05 : Je fais une récidive
18/09/2010
Témoignages > Bipolarité > Ma dépression
J?ai pensé que c?était mon nouveau rythme de vie et l?année studieuse qui m?attendait qui me mettaient dans des états pareils, mais connaissant ma relative fragilité, j?ai préféré agir vite et suis allé consulter un généraliste. Elle m?a prescrit des anxiolytiques. Mais leur effet se faisait très peu ressentir et je commençais â fatiguer. J?avais du mal â réviser mes cours le soir, â me motiver pour faire â manger, faire mes lessives, m?organiser pour le quotidien. Je me rappelle un soir où assis devant mon ordinateur, je me suis d?un coup senti mal: j?ai paniqué sans aucune raison, comme si d?un coup, je devenais incapable de prendre une décision, telle qu?elle soit. Je me suis couché et lâ, j?ai senti toute l?angoisse de ma dépression passée revenir en moi. Cela a duré quelques secondes, puis tout s?est évanoui d?un coup. Je m?en rappelle, car c?était très intense.
Cela ne m?est plus arrivé depuis mais voyant que mon état ne s?améliorait guère au fil des jours, et que mes problèmes de vessie devenaient de plus en plus gênants, j?ai décidé d?appeler mon psychiatre pour lui demander conseil. Il pensait que tout cela allait rapidement passer, mais me conseilla de reprendre quelques comprimés de Fluoxétine durant les semaines â venir. Deux semaines plus tard, â savoir un mois après la rentrée, je repassai â un comprimé par jour et était obligé d?arrêter la prépa car je sentais que je décrochais de plus en plus et sentais la dépression me gagner â nouveau et s?emparer de toute mon énergie. Je rechutais progressivement, â une vitesse assez hallucinante, je dois dire...
Je suis rentré sur Paris un mardi, en plein milieu de semaine. J?ai pris toutes les affaires que je pouvais emporter et suis parti, abandonnant â jamais mon petit studio si confortable. Cela me semblait complètement irréel, de voir toutes mes ambitions se briser d?un seul coup alors que je travaillais encore mes colles et contrôles il y a moins d?une semaine. C?est peut-être pour cela que j?ai rapidement prévenu tous mes amis proches avant même de partir, y compris Carole avec qui j?avais rompu â cause de mon départ pour la province. C?était comme si je voulais absolument rendre au plus vite cette décision définitive pour ne pas me torturer l?esprit â savoir si je devais rester ou pas. De toute façon, j?étais coincé dans les deux cas. Soit j?essayais de tenir le coup en m?accrochant â l?espoir de retrouver un état normal au plus vite, ce qui n?allait sûrement pas être facile, soit j?abandonnais tout et savais que j?allais amèrement le regretter. Je crois que j?ai pris l?initiative qui m?aurait de toute façon été imposée par mon état qui n?a fait qu?empirer après être rentré.
Dans les premières semaines, mon état était catastrophique. Je réalisais â peine que j’étais rentré et mes parents faisaient tout pour que je ne perde pas l?année et m?inscrive en fac. J?y suis allé tant bien que mal, me sentant étranger â tout cela. Je vivais un vrai cauchemar. Je ne me sentais pas aussi mal que l?année passée, certainement parce que j?avais déjâ vécu cela et que je savais ce qu?il en était, mais le fait d?avoir rechuté me désespérait. D?autant plus que je savais que d?ici peu, les regrets allaient me ronger et que je n?arriverais pas â penser â autre chose qu?â mon studio, la prépa, mes nouveaux potes et toute ma ? nouvelle vie passée ?.
Je suis rapidement retourné voir le Dr. B. qui m?a confirmé que j?avais bel et bien rechuté et qu?il me faudrait peut-être plus de temps que l?an passé pour me relever. Mes parents ont alors décidé de me faire passer des examens plus poussés dans un centre dit ? de l?anxiété ? situé â Paris pour avoir un deuxième avis médical. J?ai dû tout raconter depuis le début et dans les détails â une psychologue qui prenait des notes et transmettrait le tout â un psychiatre. Le rendez-vous avec ce dernier était pris â la mi-janvier, â savoir dans presque trois mois!!! J?espérais me porter bien mieux d?ici lâ, mais je savais que l?attente allait être longue...