Impossibilité de changer le tempérament
31/12/2009
Auteur : Dr Hantouche
Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Traitements
Vignette clinique
Mme L., 35 ans, a été adressée à ma consultation pour un TOC résistant. Le premier entretien révèle, dans son passé, de nombreux épisodes dépressifs, jugés par son psychiatre, comme névrotiques et liés à un caractère brouillon et excessif. En parlant de son caractère, elle affirme que c’est dans la famille. Je suis comme mon père, renchérit-elle. Elle raconte que lors d’une psychothérapie antérieure elle a tenté, sans succès, de comprendre la nature de sa personnalité. En revanche, c’était plus facile pour son mari et ses collègues au travail de décrire sa personnalité. "Pour eux, je suis une narcissique auto-destructrice avec un caractère brouillon". Une fois, son psychiatre lui a signalé le terme de Borderline (ou état limite) comme une alternative pour cerner sa personnalité. La passation des questionnaires des tempéraments a montré un score nettement élevé (note de 16 sur 21) sur le tempérament cyclothymique. Le suivi de cette patiente a été handicapé par des retards ou des annulations fréquentes. Malgré sa bonne volonté, elle ne parvenait jamais à être systématique. Malgré un suivi irrégulier, le mari atteste un net changement de l’état de son épouse depuis l’introduction dans le traitement un stabilisateur de l’humeur. Toutefois, elle reste ce qu’elle est - elle garde son tempérament.
Un hyperthymique restera hyperthymique et un cyclothymique restera cyclothymique
C’est un principe de la nature humaine. On garde son tempérament comme des empreintes émotionnelles et affectives. L’idéal est de bien vivre son tempérament en évoluant dans un contexte qui soit le plus adapté. Selon l’hypothèse de "Goodness of fit", la maladie naît d’un clash entre le tempérament et l’environnement et le bien-être d’une harmonie entre les deux. Dans cette optique, un "bon" traitement peut se focaliser sur la qualité des interactions entre le tempérament et l’environnement. Même, les bénéfices attendus d’un traitement chimique peuvent être déclinés dans ce sens, à savoir atténuer ou éviter les clashs entre le tempérament et l’environnement.
Les cyclothymiques sont par définition les personnes les plus sensibles et réactifs à leur environnement. Contrairement aux hyperthymiques, ils n’ont pas les moyens d’agir sur leur environnement. Les hyperthymiques ont un sens inné de commander, de dominer, de changer l’environnement dans lequel ils évoluent. En revanche, les cyclothymiques sont plus anxieux, plus sensibles, plus névrotiques, plus évitants. Une sensibilité extrême capable de les casser. Ils sont par essence créatifs ; ils sont destinés à changer leur environnement car rarement satisfaits, mais ont-ils les moyens quand ils sont victimes des hauts et des bas. Autant de démissions que d’ambitions, me précise une de mes patientes. A défaut de trouver un ange gardien, un protecteur, une reconnaissance de leur potentiel, un vrai soutien social, les cyclothymiques sont enclin à souffrir, à déprimer, à se perdre dans un monde brute et "méchant", un monde où ils sont incompris. Mais ce n‘est pas une fatalité à condition de commencer à se comprendre soi-même avant de se faire comprendre par les autres.
Tempérament
Tempéraments, personnalités et couleurs
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