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Un self-management spécifique pour la cyclothymieUn exercice utile pour sonder son espritUn Bon traitement pour la cyclothymieSurconsommation des antidépresseurs chez les patients bipolairesStress et charge allostatiqueSe soigner sans que la vie devienne ennuyeuseQuels sont les risques des anti-dépresseurs dans la bipolarité ?Prise en charge psychologique de la dépression bipolairePremiers traitements des nouveaux bipolairesPeut-on se passer dʼantidépresseurPeut-on considérer le Trouble bipolaire comme une maladie organique ?Oméga3 et troubles de l’humeurN-AcétylCystéine (NAC) dans les troubles bipolaires et les troubles associésManie, acide urique et goutte : quels rapports ?Lithium augmentation dans les dépressions résistantesLes cyclothymiques sont-ils à ce point difficiles à soigner ?Les bonnes séquences pour soigner la cyclothymieLe bonheur et lʼApprentissage de lʼÉchec selon Tal Ben ShaharLa TCC est-elle efficace contre la dépression ? La remédiation cognitive chez les patients souffrant de troubles anxieux et de lʼhumeurKetamine et bipolarité résistanteIntroduction à la thérapie des schémasIntolérance à LamotrigineImpossibilité de changer le tempéramentImpact des tempéraments sur la santé physiqueHygièene de vie pour les bipolairesEMDREfficacité du Xeroquel® dans le spectre bipolaireDépression, bipolarité et inflammation chroniqueChoix des thymorégulateursCharge allostatique, cortex préfrontal et amygdaleBonheur et Optimisme selon SeligmanBipolarité Résistante : Quel espoir peut-on attendre ?Avoir une bonne santé mentaleAutour d‘AbilifyAntidépresseurs dans les troubles bipolaires : que disent les études ?Antidépresseurs dans la Dépression avec Hypomanie Sub-SyndromiqueAller vers une psychopharmacologie hippocratique
37 : Lʼangoisse ! Quelle soeur jumelle !36 : Quelques moments de sérénité dans un monde35 : une vie vraiment difficile34 : Maudite hypersensibilité33 : La MDPH me refuse encore un emploi protégé32 : J’écris sous le coup de la peur. 31 : Moi, les autres, le boulot30 : Une souffrance qui n’a pas de nom29 : Prescrivez moi une autre personnalité28 : mes conseils sur la prise des médicaments27 : Je reprends mon journal26 : j’ai besoin de mon day-dreaming25 : L’angle de vue de ma maladie évolue avec le temps24 : Un fond d’angoisse et d’insatisfaction23 bis : guérir au dépend d’une partie de mon imagination23 : patient partenaire22 : Je relis ce que j’ai écrit il y a des années21 : Besoin de construire un présent, penser au futur20 : Je suis stable, mais...19 : Ecrire, çà me déprime18 : Ma réactivité aux psychotropes17 : La question de la dysphorie me tarabuste encore16 : La maladie est une expérience de ma vie15 : rechutes, TOC, délire, insécurité, détresse14 : Chauffarde de la vie13 : La maladie bipolaire serait-elle fatalement le malheur de l’autre ou la déchirure du couple ?12 : Un peu de sagesse pour réduire la chimie de mon traitement11 : Je participe à un forum10 : L’art d’être la seule personne â me comprendre09 : J’en ai marrrrrreeeeeeeuuuuuuu !!08 : couple atypique ?07 : suis-je en dehors des conventions d’une maladie normale ?06 : une journée typique qui se répète05 : Je donnerais n’importe quoi pour sortir de ce puits sans fond04 : Aujourd’hui c’est la tristesse qui me fait écrire03 : Pourquoi autant de plaintes sans fins ?02 : Des petits matins où le café n‘a pas le même goût 01 : Comment être bipolaire aujourdʼhui

Le parcours du combattant pour diagnostiquer et soigner sa maladie

12/06/2011

Témoignages > Se soigner

Cyclothymie, Bipolarité... deux termes qui caractérisent un mal qui mʼa fait souffrir pendant plus 30 ans sans que les médecins, psychiatres et psychologues puissent les détecter

A la recherche de lʼidentité du mal


Vous avez la gorge en feu, des maux de tête et de la fièvre, bref une angine, que faites-vous quand vous avez constaté que cela ne passait pas tout seul ? Vous allez consulter votre généraliste, qui normalement vous prescrira un traitement efficace. Si ce n’est pas le cas, vous y retournez ou vous choisissez d’aller en voir un autre, et dans tous les cas vous finirez par obtenir le traitement qui vous soulagera. Votre médecin a les connaissances nécessaires pour traiter votre cas, sinon il vous dirigera vers un spécialiste.

