Annonce du diagnostic de Bipolarité, stigma
1/01/2008
Témoignages > Information-Psychoéducation-Découverte du diagnostic
Extrait du bilan : dépressions majeures et hypomanies récurrentes depuis ladolescence, TOC actuel (dominance des obsessions autour des dates, la mort, doute?), abus dalcool entre 28 et 30 ans et dautres substances (stupéfiants) depuis lâge de 30 ans. Tempérament cyclothymique 15 et score hypomanie sur la check-list de Angst de 10.
Ce trouble de lhumeur na jamais été traité â part une psychanalyse sur une durée de 3 ans.
Depuis, nos relations ont complètement été bouleversées
et aujourdhui, je narrive plus â gérer les événements et ne sait pas comment gérer cette situation, comment laider, cest pourquoi je viens vers vous.
Cet épisode nest pas le premier, nous en avons connu dautres, mais pas aussi violents et longs. Cela sétait dailleurs stabilisé ces dernières années.
Voici des éléments sur la situation actuelle :
- nous navons plus aucune vie de famille,
- toute discussion est impossible : il ne veut pas parler, nen voit pas lintérêt, et me reproche de ne pas mêtre intéressée â nos problèmes de couple et â sa "maladie",
- en 1 mois il a partagé 3 repas avec ses filles,
- il dort dans le salon,
- rentre tard le soir, vers 22h environ,
- pour les week-ends, il ma demandé de nous partager entre le samedi et le dimanche pour la prise en charge de notre fille,
-il souhaite mettre fin â notre relation.
Lélément "déclencheur" de sa décision est le fait que je lui ai proposé, pour nous retrouver en tant que couple et discuter de tous nos "problèmes", dorganiser des sorties ou week-ends en tête â tête, plutôt que de toujours faire du roller ou des ballades en famille.
Il reste aujourdhui "bloqué" sur le fait que, daprès lui, je ne veux plus faire de roller ou de ballade, que cela ne ma jamais plus et que si le seul point qui membête aujourdhui est celui-ci, cest que nous ne sommes pas sur la même longueur donde et cela ne vaut pas la peine de continuer.
A défaut de pouvoir parler avec lui, je lui ai écrit, mais il ne souhaite pas répondre, il ma dailleurs précisé quil ne savait pas sil me lirait.
Depuis la naissance de notre fille, notre couple a du mal â se retrouver. Il me sollicite énormément pour trouver des solutions, mais les différentes tentatives et propositions sur les plans sexuels ou intellectuels ou autres .... nont jamais abouti, ces solutions ne le satisfont pas et il a limpression dêtre le seul â faire des efforts, â proposer des solutions. Mes efforts ne sont a priori pas assez visibles, il souhaite que je prenne les choses en main, que je dirige les événements.
Aujourdhui, tous les éléments "bancals" de notre vie de couple me sont plus ou moins reprochés dans le sens où de son point de vue je nai fait aucun effort, même sil prend sa part de responsabilité,
Concernant le diagnostic qui a été fait par la psychologue, il me reproche de ne pas mintéresser assez â sa "maladie", de la minimiser, de ne pas montrer suffisamment que cest important.
Comme je lai déjâ indiqué plus haut, ces épisodes se sont déjâ déroulés. Il me précisait ensuite quil en arrivait â ces extrêmes pour nous protéger. La séparation était ce quil pensait être le mieux compte tenu de ce quil pense être inévitable sur son état de santé psychologique : il est fou ou le deviendra, dailleurs depuis votre rendez vous, il en a la certitude, il sera donc obligatoirement violent avec nous, dune quelconque façon. Et puis quand il est seul, il na aucune pression ou stress, 2 éléments quil tente de canaliser en permanence.
Pour autant, il ne veut surtout pas se séparer de nous car nous sommes sa vie, son équilibre, quil est très amoureux et quil ne veut pas nous perdre.
Jai besoin den savoir plus sur le diagnostic qui a été fait et sur ce que cela signifie au quotidien et sur le long terme. Jai besoin de savoir comment je dois me comporter car je vous avoue être perdue et démunie.
Patient revient nous voir après plusieurs mois depuis le bilan ? lors de la 2ème visite il nous explique leffet ? surprise ? et ? choc ? de lannonce du diagnostic ? "toute ma vie sur 2 pages ? cétait évident que jétais malade depuis mon adolescence? Aujourdhui, jaccepte un traitement thymorégulateur"
Un an après : Deuxième e-mail de lépouse
il est donc grand temps de vous donner quelques nouvelles, en attendant une rencontre orchestrée par mon conjoint.
Il a beaucoup changé depuis.
Les médicaments ont bien sûr eu un effet radical sur son comportement et sur sa vision des choses au quotidien.
Ils lui ont permis de trouver une certaine sérénité, il a pris du recul sur les événements, les gère mieux ; dautant quils ont été nombreux et forts en émotion et en investissement personnel. Il a toujours tendance â aller trop vite dans la réflexion et dans certaines décisions (et heureusement parce que cest bien son caractère), mais il accepte maintenant plus facilement de les discuter, de les remettre en cause et den changer. Avant, il fermait la porte.
Dans notre vie quotidienne, nous ressentons tous (lui, les enfants et moi) les bienfaits du traitement. Nous navons plus â gérer de crise ...
Concernant notre couple, nous avions du mal â communiquer avant le traitement, cela est toujours vrai aujourdhui, il faut dire que nous ne sommes pas de grands bavards et que nous exprimons peu ce que nous ressentons.
La différence, me semble-t-il, cest que lorsquil se renferme aujourdhui, ce nest plus â cause dune crise, mais parce quil y a un problème de communication entre nous.
Nous avons donc beaucoup defforts â faire sur ce point lun et lautre.
Autre point important : les effets secondaires des médicaments sur notre sexualité, il ma dit ne pas lavoir abordé avec vous.
Il na quasiment plus dorgasme, il me dit que ce nest pas grave, pas important, mais quand même...
En fait au début il ny pense pas, et puis ça vient â son esprit, et il ne pense plus quâ cela.
Pour linstant cela naffecte pas trop notre comportement amoureux, mais nous devons y faire attention.
Globalement, jai parfois limpression que nous sommes un couple en reconstruction, tout comme notre maison.
Javoue avoir du mal â me positionner. Jagis souvent comme avant le traitement, je fais attention â ce que je dis, â ce que je fais, jai toujours peur de provoquer une crise. En même temps, je mautorise des paroles ou des "réflexions" que je naurais pas eues il y a peu.
Je lui ai demandé si je nétais pas parfois trop agressive envers lui, ou blessante. Il me dit que non.
La "maladie" est toujours présente â mon esprit, les bienfaits médicamenteux aussi. Il faut maintenant que je prenne du recul par rapport â tout cela et que japprenne â vivre avec.