Avoir une bonne santé mentale
28/04/2014
Auteur : M Trybou
Bipo / Cyclo > Bipolarité adulte > Traitements
Peterson et Seligman, (2004) ont analysé les réponses de 150 000 personnes de 40 pays, à un questionnaire en 240 questions. Leur étude a permis dʼisoler les critères permettant de ressentir le bien être. Les critères les plus universellement valorisés sont :
La question du sens des actions est vitale : une expérience portant sur des femmes de ménage a montré que celles à qui on explique que leur travail permet aux enfants dʼéviter des allergies et aux nourrissons de moins tomber malades, avaient un niveau de santé supérieur (moins de plainte de maux de dos, …) que celles à qui on avait simplement demandé de faire leur travail. Selon Lazarus et Folkman (1984), le coping actif (stratégies dʼaction) visant à résoudre efficacement les problèmes en mobilisant ses ressources ou en cherchant de lʼaide permet une augmentation du bien être, contrairement au coping passif (lʼévitement) qui favorise le stress et la rumination. Les émotions positives entraineraient une augmentation de la dopamine dans le cerveau, donc une meilleure mémorisation, une plus grande flexibilité de la pensée et de la créativité, contrairement aux émotions négatives qui favorisent lʼanxiété et donc des fonctionnements plus rigides et une moins bonne mémorisation (Ashby, Isen et Turken, 1999). La gratitude permet une meilleure mémorisation (Watkins, 2004).
Les adolescents altruistes ont moins de risques de dépression et de suicide (Wilson, Csikszentmihaly, 2007). Les personnes faisant du bénévolat ont une satisfaction de vie plus importante que les autres et présentent moins de troubles anxieux et dépressifs (Hunter et Linn, 1984). Lʼaltruisme augmente le lien social qui devient donc soutenant (Grube, Piliavin, 2000). Lʼhypothèse serait que lʼaltruisme augmente le sentiment de valeur personnelle, le sentiment de cohérence entre les valeurs des personnes et les actions menées, et le sentiment de contrôle de la situation (ce qui réduit le stress). Ainsi, une étude portant sur 1000 personnes en difficulté économique portant de lʼaide à dʼautres individus confrontés à la pauvreté montre que le niveau de stress était beaucoup moins important chez les aidants que chez les aidés. Dunn, Aknin et Norton, 2008, montrent dans leur étude que dépenser de lʼargent pour les autres donne un bien être supérieur au fait de dépenser pour soi : les chercheurs ont donné de lʼargent aux participants. A la moitié du groupe, ils ont demandé dʼutiliser cette somme pour se faire plaisir. A lʼautre moitié, ils demandèrent de lʼutiliser pour faire plaisir à une autre personne. Le second groupe avait un niveau de satisfaction plus élevé que le premier groupe suite à cette étude.
La quête du bien être hédonique caractérisée par la recherche de maximisation du plaisir et la minimisation du déplaisir (quête égocentrique), est un bien être instable et ne donne pas de bonheur durable, contrairement à la recherche de sens, le sentiment de compétence et les comportements pro-sociaux qui sont durables (Wallace et Shapiro, 2006). De plus, elle provoque une tendance à vouloir rendre ces moments permanents en refusant quʼils cessent, ce qui génère de lʼanxiété, de la frustration, la colère et la jalousie (Dambrun, Ricard, 2011), ainsi que lʼinsatisfaction quand les choses provoquant le plaisir ne surviennent pas ou se répètent trop et deviennent donc routinières. La quête exige alors un nouvel objet de convoitise et ainsi de suite. Ces travaux sont confirmés par Mauss, Tamir, Anderson et Savino (2011a). Lʼétude de Brickman (1978) montrait que les gagnants à la loterie reviennent à leur niveau de bien être dʼavant leur gain relativement rapidement après leur victoire. Pour Seligman, la notion de bonheur pourrait se résumer en une sensation durable de « plaisir chargé de sens » : la satisfaction des individus par rapport à leur vie est faiblement liée à la quantité de plaisir vécu au jour le jour, mais plutôt corrélée à lʼimplication de la personne dans des actions qui ont du sens pour elle. Pour Easterlin (2001), les situations qui provoquent le plus de bien être sont les actions partagées avec dʼautres personnes, celles où on se sent progresser, ou qui ont du sens. Selon Csikszentmihaly, « faire du shopping ou regarder un bon film apporte un plaisir temporaire mais pas de bonheur durable, contrairement aux situations qui permettent de développer des compétences (progresser au piano, faire de la danse, jouer aux échecs, …) ». Plus un individu sʼengage dans une action, plus il progresse, plus il est satisfait. Pour Deci et Ryan (1985), cela participe du sentiment dʼaccomplissement personnel, de réalisation de soi et de valeur personnelle : relever des défis, sʼouvrir à la nouveauté, se sentir utile, sentir sa compétence, la sensation dʼautonomie, se sentir à lʼorigine de ses choix, faire des choses cohérentes avec nos valeurs, se sentir proche dʼautrui. Ces mêmes variables permettraient une meilleure satisfaction (et productivité) au travail et une augmentation de lʼintérêt pour lʼécole (Laguardia et Ryan, 2000).