Vous vous sentez mal dans votre peau, votre estime de soi est très mauvaise, vous ne vous sentez plus capable d’assumer vos tâches quotidiennes et la vie en général, vous pensez à la mort et au suicide, vous préférez vous réfugier dans le sommeil plutôt que de vivre, vous n’avez plus goût à rien, tout vous angoisse, vous voyez l’avenir en noir, bref vous n’en pouvez plus moralement et par conséquent physiquement, et cela va en s’aggravant. Vous allez donc consulter votre médecin qui essaie quelques traitements à base d’antidépresseurs, de calmants et de somnifères. Mais le mal-être persiste tout autant, et il vous dirige vers un spécialiste, un psychologue ou un psychiatre.

Vous pensez que comme pour votre angine, celui-ci va arriver à vous sortir de votre état, et vous essayez traitement après traitement, médecin après médecin, le tout sans aucun résultat valable, et les rechutes sont inexorables. Pourquoi tous ces soi-disant spécialistes, psy-ceci ou psy-cela, n’arrivent-ils pas à vous soigner alors qu’ils ont fait les études pour ??? N’existe-t-il rien pour vous soulager ? Vous voulez vous en sortir, vous n’arrêtez pas de vous battre, et pourtant, vous finissez par en conclure que vous êtes un cas, que personne ne peut rien pour vous, ce qui ne contribue pas à vous remonter le moral.
La suite est mon histoire personnelle, ma lutte pour essayer de trouver une solution à ces problèmes, et ma vision de ces "spécialistes" des "maladies de l’âme" si l’on peut les appeler ainsi. Elle n’engage que moi. Je suis une femme, j’ai aujourd’hui 47 ans, je suis mariée et j’ai deux adolescentes.

Mes souffrances ont commencé assez tôt


D’après mes souvenirs, je pense avoir très tôt dans l’enfance présenté des symptômes de cyclothymie et/ou bipolarité. J’ignore cependant si l’on pouvait faire ce genre de diagnostique au début des années 1970. Enfant, ma mère m’a emmenée deux fois chez le psychiatre. La première fois parce quʼà l’âge de 6 ans, je n’étais toujours pas complètement propre la nuit. Il a suffi d’être patient. La seconde fois parce que je ne voulais jamais quitter mes parents, même pour aller passer une nuit chez une grand-mère avec une cousine, et j’aimais bien être chez moi. Mais le problème majeur résidait dans le fait que presque chaque année, mes parents nous laissaient, mes frère et soeurs, chez ma grand-mère pendant une semaine pour faire un voyage tous les deux en Europe.

Et j’en étais malade à chaque fois : j’angoissais plusieurs semaines avant, j’avais du mal à trouver le sommeil, j’avais peur que l’avion s’écrase et que je ne les revoie plus, et ma grand-mère devait à chaque séjour faire un calendrier avec le nombre de jours d’absence de mes parents, et chaque midi nous mettions une croix dans la case de la matinée qui venait de passer, une de moins !, et idem le soir et le lendemain matin pour la nuit. Tout était pourtant bien organisé, j’étais dans la même ville, avec mes frère et soeurs, et la semaine était rythmée par l’école. J’estime que déjà lors de cette seconde visite, le psychiatre aurait dû se rendre compte que quelque chose de sérieux n’allait pas, surtout que j’étais une enfant timorée, très anxieuse sur beaucoup de sujets, et que j’avais régulièrement du mal à m’endormir. Il a simplement essayé de me rassurer par rapport à ma peur des accidents d’avion. Autrement dit, c’était une visite inutile, mes parents pouvaient le faire autant que lui ou un généraliste.

