22 : Je relis ce que j’ai écrit il y a des années
31/12/2008
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
Vendredi 23 janvier 2009
14h11
Je m’ennuie, que je m’ennuie !
Je suis au travail et curieusement, il n’y a rien â faire cette après-midi.
J’ai relu ce que j’avais écrit il y a quelques années et j’ai même du mal â me comprendre parfois.
J’ignore comment résumer ces dernières années. On peut parler d’une stabilité relative. Comme vous me l’avez expliqué, une fois enrayés les états mixtes, c’est le tempérament qui prédomine. Hors, ma tendance penche du côté obscure : quel régal !
A vrai dire, je suis née comme telle donc je retrouve mes •états normaux• mais j’ai du mal â les supporter â présent car je n’ai plus mes rêveries que je comparais â mes meilleures amies.
Ah ! Mes •Day dreaming• ! Qu’ils me manquent ! Mais qu’ils me manquent !
Avec Y. nous jouons â •Tu penses â quoi ?• et ma seule réponse depuis quelques mois est : rien, absolument rien, totalement rien, désespérément rien, définitivement rien, nada, même pas une chanson qui vous obsède toute une journée. C’est pas mal d’avoir une vie qui commence â se construire, ceci dit, je ne serais pas contre une activité cérébrale aussi fantasmagorique qu’avant. Nostalgie, comme tu nous tient !
On me qualifiais d’enfant triste, mes institutrices croyaient même que j’étais battue alors que je me sentais parfaitement bien, toujours seule dans mon coin â imaginer tout et rien.
Mes rêves diurnes m’ont prise sous leurs ailes depuis ma tendre enfance, ils m’ont accompagnée ma vie durant. J’ai du renoncer â bien des choses. Je suis parvenue â faire le deuil de mes ambitions coupées â la racines par des nigauds de pseudo-psychiatres et pourtant, je ne puis me résoudre â continuer sans mes mondes imaginaires. Encore une autre pilule â avaler pour les retrouver ? Lâ c’est carrément un sanglier â ingurgiter ! Aux airelles je vous prie. Même pas arrosé d’un bon Côte du Rhône pour accompagner sinon je vais directement sur la case •coma•. Et oui ! L’alcool ne tue pas qu’au volant ! Sans oublier les fromages, le chocolat, la charcuterie? que c’est pratique le Marsilid? (premier antidépresseur, né en 1958) pour se remplir le gosier avec deux feuilles de choux !
Je dramatise exagérément, on peut vivre avec un IMAO sans tomber dans l’ascétisme. Disons qu’il faut se modérer sur les produits lourds pour le foie et ne pas boire plus fort que le vinaigre mais surtout, toujours avoir le Vidal sur soi pour éviter une mauvaise anesthésie. Il paraît que ce type d’antidépresseur est très en vogue chez nos voisins les anglo-saxons. La première explication qui vient en tête relève de nos différences alimentaires. Et pourtant, ils carburent â la bière et au bacon ces zigotos !?
Le Marsilid fut supprimé une année durant en France pour cause de dangerosité alors qu’Outre Atlantique, l’idée ne germerait pas. Un scientifique pourrait-il me répondre sur cette apparente contradiction car cela reste un mystère pour moi. Pour ma part, j’ai découvert ce médicament grâce â un psychiatre qui a parié sur le terrain génétique étant donné que ce médicament réussissait très bien sur ma mère, bipolaire aussi. Il avait vu juste car j’ai ensuite testé d’autre antidépresseurs qui n’ont pas eu beaucoup d’action sur la maladie. Comme quoi, parfois, un traitement décrié par la profession médicale peut s’avérer salvateur. Bien entendu, ce n’est pas la pilule qui convient â tous mais lorsque j’entends parler de pharmaco-génétique, je ne suis point surprise que de telles études existent.