Lʼargent contribue au bonheur à partir du moment où il permet une vie supérieure au niveau de pauvreté (Diener et al, 1993). Ce qui compte est de subvenir aux besoins primaires. Dans un contexte de pauvreté, la variable la plus importante au bien être serait la qualité des relations (Biswas et al, 2004). Les personnes les plus riches subissant lʼhabituation à la possession matérielle, et lʼinsatisfaction permanente due à la comparaison sociale, elles nʼont pas de mieux être accru. La consommation matérielle est un processus passif et non un engagement actif dans le développement de défis et de compétences. Le matérialisme serait, de même, opposé à la gratitude, donc aux émotions positives dans le rapport à autrui (Emmons, 2008). « A lʼâge de 21 ans, un adulte ayant lʼhabitude de regarder la télévision, aura pu voir environ un million de publicités, ceci générant un sentiment de frustration et de manque. Dans une étude, il était demandé à des hommes de regarder un certain nombre de photos de femmes séduisantes. Ceux qui devaient regarder davantage de photos trouvaient ensuite leur femme moins attractive et se disaient moins satisfaits de leur relation que les autres hommes. Lʼeffet des publicités expliquerait en partie pourquoi le bien être général nʼaugmente pas dans les pays industrialisés – où les tendances matérialistes sont prégnantes – malgré la croissance des revenus » (Shankland, 2012). Une étude de Smith (1996) sur la comparaison sociale apporte des résultats intéressants : les auteurs ont demandé aux participants divisés en deux groupes de compléter soit des phrases commençant par « jʼaimerais être … » soit des phrases commençant par « je suis content de ne pas être … ». Le niveau de satisfaction par rapport à la vie augmenta clairement pour le second groupe. Les personnes les plus habituées à la gratitude font moins de comparaison sociale que les autres car elles ressentent une satisfaction de leur vie. Elles ont, de même, une plus faible tendance au matérialisme. Envie et gratitude sont donc incompatibles (Emmons et Mishra, 2011, Lambert et al, 2009).
Les études sur les jumeaux homozygotes et hétérozygotes montrent que 50% du niveau de base du bonheur seraient génétiquement déterminés,
Les exercices classiques de la thérapie en Psychologie Positive
Les études consacrées à la Psychologie Positive nous poussent à orienter les exercices de psychothérapie vers :
Il y a, à ce jour, plus de 120 études sur Psychologie Positive et bien être : les personnes qui pratiquent des exercices arrivent à augmenter leur niveau de bien être. Dans une étude portant sur 577 personnes souffrant dʼun état dépressif, Seligman, Steen, Park et Peterson (2005), ont montré que les exercices de repérage des 3 évènements positifs dans la journée et le fait dʼutiliser des compétences au quotidien avaient une très forte utilité. La verbalisation de la gratitude montre aussi de bons résultats.
50 études ont été réalisées sur Psychologie Positive et dépression, avec moins dʼarrêt en cours de route que dans les Thérapies Comportementales et Cognitives centrées sur la restructuration cognitive (alternatives de pensée de Beck).
La Psychologie Positive serait, de même, très efficace pour éviter les rechutes dépressives (Fava, 1998). La thérapie est centrée sur le moment présent et non sur le passé, sur des compétences de longue date que le patient met en place au quotidien dans des objectifs précis. Les objectifs à mettre en place sont plus importants que la réduction des symptômes telle que le conçoivent les TCC. Selon Wright et Lopez (2002), la Psychologie Positive sʼappuie sur les compétences déjà existantes pour les utiliser encore davantage, se fixer des objectifs et croire en la possibilité dʼatteindre des buts.
Une autre technique consiste à stimuler des interprétations positives concernant la fin dʼun événement en inventant la fin de phrases proposées par le thérapeute : « Le jeune garçon entra dans une maison quand dʼun seul coup … ». Le patient sʼexerce à compléter lʼhistoire de manière positive. Cette pratique le mène progressivement à réfléchir de manière positive.
Références
La psychologie positive
