon bilan clinique, j’ai compris que je souffrais de bipolarité.
J’étais très contente de rencontrer un expert qui écoute ma détresse, ma difficulté à vivre et m’explique pourquoi je fonctionnais ainsi. J’ai compris que ce que j’appelais les jours AVEC étaient des moments où j’étais en phase maniaque et les jours SANS ceux où j’étais en phase dépressive.
Mon traitement comporte du Téralithe (le matin, soit 200 mg) et du Lamictal (juste 25 mg le matin) associé à un suivi psychologique. Les séances m’ont permis de comprendre ce que sont les troubles bipolaires, notamment la cyclothymie, et comment on pouvait maîtriser leur emprise sur nous, comment ne pas les laisser nous envahir et nous empêcher de vivre pleinement. Elle m’a aidé à prendre pleinement conscience de mes troubles, à les envisager d’un point de vue extérieur afin qu’avec ce regard distancié je puisse les apprivoiser et ne pas me laisser déborder par toutes ces émotions (positives ou négatives selon les phases).
Cette prise de conscience, ce travail de rééducation nʼont été possibles qu’avec l’aide du traitement médicamenteux qui régule les phases hypomaniaques et dépressives et qui fait qu’au lieu de fonctionner avec une humeur en dents de scie on fonctionne avec une humeur régulée. C’est étonnant qu’avec des petites doses de constater l’effet positif de ce traitement : un traitement que je tolère sans effets indésirables !
La cohérence et l’interaction de la prise en charge (chimique et psychologique) ont fait qu’après plusieurs mois de traitement je me sens beaucoup mieux. Aujourd’hui, je nʼai plus peur de moi ; Je connais mieux mes réactions, je sais ce qui peut déclencher ou favoriser un dérèglement de mon état (trop de stress, trop de sorties,..) et cela me permet d’adapter vite mon hygiène de vie.
Je sais également ce qui me fait du bien (me promener dans la nature, avoir une activité intellectuelle, artistique et physique).
Commentaire du CTAH
Certains cyclothymiques sont équilibrés avec des petites doses de thymorégulateurs (comme dans ce témoignage) ; les meilleurs résultats obtenus avec ce dosage est observé chez les cyclothymiques qui n’ont pas pris d’antidépresseurs au cours de l’année écoulée. La combinaison lithium et lamotrigine s’avère une des plus adaptées à la cyclothymie.