Ensuite, les années passant, l’anxiété s’est accrue, j’avais du mal à me faire de vraies amies, j’étais bien seule chez moi en famille, mais je ne voulais pas de la véritable solitude, il me fallait du monde autour, ma famille en l’occurrence. J’avais besoin de stabilité, je n’aimais pas les changements. J’étais très introvertie, je me pensais différente des autres, et je ne voulais pas faire de mal à mes parents en leur parlant de mes problèmes, donc je ne disais rien à personne à ce sujet. Et vers l’adolescence, j’ai commencé à aimer l’idée de la mort, lire des poèmes qui traitaient de la mort, en écrire. J’appréciais ce qui était triste, le mouvement romantique et l’expression de ses excès dans les sentiments notamment (Musset, Lamartine,...). Puis lorsque j’ai fait mes études, je ne supportais pas de rester seule le week-end, alors je rentrais à la maison en famille. J’étais l’aînée, donc il y avait toujours du monde à la maison. J’ai continué à agir ainsi jusqu’à mon mariage, même quand j’ai commencé à travailler.

Les choses ne se sont d’ailleurs pas arrangées à ce moment-là. J’ai fait des études absolument passionnantes dans trois universités différentes, dont deux que j’ai adorées, et j’ai réussi le concours pour être professeur de langue. Il s’est vite avéré que le métier était loin d’être aussi passionnant que les études. Il ne consistait pas à enseigner une langue, des textes et de la civilisation en langue étrangère à de gentils lycéens, mais de faire le flic dans des classes surchargées et d’essayer d’apprendre quelque chose à la poignée d’élèves intéressée. Il y avait des moments où j’appréhendais d’entrer dans la classe en me demandant ce qu’ils allaient encore m’inventer ce jour-là. J’y allais à reculons, et j’en étais malade.

Début des soins et des mauvais traitements


A l’âge de 21 ans, j’ai été obligée de voir mon généraliste car je ne dormais plus, j’étais très fatiguée, et très anxieuse. Nous étions à la veille des examens et j’avais passé des nuits entières à travailler, bref mon horloge biologique était totalement déréglée ; mais a-tʼelle seulement été réglée un jour ? Je suis quelqu’un qui fait les choses au moment où j’en ai envie quelle que soit l’heure, et souvent en début de nuit. Cette consultation a marqué le début de l’engrenage des médicaments : toujours davantage, toujours plus forts. Mon médecin a diagnostiqué une dépression et m’a prescrit un antidépresseur et des somnifères. J’ai pu réussir mes examens et me reposer durant l’été. Mais par la suite, j’ai toujours gardé une association de somnifères et d’anxiolytiques que les généralistes me changeaient régulièrement dès que leurs effets ne se faisaient plus sentir.

Vers 25/26 ans, ayant en plus à gérer toute l’anxiété due à mon travail, j’ai recommencé à voir un généraliste pour des antidépresseurs en plus des autres médicaments. Et puis je me suis dit que cela ne pouvait plus durer, je ne pouvais plus continuer à vivre comme cela, ce n’était plus une vie mais de la survie, et je préférais en finir que de devoir vivre ainsi toute ma vie. J’en ai donc parlé avec des collègues-amies, et j’ai vu des psy "à la pelle" Et je peux vous dire que j’en ai essayé un certain nombre ! J’ai essayé plusieurs psychologues, plusieurs psychiatres, plusieurs homéopathes, un neuropsychiatre, mais rien n’a vraiment changé, si ce n’est que je prenais des tonnes de médicaments. Ne sachant plus que faire, j’ai fini par en garder une avec laquelle j’étais à l’aise pour parler, dont le traitement était correct bien que sans plus, et surtout qui me fournissait un long arrêt maladie pour ne plus avoir à faire face à mes élèves : un vrai bonheur.

A 29 ans, je me suis mariée et ai arrêté de travailler pour pouvoir me consacrer aux enfants que nous voulions. J’ai déménagé et eu mes enfants à 30 et 32 ans. Pourquoi s’arrêter à deux enfants et les faire si rapprochées ? Parce que grossesses et accouchements étaient pour moi un véritable cauchemar ! Et pourtant je voulais absolument des enfants, et même une grande famille. J’étais ravie le jour où le test de grossesse était enfin positif. Et puis là, j’ai éprouvé une peur complètement irraisonnée, incontrôlable, par rapport aux visites à faire pendant la grossesse, aux examens gynécologiques, et à l’accouchement. J’ai commencé par arrêter tous mes somnifères et anxiolytiques pour ne pas nuire au bébé, et au bout d’une semaine j’ai atterri une nuit aux urgences car sans sommeil, je ne tenais plus nerveusement.

