19 : Ecrire, çà me déprime
31/12/2007
Témoignages > Bipolarité > La vie bipolaire de Melle M
Mardi 5 avril 2005
09h30
J’ai l’impression d’avoir assez de recul par rapport â la maladie et d’avoir glané assez d’informations pour me permettre de faire une rétrospective plutôt objective.
Je pensais que tout c’était déclenché le jour où j’ai eu des crises d’angoisse violentes, hallucinations, TOC suicidaires qui auraient pu l’emporter si quelqu’un ne m’avait pas retenue â la dernière seconde quand un métro est arrivé. J’en ai fait une référence comme le début de tout car c’était hautement impressionnant pour moi et mon entourage.
Mais je me rends compte que tout a commencé bien avant, avec des phases de véritables dépressions sur plusieurs mois, de l’hypomanie sur quelques semaines, comportements â risques... toute la panoplie en somme ; je ne vais pas rentrer dans le détail, ça me pompe l’air de raconter en détail quelque chose que je connais par coeur puisque c’est ma vie, â part quand c’est â l’oral.
C’est une sacrée prise de conscience tout ceci, non pas parce que ça influence ma vie d’aujourd’hui mais tout bonnement parce que c’est surprenant de regarder le passé avec des yeux affûtés, comme si en quelque sorte j’avais complètement occulté tout ceci, oublié, fait l’impasse sur des épisodes pourtant marquants et très révélateurs.
Je pense honnêtement que j’étais déjâ mixte â l’époque et non pas TB-II ou tout du moins entre les deux.
Quelqu’un vient d’écrire sur le forum que les mixtes â part entière n’existent pas, la preuve en est dans la typologie (TB-1, TB-2, TB-3 etc?). Je suis dans une rage folle !!! Je le vis au quotidien et bien que mes phases suivent le diagramme d’un BP II (surtout dépression et un peu d’hypomanie), même si c’est de moins en moins, ça va de soi puisque je me soigne, je sais tout de même sous quelle forme je suis malade et je suis suffisamment informée pour ne pas m’auto diagnostiquer selon mes désirs !!! Ca me démange de lui répondre que dans ce cas, vous et le Docteur Pérol êtes dangereux et cons â un tel degré !!! Bien sûr, je ne ferai pas, ça n’aurait strictement aucune utilité et contrairement â d’autres sur ce forum, je n’apprécie pas de mêler vos noms â des messages car nous n’écrivons pas en vos noms mais partageons des informations que vous nous expliquez avec générosité contrairement â d’autres neuropsychiatres qui se gardent bien d’éduquer les patients, y compris ceux qui font l’effort de ne pas subir leurs interventions sans demander une explication claire.
Eduquer les patients sur leur pathologie fait partie intégrante du chemin vers la guérison car cela rentre dans la démarche personnelle de s’aider soi-même en développant de meilleurs comportements et pensées dans tous les domaines de leur vie. Sans compter que pour éviter un arrêt des médicaments, connaître leur façon d’agir aide â se rendre compte qu’ils sont indispensables pour aller mieux malgré les familles de médicaments comme le lithium qui mettent des mois â avoir un effet complet et durable, ce qui aide aussi â avoir de la patience par rapport leur temps d’agissement.
Ceci me renvoie au fait que j’avais refusé catégoriquement le Prozac quand vous proposiez de l’introduire et qu’une fois renseignée j’en suis revenue â la curiosité pour que vous m’expliquiez enfin le pourquoi du comment et la compatibilité avec le traitement. Il est trop tôt pour se prononcer sur son efficacité, cependant, c’est encore une très belle preuve de travail d’équipe quoiqu’il advienne dans le sens où s’il n’agit pas comme on l’escompte, il n’y aura pas de regret et chacun aura fait le maximum dans sa réflexion, vous pour l’idée, moi pour l’interrogation justifiée, et ensemble pour décider. Enfin, c’est ainsi que je l’ai perçu et rien que de l’écrire, des frissons et de l’émotion me viennent car en ayant la tête hors de l’eau â présent, je me sens impliquée et active dans cette collaboration â laquelle vous avez déjâ fait référence.
Finalement, quand je pense â tout ceci, je veux dire parle lâ que j’y pense intérieurement, ça n’a pas beaucoup d’impact sur mon humeur ; mais â chaque fois que je me mets â écrire, ça me fout le moral â zéro. Ca me déprime ; comme une légère dépression, tout retombe y compris le peu d’énergie que j’ai, et je finis par m’ennuyer d’avantage, me sentir vide, TSSSSS !
Je devrais vraiment éviter d’écrire, c’est une thérapie complètement â l’envers et ce n’est pas la première fois que je constate cet effet, bien au contraire, ça arrive trop souvent.
Sinon, libido toujours â zéro, ça ne gène pas du tout Y. qui n’est pas un grand consommateur, loin de lâ mais tout de même, retrouver un peu de libido ça ne serait pas déplaisant du tout, ça fait tout de même partie des joies de la vie il me semble, comme être en mesure d’apprécier un met de choix et ne pas passer â côté parce que tout est insipide ou inhibé ou bridé.
Il faut que j’arrête d’écrire parce que ça m’enfonce.