Comment se font et se défont les habitudes du TOC ?
31/12/2008
Anxiété / TOC > Techniques pour lutter contre les TOC
Et si le secret de la (dé)formation du TOC était dans la répétition ? A la base il s’agissait d’un comportement adapté et répondant à un but particulier (je doute un peu donc je vais vérifier) qui a force de se répéter s’est détaché de son but initial : je vérifie de nombreuses fois, sans que ce soit vraiment adapté et malgré les indices visuels dont je dispose.
De l’homme au rat, la science nous a appris bien des choses
Le striatum
Avant de se poser la question chez l’homme, voyons ce que nous apprennent les études animales. Chez le rat, on sait que l’activité du cerveau n’est pas la même quand un comportement est motivé par un but (je vérifie pour savoir si j’ai bien fermé la porte) que quand il est fait par "habitude", (je vérifie puisque mon cerveau est habitué à la faire, peut importe ce qu’il y a dans l’environnement). Les structures impliquées dans ces deux comportements sont deux parties différentes du striatum, un noyau des ganglions de la base. Striatum ? ne serait-ce pas une structure importante dans la physiopathologie du TOC ? en effet, le striatum a été montré hyperactif dans la plupart des études en neuroimagerie chez les personnes souffrant de TOC. C’est aussi une cible pour la stimulation cérébrale profonde, cible qui permet de diminuer les symptômes TOC.
Le chaînon manquant : les M&Ms
Comment faire le lien entre les études faites chez le rat qui montrent qu’un comportement fait "par habitude" implique des zones différentes d’un comportement adapté à un but, et les études cérébrales menées dans le TOC ? Une étude très récente a été présentée dans un grand congrès américain de neurosciences et a proposé à deux groupes de personnes sans TOC de faire un test où des réponses étaient récompensées par des M&Ms. Le premier groupe a fait le test deux fois et au bout de la deuxième, choisissait plutôt des chips lorsque c’était possible (marre des M&Ms !!). Le second groupe a été entraîné 11 fois avec des M&Ms et lorsqu’au 12ème test on propose des chips, ce sont les M&Ms qui sont préférés. Comment expliquer que même "saturé" de M&Ms, les sujets ne se soient pas dirigés vers un autre type de nourriture ? Ce sont des habitudes qui se sont formées, et même si le comportement n’est plus adapté, il persiste On retrouve ce même principe dans l’ascenseur : je vais tous les jours au 3ème étage puisque j’y habite, mais un soir je veux aller chez ma voisine au 4ème, et "par habitude" j’ai appuyé sur "3"
Nos sujets ayant fait l’expérience avec les M&Ms montrent des activités cérébrales différentes en fonction de la répétition de l’entraînement : ceux qui ont été habitués ont une activité beaucoup plus importante au niveau du striatum comme les personnes ayant des TOC
Répéter pour faire, répéter pour défaire
La répétition d’une activité peut engendrer la formation d’une habitude, donc d’un comportement répété détaché de son but. De même, c’est la répétition des expositions avec rétention des rituels qui pousse vers la diminution du besoin de faire ces rituels, et donc vers la guérison du TOC. Oui mais cette technique est bien connue de tout patient : "j’ai déjà essayé de ne pas me laver les mains, mais je suis trop angoissé et je dois quand même le faire". C’est vrai, la rétention du rituel est le quotidien d’un grand nombre de patients atteints de TOC, et il est vrai aussi qu’elle ne marche pas si elle n’est pas répétée de nombreuses fois pour ˮdéfaire l’habitudeˮ. C’est la répétition qui est la clé de la diminution des rituels : croyez vous qu’on perde une addiction aux M&Ms en une ou deux privations ?