La gynécologue qui m’a suivie était merveilleuse, mais n’a pas su décrypter à quel point j’étais angoissée par l’accouchement. Comme le CHU ne me garantissait pas une péridurale 24h sur 24 et 7 jours sur 7, j’ai appelé toutes les petites cliniques des environs et en ai trouvé une qui me donnait cette garantie. J’ai donc changé du jour au lendemain, et ce pour mon plus grand malheur ! Je me suis retrouvée avec un gynécologue qui ne comprenait absolument pas mon anxiété, et me répétait qu’il allait falloir que je me calme. Mais j’ai supporté car je savais que j’aurais ma péridurale, et je lui avais même dit qu’une anesthésie générale m’irait aussi bien. Surtout, ne rien sentir, ne rien voir.

J’ai perdu les eaux à 8 mois, et j’ai mis 3 jours à accoucher, souffrant énormément, avec un gynécologue totalement inhumain et incompréhensif qui ne venait jamais me voir. Je ne voulais plus faire d’enfant ! Mon mari ne voulait pas adopter ! Je suis finalement retournée voir ma première gynécologue qui m’a assuré que si je faisais un autre enfant, elle me le déclencherait dès que possible sous péridurale durant une de ses gardes. Dans ces conditions, je me suis empressée d’accepter avant une éventuelle mutation de mon mari. Malgré mon état nerveux tout aussi épouvantable, elle a tenu toutes ses promesses et a été merveilleuse, mais a reconnu qu’heureusement je l’avais prévenue que j’étais franchement infernale? Je ne la remercierai jamais assez, car c’est grâce à elle que nous avons deux enfants ! Tout ce qui a trait au médical, aux examens médicaux et au sang m’angoisse sans que je puisse y faire quoi que ce soit, même un simple frottis m’angoisse plusieurs jours à l’avance et me fait souffrir. Pendant une de mes grossesses, ma gynécologue m’avait envoyée voir une psychologue, mais là non plus je n’ai ressenti aucune utilité à ces visites, donc j’ai abandonné.

De lʼhypnose â la TCC : les illusions


Nous avons déménagé pour la région que nous voulions, mais malgré tout j’ai continué le cycle infernal antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères. Il m’est alors venu une autre idée. Etant intéressée par l’hypnose en laquelle je crois (lecture d’un livre sur les guérisons d’Edgar Cayce sous hypnose, conférences, internet), je me suis dit que si l’on pouvait, sous hypnose, m’inculquer l’ordre de ne plus être angoissée par n’importe quoi et notamment par le médical, le sang, la peur de souffrir, l’inconnu, les serpents, ne plus me faire autant de soucis pour l’avenir et pour mes proches, alors la vie deviendrait plus supportable et je ne penserais plus au suicide.

Le problème étant que lors d’une conférence sur l’hypnose, l’hypnotiseur avait essayé de mettre la salle sous hypnose, et malgré tout mon bon vouloir, j’avais visiblement trop de self-control. J’ai quand même essayé et ai consulté deux ou trois hypnotiseurs sans aucun succès. Je gardais trop le contrôle pour pouvoir être hypnotisée apparemment. Puis, comme nous étions proches d’une grande ville où exerçait un psychiatre renommé à l’hôpital neurologique, j’ai décidé de tenter ma chance. J’ai obtenu un rendez-vous, et m’y suis rendue pleine d’angoisse mais aussi d’espoir. Tout cela pour m’entendre dire que j’étais hypocondriaque, et que je n’étais pas assez "atteinte" pour qu’il puisse me suivre ou m’inclure dans un des groupes qu’il suivait à l’hôpital. Je suis ressortie avec une liste de noms de médecins dans la région ayant un diplôme pour faire de la Thérapie Comportementale et Cognitive.

Ce fut vraiment une déception énorme vus tous les espoirs que j’avais mis dans cette visite à ce "grand" spécialiste. Je suis ressortie en larmes, ne ressentant que de la honte, avec une self-esteem plus basse que terre, l’impression de lui avoir fait perdre son temps et d’avoir perdu tout espoir de pouvoir un jour me soigner. J’étais vraiment mal, j’appelais au secours, et lui me faisait comprendre que tant que je n’étais pas en train de me suicider, en gros, mon cas ne l’intéressait pas ! A quelles extrémités fallait-il en arriver pour être "un cas digne d’intérêt" ? Je peux vous dire que ce "ponte" est vraiment un médecin ignoble et inhumain, qui en 5 minutes vous a jugé des pieds à la tête et vous a fait comprendre qu’il a mieux à faire et des cas beaucoup plus importants et intéressants que vos petits problèmes à vous, petits problèmes qui cependant vous pourrissent votre vie. De toute façon, lorsque j’ai fini par me remettre de tout le mal de cette visite, je me suis dit que je n’aurais jamais pu accepter d’être traitée par lui car il ne savait pas écouter, et il vous jugeait avant même que vous ayez fini de parler. Un médecin complètement imbu de sa personne à qui je ne pardonnerai jamais tout le mal qu’il a pu me faire, aussi célèbre soit-il.

