10 : TCC efficace mais pas durable
31/12/2007
Témoignages > Comorbidité > Mon combat contre les TOC
Le combat nétait pas fini malheureusement.
Des manies sont effectivement revenues dès mon retour. Cependant contrairement â avant jessayais de me raisonner seule. Par exemple au lieu de me remémorer la composition de mes menus mentalement je prenais une feuille de papier sur laquelle je la notais. Jinscrivais également les tâches que jexécutais aussi minimes furent-elles (toilette, courrier, etc.?). De cette façon je me libérais un peu lesprit.
Je suis restée ainsi cloîtrée chez moi durant cinq longues années. Le seul contact que javais avec lextérieur fut la présence deux heures par semaines dune aide ménagère. Elle était de mon âge. Elle ne sest jamais permis de me juger et ne ma jamais parlé comme â une malade. Nous avions passé un accord : pas de produits dentretien dans ma cuisine. La peur davaler quelque chose de mauvais ne ma jamais quitté même encore aujourdhui. Elle sest juste atténuée. Petit â petit, nous nous sommes trouvées des affinités. Je ne redoutais plus sa venue au contraire. Elle servait plus de ? dame de compagnie ? que de femme de ménage. Un jour elle ma proposé daller dans un petit magasin faire un tour. Jai accepté. Je nai pas pu apprécier tellement je me suis sentie mal. Javais les mains glacées, le coeur qui battait très fort, des bouffées de chaleur et des vertiges. Après cinq années denfermement physique et psychique jétais devenue agoraphobe (peur de la foule et des grands espaces). Cela est toujours le cas aujourdhui : je dois choisir certains créneaux horaires où il ny a pas trop de monde pour sortir dans les magasins.
Mon aide ménagère ma beaucoup apporté sur le plan humain. Elle a même réussi â me faire installer un sapin de Noël au moment des fêtes.
Cette situation a duré jusquen 2003. Ensuite jai décidé de ne plus la faire venir pour le ménage. Nous nous sommes débrouillés, moi, ma mère et mon ami.
Mon conjoint dépassant un peu le plafond de ressources fixé je devais participer pour moitié au paiement de ses heures. Javais également droit â une tierce personne mais il fallait que je la prenne en charge financièrement. En août 2000, jai été déclarée en invalidité â 80 % par la Cotorep. Lâ encore mon ami dépassant le plafond de ressources je nai pas pu toucher la pension de cet organisme. La seule chose que jai obtenue de la part de la Sécurité Sociale cest une pension de 400 euros correspondant â mes dix années au service de lEducation Nationale. Si javais accepté le mi-temps thérapeutique â lépoque jaurais perçu le double. Conclusion : lhonnêteté ne paie pas !
En avril 2003, je suis partie 3 semaines avec mes parents en Provence afin quils effectuent une cure pour les rhumatismes. Durant ce séjour jai fait énormément de marche et une partie de mes manies avait disparue ! Doù limportance de lexercice physique dans ce type de maladie. Bien sur cela nest possible que quand vous êtes en forme. Moi ma masse musculaire était complètement â plat et jen ai bavé les premiers jours de promenade. Depuis, je continue de marcher au moins une demi-heure par jour.
Nous ne sommes pas revenus â trois â la maison mais â quatre ! En effet, je savais quâ mon retour tout redeviendrait comme avant et çâ je ne laurai pas supporté. Jai donc rapporté un chien de trois mois comme souvenir. Cette petite bête, je men rends compte aujourdhui, ma sauvé la vie !
Moi qui ne supportait pas la saleté, les interruptions et le bruit jai été servie avec lui. Comme cétait un bébé jai du léduquer. Je lui ai appris â être propre. Souvent il y a eu des accidents dans la maison. En jouant il aboyait pas mal. Mon amour pour lui a été plus fort que le dégoût et les angoisses. De plus il ma rendu toute laffection que je lui avais prodiguée. Je sors 3 fois par jour faire de grandes promenades avec lui par tous les temps. Je discute avec dautres propriétaires de chien. Petit â petit jai même repris quelques activités â la maison : je passe laspirateur, je fais les poussières, je fais la vaisselle. Je reconduis même avec quelquun â mes cotés ;
De toute façon, je suis bien obligée car mon conjoint nest lâ quune journée par semaine (quand il ne travaille pas il fait du sport et soccupe dune mutuelle).
Je sais que mon petit Tom partira sans doute avant moi et que ce sera terrible. Je me console en me disant quil aura eu une vie heureuse (sûrement plus que la mienne dailleurs) et de lamour comme on ne peut pas en recevoir plus.
Je tiens â préciser une chose importante pour combattre cette maladie : il faut avoir de la volonté et de la résistance.
La nuit, jai souvent souhaité ne pas me réveiller le lendemain matin. Mais â mon réveil jai toujours lutté chaque jour qui passait. Jamais je ne suis restée allongée â attendre que ça se passe sur le canapé. Je devais me battre ne serait-ce que pour ma mère.