06: javais besoin de lavis dun spécialiste
1/01/2010
Témoignages > Cyclothymie > Dear Siobhan
Jai pu calquer ma vie et ses clashs sur celles de tant dautres. Javais trouvé rassurant et déroutant â la fois de se rendre compte après avoir vécu en aillant le sentiment dêtre un paria pour la société, quelle compte en son sein toute une catégorie de personnes â laquelle on pouvait se rattacher. Je me suis remis â fréquenter un bar, cette fois ci avec bon c?ur et sans peur de risquer les saouleries. Cest un bistro différent fait dhabitués, tu me diras quil ny a lâ rien de singulier avec la majorité des bars que ce soit sur Glasgow ou sur Paris. En fait sa particularité venait de son nom et de son emplacement.
Le Bar des ? Bipotes ? est un espace virtuel, un chat sur Internet ou les bipolaires de monde entier peuvent venir se connecter et se retrouver pour partager des conversations, blaguer, prendre des nouvelles de chacun et surtout se détendre. Lors de ma première connexion je me suis fait remettre â lordre dailleurs. Jétais dans un premier temps resté très silencieux me contentant de lire les échanges entre Laura, Nanou, le poète, Betty, la tenancière du bar et jean. Laura est une hôtesse de lair Anglaise diagnostiquée Bipolaire depuis plus dune quinzaine dannées en attente de son première enfant dont la s?ur est bipolaire également. Elle est lune des doyennes du bar pas tant par son âge, 36 ans, mais par la fréquentation en étant lune des premières connectées. Le poète la cinquantaine dont vingt diagnostiqué Bipolaire, professeur en littérature au Québec fait lui aussi parti des anciens comme ils disent avec la tenancière diagnostiqué depuis dix ans et qui vit sur lîle de la réunion. Je ne sais pas grand-chose sur jean si ce n est quil vit â Paris et quil aime la techno. Betty la trentenaire, relativement boute-en-train vit quelque part en France quant â Nanou environ cinquante dont vingt ans de Bipo fut ma correspondante la plus régulière en dehors du bar mais toujours sur internet. Je lisais donc avec intérêt sans réellement connaître les références de médicaments et traitements que certains donnaient. Ils avaient tous lair dêtre tellement pointus sur les termes.
Ils parlaient de cycles, de monitoring, de phases, de dosages,
Un jargon qui métait impossible de déchiffrer malgré les recherches que javais pu faire et qui étaient restées que générales. Laura qui est très gentille avait remarqué que je navais dit mots si ce nétait pour dire bonjour â ma connexion, madressa un petit ? coucou, alors cest la première fois que tu viens au bar ? Tu es Bipo toi aussi ? Tu es diagnostiqué depuis quand ? ?. Et lâ tout comme je lavais fait presque 3 mois auparavant, jai senti tout remonté et frénétiquement mes doigts ont commencé â marteler le clavier. Les mots, les phrases, les lignes les unes après les autres sans points ni virgules se sont enchaînées sur milles questions et interrogations sans attendre de réponses précises, jai monopolisé le comptoir en déversant au rythme des clics clacs des touches un trop pleine que je pouvais plus contenir. La punition fut immédiate, la tenancière de sa police rouge vive comme un ? stop ? péremptoire avait réussi â insérer une ligne dans la fenêtre qui avait pris dans sa totalité la teinte bleu qui était associé â mon nom ? Tu te crois où lâ ? Cest un endroit déchange ici? ne garde pas la parole dune part et dautre part ton psy est lâ pour écouter tes pleurnicheries? ?. Je me suis senti me décomposer et si ridicule â la fois.
Je lavais néanmoins bien cherché car en remontant le fil de la conversation, il ny avait effectivement depuis bien longtemps ni le vert de Laura, ni le violet de Nanou encore moins le jaune de Betty et le blanc du poète jean comme â son habitude était resté silencieux. Je me suis platement excusé auprès de tous pour mon manque de politesse et comptais me déconnecter dans la foulée quand Nanou de son vrai nom Laurence ma invitée â une connexion privée que jai acceptée. Elle ma gentiment expliqué les règles et ma convaincu de ne pas me laisser abattre, je suis finalement resté. Jai continué â lire, me suis contenté de répondre très brièvement aux rares questions posées sans rentrer dans les détails. Comme dans tout bar qui se respecte la clientèle â variée au cours de la soirée, certains nous ont rejoint dautre fatigués ont quitté létablissement pour rejoindre Morphée et au final seuls les piliers sont resté accroché au comptoir jusque tard dans la nuit.
Laura faisait parti de ces couches tard, peut-être cela venait-il de son métier lorsque descales en escales entre JFK et Narita International Airport, dun bond de faisceau horaire â un autre elle a fini par shabituer â un rythme de sommeil toujours changeant. En compagnie de Betty nous sommes restés lâ â parler plus intimement. Jai alors eu lopportunité de lui expliquer un peu mieux ma situation et répondre enfin â sa question. Non je nétais pas Bipo â proprement dit car je nétais pas diagnostiqué, dailleurs je navais même pas de Psy, nen connais pas tout comme je ne connais pas grand choses la bipolarité. Elles ont pris le temps de mécouter, de me faire partager leurs expériences. Laura ma fait comprendre quil était important et urgent de trouver un bon médecin car elle était elle-même passé pendant de longues années â côté de ce qui la touchait vraiment.
De démarches thérapeutiques en traitements infructueux elle avait perdu beaucoup de temps, dénergie et qualité de vie. Betty qui habite en province nen connaissait pas sur la capitale, par chance la stewardess bientôt maman me donna deux noms de spécialistes dans Paris, Docteur Gay et Docteur Hantouche.