Sujet X: Manies sexuelles
31/12/2007
Témoignages > Amour, sexe, couples
Quand nous nous sommes connus, j’étais dans le genre n’importe quoi, n’importe qui, n’importe où...
Il a été aux premières loges mais à l’époque je ne savais pas que j’étais malade, et surtout j’avais tellement conscience que c’était un jeune homme extraordinaire que pendant plusieurs années j’ai imposé une relation platonique pour ne pas tout gâcher. Du coup, d’un côté, je continuai mes débâcles et de l’autre je construisais avec lui une relation très solide de grande amitié. Cette amitié immense a permis de nous forger confiance et liberté, et tout ceci faisait que le platonique nous convenait très bien.
Nous sommes devenus un couple après mon hospitalisation. Je réalisais de plus en plus combien je l’aimais et combien il était un jeune homme hors du commun à ne jamais me juger, me comprendre, faire tout ce que je ne pouvais pas faire etc...
Comme il y avait eu erreur médicale, les traitements cachaient totalement la "manie sexuelle" (pardon pour cette expression si elle n’est pas conventionnelle) mais une fois sevrée, c’était reparti.
J’ai donc eu des amants, non pas pour compenser quelque chose qui me manquait mais sous le coup d’impulsions que je maîtrisais parfois mais pas toujours.
Comme je l’ai dit : l’une des grandes conditions de tout ceci est que nous ne sommes pas du tout jaloux et qu’en aucun cas on estime que le corps appartient à l’autre.
Je lui ai donc toujours dit quand je craquais. Mais il y a une énorme nuance entre "baiser" et le faire avec amour. Et cette différence il l’a connaît parfaitement. Il savait très bien que je ne prenais pas du bon temps, que c’était purement mécanique et rien à voir avec l’intimité qui se vit avec des sentiments.
Quand j’ai été diagnostiquée, on a appris que ça faisait partie de la maladie et nous n’avons pas été surpris du tout. Surtout que ma mère est BP et qu’elle est allée jusqu’à être poule de luxe quand ce n’était pas le défilé des amants sans contre partie financière.
Au fur et à mesure, l’amour s’est consolidé à tel point que je désirais de loin être heureuse dans un lit plutôt que de recommencer.
Il faut dire qu’à chaque fois que je me laissais aller, j’étais très mal après. Aucune culpabilité par rapport à lui mais je me sentais moche, sale, décadente, et comme une pièce de charcuterie à l’étalage qui allait dans le premier panier venu. J’ai commencé à ne plus supporter cet "après" ; d’autant qu’en même temps, les pulsions autodestructrices se sont tournées vers d’autres moyens.
A présent, j’ai encore ce genre de pulsions mais j’arrive à y résister en me disant qu’il y a beaucoup de chances de revivre cet "après" à part si je tombe sur un amant génial côté plaisir, ce qui ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Puis je les gardais dans mes rêveries ou bien je les "expulsais" en regardant des films X et...
A présent, mes manies sexuelles/amoureuses remontent à longtemps. Il n’y en a plus et je n’ai plus besoin non plus de "substituts". Je vis en amour qui vit lui aussi en amour avec moi. Ce fut mon élixir par excellence face au problème.
Il lui est arrivé une fois d’aller ailleurs (il n’avait connu qu’une fille avant moi alors la curiosité...) et de la même manière, je l’ai très bien pris et j’ai aussi compris qu’il souffrait beaucoup, non par culpabilité mais parce qu’il se sentait mal de ne pas l’avoir vécu avec amour, ce fameux "après" qui n’est pas réservé qu’aux femmes.
Vous allez certainement penser que nous sommes un couple libre et tout le tralala. Et à première vue je pourrais penser de même. Pourtant je vous assure qu’il n’en est rien du tout. L’amitié que l’on a forgée qui s’accompagne de l’amour nous transporte au-delà de ce mode de vie "couple comme chacun fait ce qu’il veut". Au contraire puisque les sentiments plus la conscience de la maladie me permettent de plus en plus de m’éloigner de ces symptômes.
Il y a un an que j’ai un traitement adapté pour ma BP et je commence à sentir que ces pulsions se font de plus en plus rares et qu’avec des dérivatifs, tout commence à rentrer dans l’ordre, je sens bien que c’est à présent une question de temps pour ne plus les avoir du tout sauf si ... un amant vavavoum ! lol, joke !
Ca va de soi que le dialogue dans toute cette histoire a été capital, en parler longuement lui a fait comprendre et m’a permit de mon côté d’avoir plus conscience de tout ceci.
Je ne sais pas vraiment si ceci va vous aider car je sais fort bien que chaque couple est différent, que chaque personnalité n’a pas les mêmes conceptions des choses, chaque cas est unique, etc...
Ce n’est pas tabou pour moi et beaucoup de BP vivent ce symptôme, il n’y a pas de raison qu’on se le cache ?? ?