17 : lattente
1/01/2008
Témoignages > Cyclothymie > Chroniques dune cyclothymique
Rock and Roll…Ma vie est rock and roll.
Plus je suis seule, moins je m’y habitue.
Je cherche désespérément une main tendue, je regarde mon téléphone dans l’espoir qu’il sonne enfin, qu’une bonne âme pense â moi. Mais il faut reconnaître qu’il sonne de plus en plus rarement.
Obligée de toujours relancer les autres pour faire quelque chose avec eux. Fatiguée de cette situation. Ils ignorent ma solitude, ils ont autre chose â faire. Quand on est heureux, on n’a pas envie de se coltiner le malheur des autres.
Mes appels restent sans réponses. Comme je me suis dit que je n’insisterai plus, j’attends qu’ils fassent un pas.
Ca ne peux plus durer. Que dois-je faire pour percer cette couche de mal être ?
Je me sens dénuée de protection, â vif.
Je me saoule moi-même â force de me plaindre.
Je comprends Jacopo. Je ne suis pas un cadeau. Pourtant je me sens si bien dans ses bras, quel gâchis.
La Blédine m’a calé pour un moment, mon estomac rempli me fait mal.
J’ai toujours mangé trop vite, comme si j’allais manquer de nourriture.
Sentiment d’impuissance après avoir constaté avec culpabilité ce que je viens d’ingurgiter.
Je mange mal, très mal équilibré. Je mélange tout.
Je déteste quand Jacopo se montre heureux pour moi quand j’essaie de le rendre jaloux en lui parlant des autres mecs. Il suffit que j’évoque mon amant tunisien pour qu’il affiche un large sourire béat d’affection.
Cette manie qu’il a, â vouloir mon bonheur sans lui, me rend malade.
C’est bien pour ça que j’évite le plus souvent de lui en parler.
Il me manque vraiment, je deviens dingue. Je ne suis qu’une épave. Une peau morte. Les journées sont interminables. Le temps ne passe pas. Ma chambre est toujours la même. La flemme de changer quoi que ce soit.
Suis-je anormale d’attendre des réponses ? On dirait que le monde s’est ligué contre moi. J’envoie des mails ou je laisse des messages téléphoniques pour proposer qu’on se voie avec mes amis, et ils ne répondent pas…Cela veut bien sûr dire qu’ils ne sont pas intéressés, mais, je ne comprends pas pourquoi ils ne prennent pas la peine de me répondre pour me le dire ! Moi quand on me sollicite, je réponds immédiatement…Certes, je n’ai pas de vie, j’ai tout mon temps…Je suis polie surtout !
Je ne suis pas faite pour ce monde.
Alors lâ qu’ils ne comptent plus sur moi pour insister !
Je ne suis pas misanthrope, mais j’ai la rage contre les autres !
Man next door des Massive Attack
I got to get away from here…
Je déroge â ma résolution. Je rappelle des gens. Je propose. Je vois de nouvelle tête et je me rend compte que d’écouter me fatigue. Je m’en fous, je ne fais qu’oublier que je ne suis pas avec Jacopo. Leurs histoires ne m’intéressent pas, tout me paraît tellement con â côté de lui.
J’ai conscience que je suis mal barrée. Que je ne peux vivre que pour une seule personne. Mais je le trouve tellement intelligent, il m’emmène tellement loin quand je suis avec lui. Je souffre tellement quand il part. Je trouve tout fade. Rien ne me fait autant plaisir que lui.
Je me reconnecte sur MSN, je l’attends, il n’est pas lâ et je maudis tous mes autres contacts d’être en ligne.
Je remplis. Je remplis mon estomac, je remplis le temps, je fais croire, je me fais croire, mais finalement j’en reviens toujours au même…
Il est brillant parce qu’il me rend dingue.
Je mange, non, je me goinfre, je cherche â faire taire ce manque, â lui donner quelque chose pour le combler. Puis je me lamente, je m’observe dans la glace, les bourrelets qui dépassent du slip, ceux qui rebondissent sous le soutien gorge, je m’en fous. Je presse la cellulite et constate avec dépit que je n’ai plus grande chose â faire. Je déteste le sport. Je hais le sport, jamais je ne ferai de sport. Je n’ai pas de solution. Mes rondeurs me dépriment.
Ma peau transpire le mal-être. Pleine de boutons que je cache tant bien que mal sous une couche de maquillage. â? vrai dire, les jours de crises, je ne me maquille pas, j’offre au monde un visage de crapaud, presque fière de ma laideur.
Comme si de toute façon, au point où j’en suis… â? quoi bon ?
Les cheveux gras aussi, je ne les lave pas en jours de complète souffrance.
Les efforts pour m’arranger me coûtent de plus en plus. J’ai vieilli, je vois mes rides se creuser. Mes sourcils poussent plus vite qu’avant. Je ne m’épile plus.
Je ne mets quasiment plus mes lentilles que pour voir Jacopo. Sinon, mes lunettes accompagnent ma dépression.
Je ne suis pas moche, je suis plutôt jolie d’ailleurs, mais je n’ai plus la force de le montrer.