La vie continuait comme cela, cahin-caha, je ne me suicidais pas car je ne pouvais pas laisser la charge des enfants à mon mari qui a un travail très prenant et stressant, j’avais décidé d’avoir des enfants et je me devais donc de les assumer, je ne pouvais pas laisser tomber mon mari que j’aime même si souvent mon état moral a été très pénible pour lui, et je ne pouvais pas faire autant de peine à mes parents. J’ai donc demandé le nom d’un bon psychiatre à mon généraliste, et en parallèle je me suis faite prendre en charge par un généraliste diplômé en Thérapie Comportementale et Cognitive qui figurait sur la liste qui m’avait été fournie. Chaque semaine, j’avais donc un rendez-vous chez le psychiatre et un rendez-vous pour la TCC, et je faisais régulièrement le point avec mon généraliste. Les diagnostics étaient toujours similaires, les thérapies aussi, et j’ingurgitais toujours autant de médicaments (Survector, Anafranil, Prozac, Laroxyl, Effexor, Lexomil, Mogadon, Noctran, Stilnox, Atarax, Lysanxia,... pour n’en citer que quelques uns). Les résultats étaient eux aussi toujours identiques : même état d’esprit, des hauts et des bas, des activités ou passions dans lesquelles je m’engageais à fond, puis des périodes sombres où plus rien ne m’intéressait sinon dormir pour ne plus penser. J’étais constamment dans une impasse, mais à chaque fois que j’essayais de m’en sortir, je retombais finalement dans une autre impasse.

A lʼâge de 42 ans, on commence à me parler de bipolarité


Et puis tout à coup, les choses se sont accélérées. J’avais 42 ans, cela faisait presque dix ans que nous avions réussi à éviter toute mutation hors de ce village où nous nous sentions bien, quand l’annonce de la mutation inévitable en région parisienne est tombée : l’horreur absolue. Nous ne voulions surtout pas de Paris, nous souhaitions rester là où nous étions. Mais les facteurs économiques n’ayant rien à faire des facteurs humains, c’était partir ou ne plus avoir de travail. Le choix n’existait donc pas vraiment. Ce fut pour moi l’élément déclencheur. Trop c’était trop. Je me suis effondrée. Le psychiatre m’avait parlé de certains de ses patients hospitalisés quand tout allait trop mal, mais je ne voulais pas. Ce jour-là, je me souviens être allée à ma séance de TCC. Pour la première fois de ma vie, le médecin m’a parlé de bipolarité : elle m’a dit qu’elle se demandait si je n’étais pas bipolaire et m’a donné un dépliant sur la bipolarité en me demandant de le lire. Ce que j’ai fait. Mais ce n’était pas très détaillé et puis j’étais vraiment trop mal pour commencer à ce moment-là à explorer d’autres pistes.

J’ai appelé ce même jour mon psychiatre et je lui ai dit que j’étais au bout du rouleau et que je souhaitais être hospitalisée un mois, mais que je gardais la possibilité de sortir avant si je n’étais pas satisfaite ou si je le demandais. Je ne voulais pas être prisonnière des médecins hospitaliers qui sont inhumains : vous ne voyez jamais le même, quand encore vous en voyez un, on ne vous dit rien, on ne vous explique pas ce que l’on va vous faire, ni pourquoi, et on ne vous donne pas les résultats. Pour moi, il vaut toujours mieux éviter d’être hospitalisé, c’est le seul moyen de garder le contrôle et d’avoir les explications. En 48h j’avais tout organisé pour les enfants et j’étais hospitalisée dans une clinique à 2 heures de route pour un mois. Cela m’a permis de reprendre mon souffle sans avoir aucune contrainte (si ce n’est celle de me lever le matin et de devoir m’habiller, car même ça, c’était dur). J’ai vu le psychiatre une fois par semaine environ, j’ai vu une psychologue mais j’ai ensuite trouvé que c’était une réelle perte de temps donc j’ai arrêté, j’ai fait du yoga, des activités manuelles, du dessin, de la musicothérapie, un peu de sport, j’ai lu et rencontré d’autres personnes avec d’autres problèmes : alcool, violences conjugales, dépressions, TOC, etc... Mais rien ne changeait vraiment.

