06: Mon état se détériore malgré le traitement
31/12/2008
Témoignages > Cyclothymie > Moi, ma cyclothymie...Moi ?
Au fil des semaines,
je pleure moins, je suis moins fatiguée, même si cela ne change rien aux évènements. Je ne sais pas pour les autres, mais moi, cest par pallier.
Lévolution est flagrante après certaines nuits. Je me souviendrai également â jamais dun jour où je me suis rendue compte que je chantais une chanson en faisant le ménage, et que je me suis rendue compte également que cela nétait pas arrivé depuis des mois.
Par contre, avec le psychiatre, rien.
Très étrange. Nous navons jamais réellement discuté de moi, de ma vie. Il ne me reçoit que dix minutes la deuxième fois, puis vingt, puis dix â nouveau. Il ne pose plus de questions. Au départ jai cru quil fallait que je commence, que je lance quelque chose, alors jai essayé, mais cela na mené â rien : quand je commence â raconter il finit par parler plus que moi, et dériver sur le fait que jai lair daller bien, et de men sortir. Il me reçoit comme un généraliste, pas comme un thérapeute. La fois suivante, il se trompe dans le jour de notre rendez-vous : je ne rappellerai pas pour en prendre un nouveau.
Je lis tous les livres qui me tombent sous la main sur les troubles bipolaires et la dépression. Je fouille les sites Internet, et cest comme cela que jai trouvé le blog ? Cyclothymie et Vérité ?. Jai été très envieuse du groupe de travail que vous aviez créé, car je donnerais nimporte quoi pour rencontrer quelquun ? comme moi ?.
Je ne me suis pas reconnue dans les livres sur la maniaco-dépression, les troubles bipolaires sévères, car mes phases sont beaucoup moins marquées, et plus rapides. Aujourdhui cest même plus flagrant quavant : la cyclothymie me poursuit tous les jours. Tous les jours jai au moins une variation sinon trois, et jusquâ six. Des états mixtes, aussi.
Actuellement je lis le livre du Docteur Hantouche et de Vincent Trybou ("Soigner sa Cyclothymie"): jai commencé un tableau où je note tout, rigoureusement comme ils y invitent, et mes variations dhumeur sont lâ , sous mes yeux maintenant. La maladie, ou la différence, est partout. Je la vois alors quavant je me demandais pourquoi jagissais comme cela, pourquoi je ressentais tout cela.
Me voilâ sous antidépresseur depuis novembre 2008. Je dirais que jallais bien, avec des hauts et des bas, avec du ras-le-bol parfois de ces montagnes russes, avec des crises de larmes quand même, mais bien.
Seulement il est en train de se passer quelque chose : depuis deux semaines, je me trouve â nouveau dépressive. Je ne contrôle â nouveau plus ma douleur. Je souffre en permanence. Les sensations physiques de langoisse sont revenues.
Et encore, je pourrais tolérer mon état (car jai entrepris un gros travail dacceptation de ma nature) mais je ne supporte plus les effets de mes troubles sur mon entourage, et mon travail.
Je culpabilise vis-â -vis de mon mari, qui vit avec une femme malheureuse la moitié du temps, et â qui je demande également, â linverse, de me partager avec un autre homme.
Je culpabilise vis-â -vis de mon deuxième homme, qui vit un enfer â cause de moi, car le manque de temps pour nous deux (lui cache tout â sa femme) ma jalousie et mes doutes éternels, font quil doit régulièrement faire face â de grosses crises de ma part.
Je culpabilise par rapport â mon travail, car ce nest pas évident non plus pour mes collègues de comprendre quoi que ce soit â mes états dâme, et encore moins â mes histoires damour. Sans parler des jours où je vais trop mal pour travailler correctement.
Je suis inquiète pour lavenir, cest pour cela que jai écrit tout cela.
Demain je retourne voir mon généraliste, que je nai pas vu depuis un moment. Je vais lui demander de me prendre un rendez-vous avec son ami qui est psychiatre et que je devais voir au début. Mais je me demande si un médecin qui nest pas spécialiste de ce que jai, saura mieux comment sy prendre avec moi.
Je suis inquiète également car je ne sais pas si je dois prendre un autre traitement, un régulateur de lhumeur. Dans labsolu je ne voudrais pas. Je voudrais enfin arriver â me débrouiller avec ce que je suis. Jai limpression quil nen faut pas beaucoup, mais quil faut quon maide â y voir clair.
Car je suis inquiète, pour finir, de ne pas savoir qui je suis en réalité, et ce qui relève des troubles.
Jai trente ans dans deux semaines, et alors que je devrais me sentir jeune, heureuse et épanouie par tout lamour que je reçois, tout me fait mal, rien nest suffisant, rien ne me va jamais.
Si je peux aider en quoi que ce soit quelquun par mon témoignage, alors au moins, les trente années qui viennent de sécouler nauront pas été inutiles.