12 : Un peu de sagesse pour réduire la chimie de mon traitement
31/12/2007
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
Mardi 1er Mars 2005
09h00
J’ai enfin pu dormir correctement avec l’aide d’une moitié de zyprexa. Je suis pas bien. Depuis plusieurs semaines je fais de plus en plus le yoyo dans les humeurs et les phases (manie/dépression). J’arrive â gérer assez bien dans le sens où ça ne m’angoisse pas et j’arrive â m’auto calmer en faisant des efforts du neurone. Mais lâ , j’espère ne pas tomber trop bas et vite remonter car je commence â avoir pas mal de difficultés au quotidien quand je suis dépressive. Je ressens un véritable besoin d’un arrêt maladie, je ne vois pas d’autre moyen que celui ci pour faire une pause pour souffler un peu car â la longue, faire des efforts par la volonté, ça bouffe beaucoup d’énergie sachant que la fatigue a toujours été présente chez moi. J’en ai marre de tout, vraiment marre, j’ai envie de démissionner de moi. Je tiens plus la route, je sombre du côté obscur. C’est trop dur de vivre, de se laver, de manger, de parler. J’ai plus envie de vivre au sens concret mais pas suicidaire. Je voudrais m’oublier et oublier tout. En fait j’ai même pas envie de remonter â la surface. J’ai envie de me laisser aller jusqu’au bout, j’en suis même â espérer avoir des pensées morbides â profusion.
Je n’ai plus la force ni l’envie décrire, de plus il faut que je me concentre pour faire bonne figure au travail, éviter de pleurer, éviter d’aller me planquer dans une salle vide pour conjurer la souffrance, celle qui n’a pas de nom, qu’on appelle par défaut la souffrance psychique et que j’ai déjâ décrite en long et en large.
Samedi 12 mars 2005
09h30
Je suis très sincèrement navrée de vous avoir envoyé un Email méchant la dernière fois. J’étais dans une telle détresse !!! De l’hypomanie mixte avec dysphorie, comme le mois dernier sauf que cette fois-ci, la crise fut d’une intensité sans précédent. Je vous assure que je ne vous mens jamais (sauf mon aveu â retardement sur les pensées d’imitation d’automutilation) et je n’exagère pas du tout.
D’ailleurs je suis très étonnée car sur le forum, beaucoup de personnes se font arrêter ou vont trois jours â l’hôpital pour bien moins que ça. Sur ce plan, j’estime que je résiste mieux. Qui plus est, la crise était telle que pour soulager la souffrance psychique, le seul réflexe que j’ai eu fut de me faire mal. Je crois que j’ai déjâ expliqué clairement que la souffrance physique est pour moi un recours pour échapper â l’enfer de mon neurone mais sachant que c’est un moyen pour provoquer un pic de dopamine, je ne vais pas loin. J’ai eu tout de même très peur d’un gros pic suicidaire (suicide de façon violente car les médicaments ça marche très rarement), comme une envie d’uriner quand la vessie déborde, Y. m’a surveillée de près car il sentait que je perdais vraiment les pédales.
A part ça, je fume comme un pompier, je dois être â 30 cigarettes par jour, je fais des efforts mais j’arrive pas du tout â me contrôler, c’est trop dur pour moi en ce moment d’y résister. J’ai conscience que c’est mal pourtant. En revanche, pour le café, je maîtrise très bien. Je déborde un petit peu sur l’alcool, enfin c’est beaucoup dire, disons que je bois un verre de whisky deux fois par semaine environ, mais je ne bois pas pour le plaisir, je bois pour me sentir grisée.
Côté médicaments :
- les 800mg de lithium, je ne les supporte pas alors que je suis habituée â faire très attention au sel dans mon alimentation. Je suis redescendue â 600mg. Pour le moment, je supporte très bien et je sais que si je déraille, je remonte â 800mg.
- L’Abilify : ben? euh? je ne sais pas quoi dire. Aucun effet secondaire. Mais pour ce qui est de son impact sur la maladie, je ne peux pas me prononcer, c’est beaucoup trop tôt encore.
Un peu de sagesse pour réduire la chimie de mon traitement
Si l’on part du principe que nos maux viennent d’un fonctionnement différent de notre cerveau (je simplifie évidemment), on peut considérer que changer notre vision, nos conceptions, façon de penser... c’est aussi influer sur le fonctionnement de notre neurone. Regarder la réalité autrement, se percevoir sous un autre angle jusqu’â ce que ca devienne intrinsèque, est source certaine d’influence sur le fonctionnement de notre corps.
La chimie est incontournable. Esprit de recherche/vie : médicament â long terme.
Je suis intimement convaincue qu’une démarche personnelle remplie de sagesse peut nous amener â vivre un jour avec très peu de chimie, et qui sait, plus du tout sauf par prévention ?
Je ne parle pas de religion, je ne parle pas de foi, je parle du fait qu’il est naturel d’interagir sur notre corps grâce â une modification de nos pensées. On en a des exemples â profusion, une foultitude dont on ne se rend pas compte sur le coup ou du tout. C’est un processus naturel et je m’y emploie avec assiduité.