Enfin une infirmière thérapeute me met sur la piste de la cyclothymie


Et puis un jour, c’est une infirmière que je n’avais encore jamais vue qui m’a donné mes médicaments. J’ai appris plus tard qu’elle était aussi psychothérapeute. Nous avons parlé un peu. Elle m’a demandé si je connaissais les termes cyclothymie et bipolarité, et elle m’a dit qu’elle pensait que mon traitement n’était peut être pas bien adapté à ce que j’avais réellement. Puis elle est passée me voir plusieurs fois pour discuter, m’apprendre à me relaxer en cas de crise, me faire faire des tests, et me conseiller deux livres que je me suis empressée d’aller acheter. L’un d’eux était du Dr Hantouche, le plus intéressant et à la fois le plus accessible : "Troubles Bipolaires, Obsessions et Compulsions". J’ai tout de suite pu me rendre compte des points qui me correspondaient et de ceux qui ne s’adaptaient pas à moi, depuis le temps que je me posais des questions. Le second, sur l’EMDR, était plus compliqué et moins convainquant à mes yeux. Elle m’a suggéré d’en parler au psychiatre de la clinique qui est resté sceptique mais a bien voulu changer mon traitement pour m’en donner un pour la bipolarité. Le seul inconvénient : en trois semaines, j’avais bien pris 10 kilos, alors que j’aurais plutôt eu besoin de maigrir. L’infirmière-psychothérapeute m’avait donné les coordonnées du CTAH et les résultats des tests et entretiens, et m’avait conseillé de prendre rendez-vous avec lui de sa part. Mais j’hésitais encore. Je m’étais beaucoup battue pour si peu de résultats, et puis il fallait aller à Paris. J’ai finalement pensé que je n’avais rien à perdre et que je ferais cette ultime démarche.

J’avais près de 43 ans lorsque j’ai rencontré le Dr H. pour la première fois, et je peux vous assurer que pour la première fois de ma vie j’avais enfin trouvé quelqu’un de compétent qui a su au fil des mois trouver le bon traitement, car cela ne se fait pas en une seule fois bien sûr. Lui n’a pas eu besoin de longues heures de discussion pour savoir ce que j’avais, mais de quelques tests et entretiens. Car en fait, que faites-vous chez un psy quel qu’il soit : vous vous écoutez parler !! Rien de plus. Il vous écoute, il ne répond jamais précisément à vos questions, il vous prescrit vos médicaments, vous prenez rendez-vous pour la semaine suivante, et vous le réglez. Certains vous disent même qu’une partie de la thérapie consiste à payer ses consultations et ne vous donnent donc pas de feuille maladie. Je trouve que tout cela fait très cher de la consultation pour s’écouter parler, car je me racontais déjà tout ce que je lui disais â moi-même et je le disais aussi à mon mari.

Alors honnêtement, j’aimerais savoir pourquoi les psy ont fait autant d’années d’études pour être ensuite incapables de mettre un nom sur votre souffrance et répondre clairement à vos questions, vous suggérer des solutions. Je n’en aurais vu qu’un, je comprendrais, mais vu le nombre de spécialistes consultés, je ne crois plus en eux. En ce qui me concerne, il en existe trois qui soient valables : celui qui a sorti mon père d’une très grosse dépression, celui qui a réussi à diagnostiquer le même genre de maladie que moi sur un cousin très éloigné il y a déjà 25 ans (lui a eu plus de chance que moi !), et le Dr H. qui a réussi à me faire me sentir enfin mieux.
D’ailleurs, si je peux me permettre un conseil, c’est de lire ses livres qui sont toujours très bien expliqués et qui m’apportent beaucoup. Ceci dit, je n’écris pas cet article pour lui faire de la publicité, mais simplement pour vous faire part de mon expérience et vous dire que si vous vous reconnaissez dans certains symptômes, peut-être trouverez-vous des pistes pour approfondir la question.

Une chose est certaine, même si ma croyance dans les psy a été profondément ébranlée, je serai éternellement reconnaissante au médecin avec qui j’ai fait mes séances de TCC, à l’infirmière-psychothérapeute qui a mis un nom sur ma maladie, et au médecin qui a réussi à me trouver un traitement après une quarantaine d’années de profond mal-être. Et si je ne l’avais pas rencontré, je n’aurais jamais emmené ma fille qui souffre du même genre de maladie que moi chez un psychiatre. Elle au moins aura la chance de s’en sortir mieux car elle aura été traitée beaucoup plus tôt que moi ! Quand je pense qu’un généraliste, membre de la famille, a osé prétendre que les médicaments qu’elle prenait étaient nocifs à son âge, qu’elle ne faisait que des caprices et du chantage et que nous lui cédions trop facilement, je pense que lorsqu’on n’est pas spécialiste de la question on se renseigne ou on se tait. Pour ce qui est de ma fille, cela faisait plusieurs années que j’avais noté des signes qui, pour moi, n’étaient pas ceux d’un comportement "normal", et quand j’ai consulté un livre sur les enfants, je m’y suis tout de suite intéressée, et il a confirmé mes doutes : "Cyclothymie : Troubles Bipolaires des Enfants et Adolescents au Quotidien". Enfin, j’ai aussi testé la technique de lʼEMDR sur ma fille et sur moi, mais je n’ai pas été du tout convaincue.

Une méthode de traitement que jʼapprécie


Aujourd’hui, à 47 ans, je peux dire que j’ai donc une vie à peu près normale, et surtout parfaitement supportable, après l’enfer que j’ai vécu et que j’ai par conséquent aussi fait vivre à ma famille malheureusement. Il est bien évident ensuite que chacun garde sa personnalité et que la maladie existe toujours même si elle est efficacement traitée. J’ai encore des hauts et des bas, comme tout le monde dans la vie, mais plus que tous ceux qui ne sont pas bipolaires, mais le traitement actuel vise non seulement à faire qu’ils n’aient pas une trop grande amplitude et surtout à m’aider à reconnaître quand je rentre dans une phase haute ou une phase basse, afin que l’on puisse ensemble ajuster le traitement.

Une méthode de traitement intelligente : vous êtes actif dans votre traitement, on vous explique comment cela fonctionne, on vous responsabilise. Et puis ma nature de grande anxieuse reste la même, j’ai juste appris à essayer de gérer de manière un peu plus efficace certains événements "effrayants" pour moi. Je suis encore paniquée de manière irrationnelle par tout ce qui est médical, par le sang, les serpents, je n’ai pas toujours une haute estime de moi-même, je me fais énormément de soucis pour l’avenir et notamment celui de mes enfants, je suis quelqu’un de pessimiste en général, mais parfois j’arrive à me raisonner et à m’asseoir en me disant qu’il arrivera ce qui arrivera de toute façon ! Si je devais reprendre mon travail, je le ferais, mais sans plaisir aucun car j’ai beaucoup perdu et je serais paniquée par le fait que je ne suis pas un bon professeur et que je ne sais pas faire la discipline. Quoi qu’il en soit, la vie est plus douce, enfin, mais je reste bien moi-même !

Avant de mettre un point final, je soulèverai seulement une question concernant le coût d’un traitement comme le mien. D’abord il a été exorbitant pour moi (psychologues, psychothérapeutes, psychiatres ne donnant pas de feuille maladie, hypnotiseurs, acuponcteurs), mais encore plus exorbitant pour la sécurité sociale (psychiatres, TCC, généralistes, homéopathes, clinique, médicaments). Or, depuis que je vois le Dr H., cela coûte à peu près trois consultations par an et des frais de médicaments moindres car il a réussi à cerner ceux qui sont vraiment utiles et à retirer les autres. Personne n’ignore que la sécurité sociale a un déficit budgétaire annuel très élevé, mais si elle prend aussi en charge les séances hebdomadaires des patients qui vont chez des psychiatres qui ne prennent même pas la peine de suivre régulièrement des formations spéciales, alors ce déficit ne pourra qu’augmenter. Je trouve honteux pour la médecine française qu’aucun spécialiste n’ait jamais pu trouver ce que j’avais en 30 ans. Heureusement j’ai tenu bon et gardé espoir grâce au soutien inconditionnel de ma famille et de mes amis que je remercie chaleureusement ! Et ma fille est maintenant parfaitement équilibrée grâce à un nouveau médicament autorisé en France l’année dernière qui lui réussit à merveille. On peut donc s’en sortir, mais uniquement à condition de trouver le bon psychiatre parmi tous les psychiatres, et pour cela il n’y a hélas pas de recette, et pas de prix !

AFG